un exemple.
L'article suivant peut-être un exemple de réflexion de cet ordre.
Il est du même auteur que l'article posté par Jallal dans ce sujet
pour l'article complet:
Tentation créationniste en islam
RÉDA BENKIRANE sociologue.
extrait :
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Tentation créationniste en islam
RÉDA BENKIRANE sociologue.
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En 2007, après l’ouverture du «musée de la Création» de Cincinnati (Ohio), l’événement le plus spectaculaire fut la percée créationniste en milieu musulman. Un auteur turc, Harun Yahya, s’est fait connaître en offrant à d’innombrables institutions scolaires et universitaires d’Europe et d’Amérique un luxueux et volumineux pavé intitulé Atlas de la Création. Il serait sans doute un personnage insignifiant s’il n’avait pas des moyens financiers considérables au service de sa détermination à faire bannir de l’enseignement secondaire l’étude de l’évolution et du darwinisme (qu’il pense être à l’origine du communisme et du nazisme).
En niant l’évolution biologique, Yahya a repris les clichés et l’argumentaire des créationnistes américains qui «croient» que les êtres vivants «naquirent spontanément et complètement formés». Faut-il rappeler qu’en islam, l’évolution et la contingence sont inscrites au cœur même de la révélation coranique qui n’est d’ailleurs pas descendue de manière «complètement formée» ? Ainsi selon la tradition islamique (Sunna), la parole divine ne fut pas divulguée au prophète Mohammed d’un seul jet : les versets coraniques qui constituent le livre saint des musulmans ont été révélés par fragments tout au long d’une période historique qui a duré vingt-trois années. La raison coranique est donc éminemment évolutive et non linéaire. Par ailleurs, même en admettant une création divine du monde, une différence de fond persiste entre le créationnisme fixiste propre au protestantisme et la conception islamique où Dieu travaille continuellement à sa création. En islam, l’évolution n’a jusqu’ici jamais été pensée comme incompatible avec une création d’ordre divin. D’illustres philosophes, du VIIIe au Xe siècle, ont développé une pensée naturaliste marquée par l’évolution. On rappellera encore que cinq siècles avant Darwin l’historien maghrébin Ibn Khaldoun évoquait une origine primate à l’homme.
En islam, il n’y a pas, même chez les plus traditionalistes, d’opposition à la science. L’écueil théorique principal auquel sont confrontés les scientifiques est la proclamation que toute la science est contenue dans le Coran. Les théologiens ne soupçonnent pas qu’ils basculent ainsi dans une désacralisation inouïe en affirmant que la science passée et à venir (connaissance dont on sait depuis Karl Popper qu’elle est par définition réfutable) figure dans un Coran éternel. Plutôt que de voir ce qui, dans la révélation coranique, précise une manière de voir le monde encourageant la connaissance scientifique, ces théologiens cherchent à valider les découvertes scientifiques par versets interposés - et vice versa - et se complaisent dans la rumination intellectuelle du «miracle scientifique» du Coran.
Mais le second écueil théorique, beaucoup plus pernicieux, est cette importation américaine que représente le créationnisme véhiculé par une vulgarisation de caniveau et doté de leviers financiers conséquents. Ce credo fixiste s’avère en réalité un cheval de Troie en islam où l’on promeut une fausse science adossée à une religion de pacotille. L’islam, monothéisme qui a naguère favorisé l’essor des sciences, ne peut se permettre cet entrisme interreligieux qui ressemble à une nouvelle affaire Galilée.
En niant l’évolution biologique, Yahya a repris les clichés et l’argumentaire des créationnistes américains qui «croient» que les êtres vivants «naquirent spontanément et complètement formés». Faut-il rappeler qu’en islam, l’évolution et la contingence sont inscrites au cœur même de la révélation coranique qui n’est d’ailleurs pas descendue de manière «complètement formée» ? Ainsi selon la tradition islamique (Sunna), la parole divine ne fut pas divulguée au prophète Mohammed d’un seul jet : les versets coraniques qui constituent le livre saint des musulmans ont été révélés par fragments tout au long d’une période historique qui a duré vingt-trois années. La raison coranique est donc éminemment évolutive et non linéaire. Par ailleurs, même en admettant une création divine du monde, une différence de fond persiste entre le créationnisme fixiste propre au protestantisme et la conception islamique où Dieu travaille continuellement à sa création. En islam, l’évolution n’a jusqu’ici jamais été pensée comme incompatible avec une création d’ordre divin. D’illustres philosophes, du VIIIe au Xe siècle, ont développé une pensée naturaliste marquée par l’évolution. On rappellera encore que cinq siècles avant Darwin l’historien maghrébin Ibn Khaldoun évoquait une origine primate à l’homme.
En islam, il n’y a pas, même chez les plus traditionalistes, d’opposition à la science. L’écueil théorique principal auquel sont confrontés les scientifiques est la proclamation que toute la science est contenue dans le Coran. Les théologiens ne soupçonnent pas qu’ils basculent ainsi dans une désacralisation inouïe en affirmant que la science passée et à venir (connaissance dont on sait depuis Karl Popper qu’elle est par définition réfutable) figure dans un Coran éternel. Plutôt que de voir ce qui, dans la révélation coranique, précise une manière de voir le monde encourageant la connaissance scientifique, ces théologiens cherchent à valider les découvertes scientifiques par versets interposés - et vice versa - et se complaisent dans la rumination intellectuelle du «miracle scientifique» du Coran.
Mais le second écueil théorique, beaucoup plus pernicieux, est cette importation américaine que représente le créationnisme véhiculé par une vulgarisation de caniveau et doté de leviers financiers conséquents. Ce credo fixiste s’avère en réalité un cheval de Troie en islam où l’on promeut une fausse science adossée à une religion de pacotille. L’islam, monothéisme qui a naguère favorisé l’essor des sciences, ne peut se permettre cet entrisme interreligieux qui ressemble à une nouvelle affaire Galilée.
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