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Envoyé par Hakim
Algérie : la violence contre les femmes est aussi dans la loi
Syfia
30 novembre 06 - 24/11/2006 (Malika Belgacem-Syfia Algérie) En dépit des modifications apportées en 2005 au Code de la famille, la violence à l’égard des femmes en Algérie continue de suivre une courbe ascendante. Une femme sur quatre est victime de violence physique, selon un groupe de sociologues de l’université d’Alger.
De janvier 2004 à janvier 2006, les services de sécurité (Police et Gendarmerie) ont enregistré 15 000 cas de violence sur des femmes en Algérie. Un chiffre énorme pour les associations féminines, d’autant plus que, comme le relève Mme Messaoudane, représentante de la police judiciaire, ces données sont "très loin de refléter la réalité. Ce chiffre ne représente que le nombre des femmes qui ont déposé plainte. Rares sont celles qui portent l’affaire devant les tribunaux. Le plus souvent, elles se rétractent sous le poids des pressions familiales." Les comparaisons dans le temps sont difficiles, l’Algérie ayant connu des années de terrorisme qui ont fait exploser les statistiques de violence. Mais la Direction générale de la Sûreté nationale admet que la violence "ordinaire" (crimes terroristes et exactions des forces de l’ordre exclus) à l’égard des femmes et des enfants a augmenté au cours des dernières années.
"Pour l’année 2004, 7 197 cas de violence ont été signalés, dont 250 de sévices sexuels. Au cours de cette même période, 16 femmes ont trouvé la mort suite à leurs blessures", précise Mme Messaoudane. Il y en aurait eu près de 7 800 en 2005, soit une hausse de 8 %. D‘autres chiffres, qui ne reposent pas seulement sur les plaintes, vont dans le même sens. Ainsi, à partir des informations recueillies auprès de l’hôpital Mustapha d’Alger, on peut estimer à quelque 9 000 le nombre d’Algériennes battues qui se rendent chaque année à l’hôpital pour faire soigner leurs blessures. Selon ces données, 75 % des agressions ont lieu au domicile de la victime et, dans près des trois quarts des cas aussi, il s’agit d’un tabassage à coups de poing et de pieds.
Mari et agresseur
"À la lumière de toutes les études réalisées, nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer sans ambages que la violence à l’égard des femmes a atteint un seuil critique", souligne un membre du groupe de recherche Violences à l’encontre des femmes de l’Institut national de santé publique (INSP). 69,5 % des femmes battues sont sans profession et 26 % d’entre elles sont analphabètes, selon les résultats d’une enquête réalisée par ce groupe de chercheurs, qui n’en tire cependant aucune conclusion explicite. Dans 73 % de ces cas de violence, l’agression se déroule à l’intérieur du domicile conjugal, affirme toujours l’enquête de l’INSP, dont les chercheurs ont aussi précisé que le plus souvent, "l’auteur est le mari". "Cette amère réalité s’explique par la mentalité souvent archaïque en Algérie. Nombreux sont ceux qui croient que le mari a un droit de vie et de mort sur son épouse. Le Code de la famille a encouragé ce genre de comportement", estime Mme Ouared, de l’Association de défense et de promotion de la femme (ADPF).
Elle n’est pas la seule à établir un lien entre la violence envers les femmes et la législation algérienne. Dans un rapport* transmis aux Nations Unies en janvier 2005, Amnesty International note également que "les dispositions discriminatoires du Code de la famille ont favorisé la violence à l’égard des femmes et légitimé la discrimination en pratique." Les rédacteurs de ce rapport mettent en évidence "la passivité du gouvernement algérien face aux viols, aux coups et à la discrimination économique et juridique dont sont victimes les femmes algériennes" et le fait que "le gouvernement algérien a fait preuve d’un manque de volonté politique pour protéger les femmes de la violence."
La violence de la loi
Le Code de la famille algérien a été promulgué en 1984. Depuis lors, il est dénoncé comme une "loi inique" par celles et ceux qui défendent les droits des femmes. "Les dispositions de cette loi sont inégalitaires. Ce Code est le moteur d’une véritable régression sociale", affirme une autre représentante de l’ADPF. "Il constitue une violence constitutionnelle à l’égard de la femme algérienne. Au nom de ce texte de loi, la femme continue à être battue et répudiée ", indique Mme Bellala de l’association SOS Femme en détresse.
Certes, en février 2005, des amendements y ont été apportés. Selon le Conseil des ministres de l’époque, "les modifications introduites dans le Code de la famille visent à renforcer les droits de la femme à laquelle la Constitution garantit l’égalité citoyenne." Mais ce n’est pas l’avis des associations féminines, pour qui "ces amendements n’ont pas mis fin à la discrimination entre l’homme et la femme." Un collectif, appelé 20 ans barakat (20 ans ça suffit) continue de réclamer l’abrogation plutôt que l’aménagement du Code de la famille. Elle lui reproche notamment le maintien du tutorat, un mécanisme qui, même atténué, maintient les femmes dans un statut d’infériorité.
http://www.humanrights-geneva.info/a...id_article=829
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