Le caractère fragmentaire de cet ouvrage répond à une nécessité intellectuelle d’actualité, dans un contexte de débats afférents à la question de la spiritualité, notamment dans ses rapports avec la modernité et ses variantes.
Autant parler d’urgence à remédier à une façon de voir qui contourne les choses sans toucher le fond, plus même, qui en détournent le sens tout en faisant croire au contraire.
Il n’y est pas question, de là, de théories ayant orienté la métaphysique réflexive, ni de définitions liminaires, avec toutes les problématiques qu’elles peuvent véhiculer. Il n’y est pas question, non plus, de faits historiques, tels qu’ils peuvent se trouver dans des écrits à caractère dithyrambique et de propagande pompeuse, où le souci de traverser en oblique un phénomène prend le dessus sur une justification épistémologique. On y voit de quoi on parle ici sous un angle méditatif, loin de tout catéchisme, comme on verrait des concepts déplacés de leurs territoires appelant à y retourner, par les bons chemins de la clarté et de l’exactitude!
Le terme «valeur» revient ici à une fréquence presque régulière. De toutes les justifications qu’on peut avancer, celle de la quête de soi est la plus percutante.
C’est cette angoisse de se chercher, dans un monde fait de tout et de rien, qui donne à nos systèmes de valeur un aspect dissonant de vérité et de contre-vérité, d’appartenance et de désistement, d’union et de désunion, de vivacité et d’apathie vis-à-vis des normes qui doivent nous régenter.
Dans cette distanciation des repères, de cette dissonance à en perdre la raison, il est normal que de nouvelles façons de se chercher un cadre émanent, sous des aspects différents, en guise de crise existentielle appelant un aboutissement que seul l’esprit libéré de ses angoisses connaît les proportions.
Aller à l’encontre de cela, dans le sens de révolutionner les systèmes de pensée, rendus responsables de tout ce qui a dynamité les paramètres socio-culturels, relève des contre-valeurs en question. Il va sans dire que c’est cette culture du contraste qui est à l’origine de ce qu’on appelle le retour du religieux. Transposé dans notre façon de voir, il s’appellera retour du spirituel !
En détail, notre souci majeur a été de s’arrêter sur des faits, pas nouveaux bien entendu, qui rendent compte d’une curiosité mal assouvie et d’une intellectualité mal à l’aise. Et quoique justifiées, elles ne peuvent être à l’origine d’une pensée spirituelle ad hoc et équilibrée.
Revaloriser le spirituel – je n’emprunte rien au Pérennialisme1 - aurait pu passer exclusivement en prioritaire, en ce sens qu’il se trouve doublement investi, dans ses constituants les plus discrets, par une tendance qui lui dispute jusque son efficience, d’une part, et par une possessivité qui s’entête à l’enfermer dans le personnalisme, d’autre part.
S’il ne donne pas l’air de l’être, de par son caractère anthologique disparate, ce recueil de textes écrits - pour la plupart- dans une posture de réactions et de contre-réactions à des situations inclinant à faire sortir de l’ombre ce qui doit être révélé non comme vérité absolue, mais comme un sens de la vérité, assorti de ses arguments et départi de ses démentis, ce recueil, disons-nous, fait dans la diversité qui ne se gêne pas de diverger avec ce qui ne la rejoint pas.
Si infatués que ces propos puissent paraître, ils le sont en tout cas moins que ceux qui s’engouffrent dans l’égotisme des faiseurs de l’illuminisme, qui ne sont jamais loin de rappeler les comportements drolatiques des commerçants d’idées.
Dans un contexte de confusion et de chaos, où les repères ne sont pas de toute évidence à bout de main, il n’est pas imprudent, il me semble, de parler de spiritualité intellectualisée, ou d’œuvrer à une intellectualité spiritualisée, tant il est vrai que l’une implique l’autre pour qui n’a pas un problème de définitions.
La synthèse prématurée des thèmes permettra de dire qu’on ne fait pas dans l’exception en traitant de la question, de cette manière, car bien des réflexions pointent déjà dans cette direction, mais le fait saillant auquel nous nous rapportons, sans prétention, c’est de permettre à la spiritualité d’être intelligible et pas seulement vécue, d’avoir une extériorité intelligente et pas seulement une intériorité solitaire. Autant dire que soumettre la spiritualité au principe de la référentialité n’est pas seulement une possibilité. C’est, à l’heure des heurts idéologiques et des débats au nom de l’épistémologie, un besoin impérieux!
Dangereuse et compressée, cette argumentation – si c’en est une – peut ouvrir le chemin à des spéculations de nature à dénaturer le fait spirituel.
On en a déjà l’expérience avec les tenants de la mystique laïque, de la religion séculaire, du soufisme athée, les dénominations de ce genre ne manquent pas de toute façon. Si les chemins leur sont frayés, c’est par ce que ce phénomène a longtemps été livré à l’omnipotence du fait sociétal par lequel des groupes et même des personnes institutionnalisent, dans une logique de généalogie absurde, une expérience pas du tout faite pour se contenter d’être prise en otage, ce qui sied à tout sauf à la liberté de se construire une posture dans/et par le divin !
Il a été aussi légué à un trait de caractère qui résiste à toute tentative d’évolution. Limité par ses moyens spiritualo-intellectuels, réduit au suivisme par son manque d’envergure, incliné à ne point dépasser les limites de son appartenance, ce même trait, même passif, s’active à faire reculer la démarche pratique propre à l’entreprise spirituelle, qui ne trouve pas, en tout cas, son nom hors du champ gustatif que seul le sujet impliqué dans ses détails connaît.
C’est à ce titre-là que certains «affiliés» aux ordres cultivent le complexe du verbe, sentent le poids de la figuration et au nom d’une légitimé à laquelle ils sont les seuls à croire, ils accordent au reste des communs l’honneur d’être admis ou ne l’accordent pas, décident – dans la peau d’ayants droit minés par l’arrivisme et ses dérivées, et d’héritiers de dispositions purement physiques – de qui est représentatif et qui ne l’est pas.
C’est la conscience de ce danger qui fait que notre ouvrage en appelle à un recadrement du fait spirituel, amenant à le canaliser, au risque de l’élitiser, dans une logique de réflexion à même de le déshorizontaliser, au profit d’une verticalité qui ne le dessert pas, et d’une possibilité, à ceux qui en ont la vocation, d’en discourir !
Cette même pensée a besoin d’un socle spirituel venant d’un cadre d’expérience réunissant les expédients d’un vécu, et le tracé d’un cheminement aux démarches claires et aux aboutissements logiques.
Voilà que parler de spiritualité, sans cela, serait faire dans l’intellectualisme qui ne diffère en rien de la phraséologie du vide, en mal de sens et en décalage avec la vérité qui en constitue, en principe, le fond.
Autant parler d’urgence à remédier à une façon de voir qui contourne les choses sans toucher le fond, plus même, qui en détournent le sens tout en faisant croire au contraire.
Il n’y est pas question, de là, de théories ayant orienté la métaphysique réflexive, ni de définitions liminaires, avec toutes les problématiques qu’elles peuvent véhiculer. Il n’y est pas question, non plus, de faits historiques, tels qu’ils peuvent se trouver dans des écrits à caractère dithyrambique et de propagande pompeuse, où le souci de traverser en oblique un phénomène prend le dessus sur une justification épistémologique. On y voit de quoi on parle ici sous un angle méditatif, loin de tout catéchisme, comme on verrait des concepts déplacés de leurs territoires appelant à y retourner, par les bons chemins de la clarté et de l’exactitude!
Le terme «valeur» revient ici à une fréquence presque régulière. De toutes les justifications qu’on peut avancer, celle de la quête de soi est la plus percutante.
C’est cette angoisse de se chercher, dans un monde fait de tout et de rien, qui donne à nos systèmes de valeur un aspect dissonant de vérité et de contre-vérité, d’appartenance et de désistement, d’union et de désunion, de vivacité et d’apathie vis-à-vis des normes qui doivent nous régenter.
Dans cette distanciation des repères, de cette dissonance à en perdre la raison, il est normal que de nouvelles façons de se chercher un cadre émanent, sous des aspects différents, en guise de crise existentielle appelant un aboutissement que seul l’esprit libéré de ses angoisses connaît les proportions.
Aller à l’encontre de cela, dans le sens de révolutionner les systèmes de pensée, rendus responsables de tout ce qui a dynamité les paramètres socio-culturels, relève des contre-valeurs en question. Il va sans dire que c’est cette culture du contraste qui est à l’origine de ce qu’on appelle le retour du religieux. Transposé dans notre façon de voir, il s’appellera retour du spirituel !
En détail, notre souci majeur a été de s’arrêter sur des faits, pas nouveaux bien entendu, qui rendent compte d’une curiosité mal assouvie et d’une intellectualité mal à l’aise. Et quoique justifiées, elles ne peuvent être à l’origine d’une pensée spirituelle ad hoc et équilibrée.
Revaloriser le spirituel – je n’emprunte rien au Pérennialisme1 - aurait pu passer exclusivement en prioritaire, en ce sens qu’il se trouve doublement investi, dans ses constituants les plus discrets, par une tendance qui lui dispute jusque son efficience, d’une part, et par une possessivité qui s’entête à l’enfermer dans le personnalisme, d’autre part.
S’il ne donne pas l’air de l’être, de par son caractère anthologique disparate, ce recueil de textes écrits - pour la plupart- dans une posture de réactions et de contre-réactions à des situations inclinant à faire sortir de l’ombre ce qui doit être révélé non comme vérité absolue, mais comme un sens de la vérité, assorti de ses arguments et départi de ses démentis, ce recueil, disons-nous, fait dans la diversité qui ne se gêne pas de diverger avec ce qui ne la rejoint pas.
Si infatués que ces propos puissent paraître, ils le sont en tout cas moins que ceux qui s’engouffrent dans l’égotisme des faiseurs de l’illuminisme, qui ne sont jamais loin de rappeler les comportements drolatiques des commerçants d’idées.
Dans un contexte de confusion et de chaos, où les repères ne sont pas de toute évidence à bout de main, il n’est pas imprudent, il me semble, de parler de spiritualité intellectualisée, ou d’œuvrer à une intellectualité spiritualisée, tant il est vrai que l’une implique l’autre pour qui n’a pas un problème de définitions.
La synthèse prématurée des thèmes permettra de dire qu’on ne fait pas dans l’exception en traitant de la question, de cette manière, car bien des réflexions pointent déjà dans cette direction, mais le fait saillant auquel nous nous rapportons, sans prétention, c’est de permettre à la spiritualité d’être intelligible et pas seulement vécue, d’avoir une extériorité intelligente et pas seulement une intériorité solitaire. Autant dire que soumettre la spiritualité au principe de la référentialité n’est pas seulement une possibilité. C’est, à l’heure des heurts idéologiques et des débats au nom de l’épistémologie, un besoin impérieux!
Dangereuse et compressée, cette argumentation – si c’en est une – peut ouvrir le chemin à des spéculations de nature à dénaturer le fait spirituel.
On en a déjà l’expérience avec les tenants de la mystique laïque, de la religion séculaire, du soufisme athée, les dénominations de ce genre ne manquent pas de toute façon. Si les chemins leur sont frayés, c’est par ce que ce phénomène a longtemps été livré à l’omnipotence du fait sociétal par lequel des groupes et même des personnes institutionnalisent, dans une logique de généalogie absurde, une expérience pas du tout faite pour se contenter d’être prise en otage, ce qui sied à tout sauf à la liberté de se construire une posture dans/et par le divin !
Il a été aussi légué à un trait de caractère qui résiste à toute tentative d’évolution. Limité par ses moyens spiritualo-intellectuels, réduit au suivisme par son manque d’envergure, incliné à ne point dépasser les limites de son appartenance, ce même trait, même passif, s’active à faire reculer la démarche pratique propre à l’entreprise spirituelle, qui ne trouve pas, en tout cas, son nom hors du champ gustatif que seul le sujet impliqué dans ses détails connaît.
C’est à ce titre-là que certains «affiliés» aux ordres cultivent le complexe du verbe, sentent le poids de la figuration et au nom d’une légitimé à laquelle ils sont les seuls à croire, ils accordent au reste des communs l’honneur d’être admis ou ne l’accordent pas, décident – dans la peau d’ayants droit minés par l’arrivisme et ses dérivées, et d’héritiers de dispositions purement physiques – de qui est représentatif et qui ne l’est pas.
C’est la conscience de ce danger qui fait que notre ouvrage en appelle à un recadrement du fait spirituel, amenant à le canaliser, au risque de l’élitiser, dans une logique de réflexion à même de le déshorizontaliser, au profit d’une verticalité qui ne le dessert pas, et d’une possibilité, à ceux qui en ont la vocation, d’en discourir !
Cette même pensée a besoin d’un socle spirituel venant d’un cadre d’expérience réunissant les expédients d’un vécu, et le tracé d’un cheminement aux démarches claires et aux aboutissements logiques.
Voilà que parler de spiritualité, sans cela, serait faire dans l’intellectualisme qui ne diffère en rien de la phraséologie du vide, en mal de sens et en décalage avec la vérité qui en constitue, en principe, le fond.
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