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Le dévoiement de la pratique Soufie en Algérie

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  • Le dévoiement de la pratique Soufie en Algérie

    Le dévoiement de la pratique Soufie en Algérie

    liberte-algerie..com

    Par Rédaction Numérique de "Liberté"

    le 13-06-2017

    Tout au début Ibn Roshd avait raison. Ce dernier souhaite donner le pouvoir aux philosophes (aristotéliciens) en destituant les théologiens (ash'arites). Cette position n'est pas sans rappeler en effet l'élitisme de Platon, qui appelle de ses vœux la prise de pouvoir des « philosophes rois » et des «Mathématiciens ».
    L'argument principal d' Ibn Roshd est que les philosophes sont les seuls à même d'interpréter correctement la Parole sainte, là où les théologiens de nos 04 écoles se perdent dans des circonvolutions dialectiques qui mènent au sectarisme et aux aberrations religieuses à l'origine de tous nos maux depuis 14 siècles ; tandis que la foule doit s'en tenir à une lecture littérale (exotériste) des textes sacrés du Coran, n'ayant pas l'intelligence suffisante pour comprendre la lecture philosophique et rationnelle (anagogique et ésotérique).

    Ainsi, la Cité idéale musulmane (Ibn Tufyall) consiste en l'union des philosophes dirigeants, seuls à même d'interpréter les textes sacrés, et des gens du commun ignorants, mais capables de mener leur vie d'après la lettre de ces textes.
    Je dois rappeler uniquement pour le non initié, que le soufisme n’est pas une secte hors de l’Islam, n’est pas une secte islamique hétérodoxe, n’est pas une ‘’innovation blâmable’’ (bid’a), n’est pas une secte qui adore un maître, n’est pas une recherche égoïste du salut individuel, n’est pas du maraboutisme, n’est pas un ‘’milieu de collabos’’, n’est pas une philosophie, n’est pas un islam ‘’light’’ .

    Urgence de mener un véritable travail de ré-exégèse, de refondation et d’approfondissement ontologique de notre spiritualité (tout le monde se prétend Soufi sans avoir jamais exposé son corps à la souffrance, nécessaire voie pré-initiatique dans le chemin de la Tariqa, par exemple faire un trajet Saida-Adrar, à pieds et à pieds nus (souffrance initiatique des véritables soufis d’une période reculée), par analogie au ‘’chemin de Saint-Jacques de compostelle’’ à genoux ! (comme du temps de Sidi Abderrahmane Ettaalibi à Alger), le soufisme ne se mesure pas à l’aune d’une chambre confortable ou du faste des familles de cheikhs.

    Mais aussi il faut aller au-delà d’une lecture essentiellement exotériste du Coran (lecture littérale, formaliste de l’islam et de ses sources scripturaires) et insister sur une lecture ésotériste ou anagogique (à travers laquelle l’homme tente de connaitre le divin et les mystères spirituels, à travers une interprétation profonde des textes scripturaire). Beaucoup en parle, mais très rare sont ceux qui maîtrisent cette nécessaire théosophie. Les soufis ont cette approche extraordinaire, la pratique de l’islam, ne peut-être nourrie que par une expérience et une compréhension intérieure.
    Toute l’œuvre du grand maître soufi Ibn Arabi repose sur une doctrine sous-jacente, l’unité de l’Être, wahdat al-wujud (que presque personne ne maîtrise !), Ibn Arabi est amené à poser sa doctrine sous l’angle du paradoxe (vous remarquerez l’extrême humilité de ce personnage fabuleux) : le paradoxe de ‘’l’union des contraires’’, qui doivent libérer de la dualité de ce bas monde et élever vers l’unicité.

    Il affirme que le monde est à la fois ‘’ Lui (Dieu) et non Lui), il ne faut pas le lire au ciseau, il faut continuer :
    « Dieu le monde, les créatures et le créateur ne font
    Qu’un. Croire à un Dieu séparé du monde n’est qu’un
    Dualisme, opposé au Tawhid (Unicité divine). La multiplicité
    N’est qu’une apparence, une illusion. »

    Tout le travail réactionnaire d’Ibn Taymiyya était de dénoncer ‘’l’unicité de l’Être’’. Dieu nous est immanent et transcendant à la fois, à défaut les répercussions seront dévastatrices pour la Multitude face aux agents de la domination et de l’oppression.

    Ce que tout le monde n’a pas comprit dans le soufisme, c’est que nous les créatures et la Multitude ne sont donc que le pur néant. Elles ne font qu’emprunter leur existence à « l’Être absolu’’, grâce au soutient ontologique ( Mâ'dad ) dont Dieu les pourvoie, grâce à Ses théophanies ( la signification de ce mot, c’est la manifestation de Dieu dans le cœur de l’Homme ou dans le monde phénoménal du commun de la Multitude), le Coran affirme à maintes reprises que Dieu envoie en permanence des ‘’signes’’ (âyât) aux Hommes) sans cesse renouvelées dans le monde.

    « Dieu est la lumière des cieux et de la terre » Coran 24 : 35.
    Dieu habite notre ontologie.
    « Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes jusqu’à ce qu’ils voient que c’est le réel (Dieu) » Coran 41 : 53

    Hélas, toutes nos Zaouiates ne sont pas soufies, et que beaucoup (sans généraliser) présentent les signes suivants de la sclérose et des graves dérives (je regrette que certains initiés et narrateurs complaisants des Zaouis n’ont pas mis le doigt dessus, par souci organique probablement, pour ne pas heurter et que cela soit plutôt conforme aux attentes du pouvoir) :

    1-Leurs membres n’ont pas des prédispositions spirituelles, se cachent dans le soufisme pour moult raisons. Le soufisme est devenu le refuge des bondieuseries de tous les bigots et faux dévots.

    2- Beaucoup de nos Zaouiates fricotent totalement avec les classe possédantes et dominantes,les affairistes, les carriéristes, ritualisent de façon mécanique des contenus spirituels légués par le maitre fondateur ce qui les amènent à perdre l’essentiel.
    3- Beaucoup d’adeptes naïfs et sincères se perdent et tombent dans la confusion car embrigadés par certains groupes qui revendiquent la détention exclusive du « secret initiatique » des fausses Zaouiates refuge de bondieuseries ou le soufisme est devenu commercial , ce qui ouvrent le champs à une compétition et concurrence inutiles sur le nombres d’adeptes ou au rang spirituel surfait de leur cheikh, contrairement à d’authentique et saintes Zaouiates que l'on doit prendre pour servir comme modèle telle celle de Labiod Sidi Cheikh au Sud d’El Bayadh, ou celle de Sidi Ben Cherqui à El Attaf( Wilayas d’El-asnam)) .

    4- Poids de plus en plus affirmé de la famille du cheikh, qui produit parfois un véritable clientélisme.

    5- Certains descendants désignés cheikhs ne sont que des ‘’gestionnaires du sacré’, (propre aux familles commerçantes des descendants de cheikh illustres) tandis que les véritables détenteurs du secret initiatique sont écartés et agissent de façon discrète : c’est la routinisation du charisme.

    6- Un autre panel grave, les adeptes sombrent dans la vénération du cheikh que nous retrouvons dans deux Zaouiates de l’ouest algérien, alors que le but est au-delà : c’est confondre la fin avec les moyens.

    7- Affaissement de l’exigence spirituelle vers les pratiques psycho-magiques ( ‘’sorcellerisation’’ du soufisme, panel très fréquent dans nos campagnes reculées) : c’est aussi la figure de notre enfance du marabout qui distribue recettes et formules de protection, des talismans de désenvoutement…ces pratiques seront redoutablement combattues par des hommes comme Malek Bennabi ou l'association des Jemiat El Oulamas.


    Dr Mohamed Belhoucine

  • #2
    Croire à un Dieu séparé du monde n’est qu’un
    Dualisme, opposé au Tawhid (Unicité divine).
    Cher Wahrani,
    L'effort religieux musulman grâce au Coran nous fait justement sortir peu à peu du Relatif où s'accomplit notre petite existence pour nous orienter vers l'Absolu où l'existence divine fait toujours place à la Vie et a l'immanence éternelle divine. Allah est par essence Omniscient, Tout-Puissant et Sa Volonté règne partout et est omniprésente immanente et transcendante et qui embrasse toute chose. Il l'exerce comme Il veut en toute liberté. Mais entendons nous bien que cette immanence de l'amour que Dieu porte au monde n’est perceptible qu’aux yeux purifiés d'ou la quête incessante de nos âmes et c'est bien loin du panthéisme philosophique.
    A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
    Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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