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Arte donne la parole à des musulmans qui refusent l'intégrisme

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  • #61
    Bonjour les ami(e)s.

    J’ai regardé une partie de l’émission et je trouve aussi, comme beaucoup, qu’elle va contre beaucoup d’idées reçues sur l’islam dans les autres cultures, évidemment le journal charlie hebdo à ouvert le débat peut-être par soucie de vendre ses journaux, mais à néanmoins le mauvais gout d’appuyer là où ça fait mal et c’est tant mieux. Pour Sifaoui je ne suis pas fan, mais il a le mérite de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

    Le deuxième documentaire sur le Prophète est assez intéressant, on a le sentiment que tous ce qui est dit est exagéré mais en réalité c’est qu’on est tellement habitué à une certaine misogynie dans les pays à majorité musulmane et le musulmans eux-même, que l’on devient incrédule lorsque l’on nous rappelle le rapport aux femmes qu’avait le Prophète de l’islam.

    Pour ce qui est du « débat », je ne l’ai pas vraiment suivit. Si les invités étaient là en tant que musulman, des problèmes se poseraient d’emblée au débat, parce que justement il n’y a pas à débattre une conviction intime et personnelle sur le terrain de la foi, la posture même est contradictoire car la croyance qui ne concerne que Dieu et l'Homme, n'est pas de la même dimension que le rapport des Hommes entres eux, c'est à dire le politique. On sentait très bien l’atmosphère distanciée des intervenants, c’était perceptible.

    Pour une fois qu’il y a du mouvement "positif", on va pas se plaindre.

    Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
    Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
    Charif Barzouk

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    • #62
      A propos de Sifaoui et "La sale guerre"...

      En premier lieu, il est erroné d’affirmer, comme vous l’écrivez, que Mohamed Sifaoui « a témoigné contre les éditions La Découverte lors d’un procès opposant cette maison d’édition au général tortionnaire algérien Nezzar » : il n’y a jamais eu de procès entre La Découverte et le général Khaled Nezzar. Mais il y a bel et bien eu, à Paris en juillet 2002, un procès où le général Nezzar m’a poursuivi en diffamation pour avoir dénoncé, dans l’émission télévisée « Droits d’auteurs », sa responsabilité comme ancien ministre de la Défense dans la terrible guerre conduite par l’armée algérienne contre la population civile, et pour l’avoir accusé d’être un lâche ayant fui ses responsabilités devant la justice française après qu’une plainte pour torture a été déposé contre lui à Paris. Un procès qu’il a perdu.


      Ce qui est vrai en revanche, c’est qu’à cette occasion, c’est bien comme témoin de la défense du « général tortionnaire » que Mohamed Sifaoui a témoigné contre moi. Je vous renvoie sur ce point à un livre que vous n’avez à l’évidence pas lu : Le Procès de « La sale guerre » (La Découverte, 2002), qui retranscrit intégralement les minutes de ce procès d’une semaine. Vous y verrez, comme toute personne de bonne foi peut le faire, que les deux camps en présence n’opposaient pas, comme vous l’insinuez, les tenants « d’une thèse qui sert la propagande intégriste » aux généraux algériens.


      Dans ce procès, comme le prouvent les témoignages des deux parties produits lors des audiences, les deux camps étaient en réalité beaucoup plus clairs : d’un côté, les partisans du général Nezzar, l’un des principaux organisateurs de la « sale guerre », qui estimaient que tous les moyens sont bons, y compris la torture généralisée, les exécutions judiciaires et les manipulations, pour « éradiquer » l’intégrisme islamiste (même s’ils se défendaient, contre l’évidence, de l’existence de ces méthodes, réduites à de simples « dépassements ») ; et de l’autre côté, ceux qui estimaient que la lutte démocratique légitime contre le fondamentalisme islamique ne pouvait se conduire au prix de violations des droits de l’homme constitutives de crimes contre l’humanité.


      De ces ceux camps, c’est le premier qu’a choisi votre ami Mohamed Sifaoui, dont vous dites, comme pour vous « dédouaner » qu’« on a le droit de penser que [son] témoignage, même bien intentionné, était une erreur ». Il aurait été plus honnête d’écrire que ces « bonnes intentions » étaient surtout le paravent d’un aval donné à des méthodes dignes des pires fascistes du XXe siècle.



      Habib Souaïdia

      Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
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      Charif Barzouk

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      • #63
        Le « système » Leconte

        PAR Guillaume Weill-Raynal
        jeudi 6 septembre 2007

        Guillaume Weill-Raynal analyse comment, dans « Ces musulmans qui disent non à l’islamisme », diffusé le 28 août par Arte, le producteur Daniel Leconte a érigé en héraut de l’anti-islamisme un personnage douteux.


        Voilà plusieurs années que Doc en stock, la société de production de Daniel Leconte, produit et fournit à Arte des soirées complètes, diffusées un mardi par mois. De curieuses soirées, au thème toujours très orienté, qui fonctionnent en tandem avec la collection du même nom « Doc en stock » que dirige le même Daniel Leconte aux éditions La Martinière. Les livres qui y sont publiés sont souvent de simples doublons des reportages précédemment diffusés sur Arte. On s’interdirait de prononcer les mots « agent d’influence » si un tel système n’y faisait inévitablement penser. Une mécanique bien huilée, alliant avec un art consommé de l’amalgame journalisme indigent et malhonnêteté intellectuelle.

        Partant d’une évidence à laquelle il est difficile de ne pas adhérer, la soirée du 28 août n’a pas dérogé à la règle. Personne, aujourd’hui, sauf les islamistes eux-mêmes, ne dit « oui » à l’islamisme. Pourtant, les reportages de cette « Thema » nous ont présenté « ces musulmans qui disent non » comme des héros isolés, de véritables « exceptions ». Bienveillant en apparence, l’intitulé de la soirée ouvrait la porte, à lui seul, aux pires confusions. C’est dans cette ouverture biaisée que s’est engouffré le premier reportage, « Un homme en colère », consacré au très douteux et controversé Mohamed Sifaoui.

        Antoine Vitkine, qui signe ce reportage (fidèle collaborateur de Daniel Leconte, il réalise des films pour Doc en stock et écrit des livres pour la collection du même nom. Il collabore aussi à la revue néoconservatrice le Meilleur des mondes), s’est bien gardé de procéder à une véritable enquête. On aurait aimé savoir, par exemple, quel regard portent sur l’islamisme les dizaines de milliers de Français musulmans issus des classes dites moyennes et supérieures. Au lieu de cela, donc, un portrait hagiographique de Mohamed Sifaoui. Ce journaliste algérien qui vit en « exil » à Paris (malgré ses liens avérés avec les plus hautes autorités militaires de son pays) s’est fait connaître du grand public au début de l’année 2003 par un reportage diffusé sur France 2, suivi d’un livre, dans lesquels il prétendait avoir « infiltré », au péril de sa vie, une cellule d’Al-Qaïda. Les incohérences, pourtant flagrantes, de son « enquête » n’ont pas été suffisantes pour déboulonner de son piédestal le héros qui, encore aujourd’hui, bénéficie de l’indéfectible soutien des journalistes Philippe Val et Caroline Fourest, entre autres.

        Vitkine et Leconte n’ont pas souhaité sortir de ce sensationnalisme facile. Devant la caméra, le maître espion donne un échantillon de son savoir-faire. Planqué dans un appartement, il observe en contrebas une courette où vont et viennent quelques hommes barbus pénétrant dans le local d’une association « qui se présente comme simplement culturelle », nous dit Vitkine. Grâce à un système d’écoute et à sa connaissance de la langue arabe, Sifaoui nous livre la traduction du prêche qui se tient à l’intérieur : « Les ennemis de l’islam iront en enfer. » Commentaire de Vitkine : « Pas de doute : il s’agit d’une mosquée clandestine salafiste. » On se croirait chez Hergé. Retour au bureau de Sifaoui, qui découvre sur sa messagerie des mails d’insulte « et même une menace de mort ».

        Un peu plus tard, Sifaoui répond à l’invitation de la Licra de participer à un colloque sur la montée de l’islamisme en Europe. Tandis qu’il parle à la tribune, « le public ne s’aperçoit de rien, mais ses gardes du corps sont de plus en plus tendus ». Car, au balcon, « deux hommes » sont en train de filmer... Les gardes du corps voient partir les deux individus sans les avoir identifiés. « Ils ne sauront jamais s’ils étaient vraiment dangereux. Pour Mohamed Sifaoui, la tension est permanente. »

        Cette entrée en matière pourrait faire sourire si elle n’était, en réalité, le premier volet d’un amalgame bien construit que nous révèle la suite du film : Sifaoui témoigne à présent en faveur de Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, au procès des « caricatures de Mahomet ». Au sortir de la salle d’audience, il rend compte à chaud de sa déposition devant une forêt de micros et de caméras : « Mes tripes ont parlé. J’ai vu mes confrères qui ont été happés par le terrorisme islamique. » Présente à l’audience, Caroline Fourest donne aussi son sentiment : « Ceux qui acceptent la critique, j’en connais pas beaucoup. Y’en a pas beaucoup, comme Mohamed. » Un mois après, Mohamed est dans l’avion. Il se rend au Danemark. « Il a rendez-vous avec Ibrahim le Syrien et Fathi le Palestinien. Ils organisent un rassemblement de démocrates musulmans. Un événement inédit », explique Vitkine. On s’est comme légèrement éloigné de l’islamisme. Les Turcs, les Palestiniens et les centaines de milliers d’électeurs français musulmans apprécieront sûrement. Mais il n’est pas certain que la suite de cette soirée (un reportage érudit sur Mahomet et les femmes permettant de se dédouaner à bon compte du soupçon d’islamophobie et un débat de trente minutes préformaté et animé par Leconte, faisant office de cerise sur le gâteau) aura permis aux spectateurs d’Arte d’y voir plus clair.

        * Guillaume Weill-Raynal est avocat. Il est l’auteur d’Une haine imaginaire (2005) et des Nouveaux Désinformateurs (2007), parus aux éditions Armand Colin
        ᴎᴏᴛ ᴇᴠᴇᴎ ᴡᴙᴏᴎɢ!

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