Depuis la fin du mois d’octobre 2017, le traitement médiatique de l’“affaire Ramadan” a été mis en débat, à juste titre, notamment à cause de la sémantique utilisée par certains médias mainstream, à charge et parfois au mépris de la déontologie journalistique. C’est un fait, il convient de le dénoncer et d’accorder au prévenu – il s’agit là d’un terme technique – la présomption d’innocence qui sied à tout accusé. Mais il est un autre fait, tout aussi important, c’est qu’on ne combat pas des propos et des attitudes que l’on estime erronés, voire mensongers, ou encore diffamatoires, par les mêmes armes. En tout cas, lorsqu’on choisit d’adopter une telle stratégie, il convient de laisser les justifications religieuses de côté et d’assumer pleinement les conséquences d’un tel positionnement qui relève d’une guerre sémantique où tous les coups – et autres arguties non conventionnelles – sont permis.
Le branle-bas de combat a sonné
De ce point de vue, depuis le début de cette affaire, un groupe de défenseur.e.s acharné.e.s de Tariq Ramadan adopte une attitude jusqu’au-boutiste très problématique aussi bien sur la démarche que sur le contenu des arguments avancés, qui risque bien de précipiter sa propre implosion, à défaut de pouvoir faire vaciller la société française. Sa ligne protestataire ne déroge pas à la règle ; ces dernières semaines, on a ainsi vu émerger sur les réseaux sociaux plusieurs initiatives successives à partir de la plateforme Résistance & Alternatives, énième en date créée, depuis feu Présence Musulmane, par les fidèles du prédicateur.
Il.elle.s affirment promouvoir la pensée de l’intellectuel, tout en lui apportant un soutien total et inconditionnel dans l’affaire en cours. Leur première salve a consisté, en novembre 2017, à affirmer que Tariq Ramadan était victime d’un vaste complot à dominante sioniste. Les appels et les pétitions se sont ensuite multipliées sur les réseaux sociaux, à savoir Tariq Ramadan est un prisonnier politique et #Free Tariq Ramadan en trois langues, le français, l’anglais et l’arabe. On passera sur les codes couleurs et le mode opératoire, qui rappellent de précédentes campagnes de mobilisation en faveur de personnalités musulmanes diverses et variées condamnées pour leurs engagements politiques ou humanitaires, peut-être pour en augmenter la charge émotionnelle. Au vu du nombre de followers que ce dernier affiche sur ses comptes Facebook et Twitter, le constat laisse apparaître une faible mobilisation de ces différentes campagnes.
Mais, finalement, ce qui intéresse les protagonistes de ces initiatives est peut-être moins la mobilisation de masse que la consolidation d’une infrastructure militante reposant presque en totalité sur la figure du tribun. En témoigne les récentes prises de positions d’imams, de prédicateur.trice.s et de militant.e.s associatif.ve.s situé.e.s, pour la majeure partie dans la sphère frériste, comme si le réflexe tribal – ou idéologique – prenait le dessus sur tout raisonnement analytique distancié.
Ces dernier.e.s sont devenu.e.s, en quelques jours, des spécialistes du droit, de l’enquête à décharge, magistrat.e.s et juré.e.s de cour d’assises, chef.fe.s de rédaction journalistique, outre leur posture d’orientation spirituelle des musulmans. Le foisonnement soudain de textes et de vidéos à décharge de Tariq Ramadan usant de toute cette rhétorique d’une façon trop souvent désinvolte pose véritablement question sur un plan éthique, en regard de tous les protagonistes des affaires en cours d’instruction. Le mot d’ordre, à la suite de la campagne #Free Tariq Ramadan est très simple : ce dernier est victime d’une campagne conspirationniste qui repose sur des accusations non fondées. Toute l’histoire contée, chez ses défenseur.e.s, doit être lue à l’aune de ce postulat de départ.
Créer et entretenir le mythe
Cette ligne protestataire entretient également à dessein la polarisation du débat et la construction de ce qu’il convient d’appeler le “mythe ramadanien” de l’homme seul, propre, honnête et très à cheval sur la morale contre la “meute” qui aurait toujours cherché à le faire taire. Pour alimenter cette polarisation, le plus simple est de procéder par réduction et emphase, en plaçant le débat sur le registre émotionnel.
Les ramadanien.ne.s présentent le feuilleton actuel comme un affrontement entre un modèle de probité et deux plaignantes réduites aux images les plus viles sur le plan de la moralité, des mœurs et de leur instrumentalisation par “le système” pour faire chuter l’islam. L’amalgame entre le “temps médiatique” et le “temps juridique” mérite d’ailleurs qu’on s’y attarde un peu. Car ce sont désormais les enquêteurs qui font l’objet d’attaques incessantes pour le prétendu “traitement dérogatoire” qui serait infligé à Tariq Ramadan.
À ce propos, il faut bien l’avouer, le grand public, de surcroît musulman, possède une si faible connaissance des méandres de la justice que tous types d’affirmations performatives constituent des arguments confortant le mythe du héros face à la horde et l’univers conspirationniste. Parmi celles-ci, le fait que le placement en détention provisoire de Tariq Ramadan relève d’un traitement différencié, unique en son genre, par rapport à d’autres figures publiques qui n’auraient jamais été inquiétées.
Il y aurait beaucoup à dire sur le caractère fallacieux de cette allégation. Rappelons simplement que presque le tiers des personnes incarcérées, en France, sont en détention préventive, soit près de vingt mille personnes, dont une partie significative pour des accusations de viols. De ce point de vue, les partisan.e.s de l’intellectuel ont perdu une occasion d’alerter l’opinion publique sur la situation générale du système carcéral français, avec de multiples rapports à la clef et des situations autrement pires, sur un plan physique et moral que celle, supposée, de Tariq Ramadan, eu égard à son état de santé dont ses plus proches fidèles ne semblaient pas avoir connaissance jusqu’à ce jour.
Mais il.elle.s ont préféré accuser le juge des libertés d’avoir infligé un traitement spécifique à leur figure de proue, en comparant sa mise en examen avec d’autres situations – celles d’hommes politiques, entre autres – qui n’avaient absolument rien à voir sur le plan strict du droit, puisqu’on ne peut comparer des plaintes classées et des instructions non débutées avec le cas présent. Si les faits allégués avaient l’objet d’une procédure dans le contexte étatsunien – une plainte vient d’ailleurs d’être transmise à un juge outre atlantique -, il est fort à parier que Tariq Ramadan aurait subi un traitement médiatique autrement plus violent. On se souvient par exemple d’un Dominique Strauss Kahn qui a littéralement été lynché par les médias américains et français.
Des élucubrations sur un dossier auquel personne n’a accès
Il en va de même des fameuses pièces à conviction. Personne, parmi le grand public, n’ayant accès aux éléments du dossier, tous types d’élucubrations conspirationnistes peuvent circuler. Parmi elles, une réservation de vol est citée et présentée sous le vocable d’alibi, ce qui est là aussi faux du point de vue juridique, quand bien même cette pièce existerait. Certains la présentent même désormais comme un véritable “billet d’avion” prouvant, par cette simple affirmation performative, que l’ensemble de l’accusation reposerait sur une base fragile, voire fallacieuse.
Les personnes ayant l’habitude de voyager à titre professionnel savent pertinemment qu’une “réservation de vol” ne constitue même pas, dans certains cas, une pièce justificative pour l’enregistrement comptable, en l’absence de tout autre document justifiant le caractère effectif du voyage. L’honnêteté, en l’occurrence, consiste à accepter que cette “pièce” soit confrontée aux accusations de la plaignante, cette dernière ayant, en toute vraisemblance, donné aux enquêteurs une description précise de la situation et des personnes croisées au cours de la journée où elle affirme avoir été violée.
Là encore, la stratégie consiste à entretenir une polarisation pour évacuer trois mois d’enquête au cours de laquelle on peut légitimement supposer, a minima, que les enquêteurs ont auditionné quelques dizaines de personnes et collectés toutes les pièces présentées comme de fausses lettres d’avocats, des échanges de courriels et de textos, etc. en les confrontant aux arguments de l’actuel prévenu. Il appartient aux enquêteurs de faire la lumière sur leur caractère vrai ou faux.
À ce sujet, chaque pièce doit être analysée à la lumière de l’ensemble du dossier, et non pas en faisant abstraction de toute l’instruction en cours. Il serait possible, d’ailleurs, que les avocats de la défense se soient mal préparés à la garde à vue de Tariq Ramadan, puis qu’ils aient tenté de rattraper une bévue, mais ce n’est pas ici le propos.
Dans tous les cas, on pourrait déconstruire à loisir les informations erronées diffusées sur les réseaux sociaux à partir de ce cercle restreint ; des suppositions les plus saugrenues sur les magistrats, sur la probité des enquêteurs, qui deviennent des arguments en soi pour excommunier l’ensemble du système judiciaire. Le tout sous couvert de la présomption d’innocence qui interdirait aux musulman.e.s d’exprimer un quelconque questionnement sur certains dessous de cette histoire. Ainsi, le contexte de “libération de la parole” qui s’est produit à l’époque où la première plaignante s’est manifestée, à la fin du mois d’octobre dernier, est désormais renvoyé aux oubliettes.
Une partie de poker menteur ?
Ce sont pourtant bien, au bas mot, une dizaine de femmes qui se sont exprimées publiquement, sur les réseaux sociaux, sur les frasques sexuelles supposées de Tariq Ramadan. Leur ont fait suite plusieurs articles journalistiques de fond, rédigés par des médias habituellement considérés comme sérieux dans les milieux militants précités, avec un ensemble de pièces – qui ne constituent aucunement des pièces à conviction, cela va de soi – laissant supposer qu’il existerait un “mode opératoire” ayant pu conduire le prévenu à des dérives, en France, en Belgique, en Suisse, au Royaume-Uni et, désormais, aux États-Unis.
Certaines personnes affirment tout aussi publiquement avoir alerté des responsables nationaux d’une grande fédération et d’un collectif musulman sur cette situation, depuis au moins l’année 2012. Gageons que les enquêteurs sauront en distinguer le vrai du faux. Pourtant, tout cela est balayé d’un trait par des militant.e.s de la “cause juste” qui entendent réhabiliter l’image de leur icône. Soit. C’est leur droit le plus strict, comme c’est tout à fait leur droit d’affirmer que, quand bien même ses frasques sexuelles seraient avérées, elles relèvent de sa vie privée et n’ont pas vocation à être étalées sur la place publique, tant qu’un(des) viol(s) n’ont pas été commis. Ou encore que, finalement, Tariq Ramadan a été, peut-être, victime de sa notoriété et de l’acharnement de groupies dont il a, dans un(des) moment(s) d’inattention, contribué à assouvir des désirs enfouis.
Le branle-bas de combat a sonné
De ce point de vue, depuis le début de cette affaire, un groupe de défenseur.e.s acharné.e.s de Tariq Ramadan adopte une attitude jusqu’au-boutiste très problématique aussi bien sur la démarche que sur le contenu des arguments avancés, qui risque bien de précipiter sa propre implosion, à défaut de pouvoir faire vaciller la société française. Sa ligne protestataire ne déroge pas à la règle ; ces dernières semaines, on a ainsi vu émerger sur les réseaux sociaux plusieurs initiatives successives à partir de la plateforme Résistance & Alternatives, énième en date créée, depuis feu Présence Musulmane, par les fidèles du prédicateur.
Il.elle.s affirment promouvoir la pensée de l’intellectuel, tout en lui apportant un soutien total et inconditionnel dans l’affaire en cours. Leur première salve a consisté, en novembre 2017, à affirmer que Tariq Ramadan était victime d’un vaste complot à dominante sioniste. Les appels et les pétitions se sont ensuite multipliées sur les réseaux sociaux, à savoir Tariq Ramadan est un prisonnier politique et #Free Tariq Ramadan en trois langues, le français, l’anglais et l’arabe. On passera sur les codes couleurs et le mode opératoire, qui rappellent de précédentes campagnes de mobilisation en faveur de personnalités musulmanes diverses et variées condamnées pour leurs engagements politiques ou humanitaires, peut-être pour en augmenter la charge émotionnelle. Au vu du nombre de followers que ce dernier affiche sur ses comptes Facebook et Twitter, le constat laisse apparaître une faible mobilisation de ces différentes campagnes.
Mais, finalement, ce qui intéresse les protagonistes de ces initiatives est peut-être moins la mobilisation de masse que la consolidation d’une infrastructure militante reposant presque en totalité sur la figure du tribun. En témoigne les récentes prises de positions d’imams, de prédicateur.trice.s et de militant.e.s associatif.ve.s situé.e.s, pour la majeure partie dans la sphère frériste, comme si le réflexe tribal – ou idéologique – prenait le dessus sur tout raisonnement analytique distancié.
Ces dernier.e.s sont devenu.e.s, en quelques jours, des spécialistes du droit, de l’enquête à décharge, magistrat.e.s et juré.e.s de cour d’assises, chef.fe.s de rédaction journalistique, outre leur posture d’orientation spirituelle des musulmans. Le foisonnement soudain de textes et de vidéos à décharge de Tariq Ramadan usant de toute cette rhétorique d’une façon trop souvent désinvolte pose véritablement question sur un plan éthique, en regard de tous les protagonistes des affaires en cours d’instruction. Le mot d’ordre, à la suite de la campagne #Free Tariq Ramadan est très simple : ce dernier est victime d’une campagne conspirationniste qui repose sur des accusations non fondées. Toute l’histoire contée, chez ses défenseur.e.s, doit être lue à l’aune de ce postulat de départ.
Créer et entretenir le mythe
Cette ligne protestataire entretient également à dessein la polarisation du débat et la construction de ce qu’il convient d’appeler le “mythe ramadanien” de l’homme seul, propre, honnête et très à cheval sur la morale contre la “meute” qui aurait toujours cherché à le faire taire. Pour alimenter cette polarisation, le plus simple est de procéder par réduction et emphase, en plaçant le débat sur le registre émotionnel.
Les ramadanien.ne.s présentent le feuilleton actuel comme un affrontement entre un modèle de probité et deux plaignantes réduites aux images les plus viles sur le plan de la moralité, des mœurs et de leur instrumentalisation par “le système” pour faire chuter l’islam. L’amalgame entre le “temps médiatique” et le “temps juridique” mérite d’ailleurs qu’on s’y attarde un peu. Car ce sont désormais les enquêteurs qui font l’objet d’attaques incessantes pour le prétendu “traitement dérogatoire” qui serait infligé à Tariq Ramadan.
À ce propos, il faut bien l’avouer, le grand public, de surcroît musulman, possède une si faible connaissance des méandres de la justice que tous types d’affirmations performatives constituent des arguments confortant le mythe du héros face à la horde et l’univers conspirationniste. Parmi celles-ci, le fait que le placement en détention provisoire de Tariq Ramadan relève d’un traitement différencié, unique en son genre, par rapport à d’autres figures publiques qui n’auraient jamais été inquiétées.
Il y aurait beaucoup à dire sur le caractère fallacieux de cette allégation. Rappelons simplement que presque le tiers des personnes incarcérées, en France, sont en détention préventive, soit près de vingt mille personnes, dont une partie significative pour des accusations de viols. De ce point de vue, les partisan.e.s de l’intellectuel ont perdu une occasion d’alerter l’opinion publique sur la situation générale du système carcéral français, avec de multiples rapports à la clef et des situations autrement pires, sur un plan physique et moral que celle, supposée, de Tariq Ramadan, eu égard à son état de santé dont ses plus proches fidèles ne semblaient pas avoir connaissance jusqu’à ce jour.
Mais il.elle.s ont préféré accuser le juge des libertés d’avoir infligé un traitement spécifique à leur figure de proue, en comparant sa mise en examen avec d’autres situations – celles d’hommes politiques, entre autres – qui n’avaient absolument rien à voir sur le plan strict du droit, puisqu’on ne peut comparer des plaintes classées et des instructions non débutées avec le cas présent. Si les faits allégués avaient l’objet d’une procédure dans le contexte étatsunien – une plainte vient d’ailleurs d’être transmise à un juge outre atlantique -, il est fort à parier que Tariq Ramadan aurait subi un traitement médiatique autrement plus violent. On se souvient par exemple d’un Dominique Strauss Kahn qui a littéralement été lynché par les médias américains et français.
Des élucubrations sur un dossier auquel personne n’a accès
Il en va de même des fameuses pièces à conviction. Personne, parmi le grand public, n’ayant accès aux éléments du dossier, tous types d’élucubrations conspirationnistes peuvent circuler. Parmi elles, une réservation de vol est citée et présentée sous le vocable d’alibi, ce qui est là aussi faux du point de vue juridique, quand bien même cette pièce existerait. Certains la présentent même désormais comme un véritable “billet d’avion” prouvant, par cette simple affirmation performative, que l’ensemble de l’accusation reposerait sur une base fragile, voire fallacieuse.
Les personnes ayant l’habitude de voyager à titre professionnel savent pertinemment qu’une “réservation de vol” ne constitue même pas, dans certains cas, une pièce justificative pour l’enregistrement comptable, en l’absence de tout autre document justifiant le caractère effectif du voyage. L’honnêteté, en l’occurrence, consiste à accepter que cette “pièce” soit confrontée aux accusations de la plaignante, cette dernière ayant, en toute vraisemblance, donné aux enquêteurs une description précise de la situation et des personnes croisées au cours de la journée où elle affirme avoir été violée.
Là encore, la stratégie consiste à entretenir une polarisation pour évacuer trois mois d’enquête au cours de laquelle on peut légitimement supposer, a minima, que les enquêteurs ont auditionné quelques dizaines de personnes et collectés toutes les pièces présentées comme de fausses lettres d’avocats, des échanges de courriels et de textos, etc. en les confrontant aux arguments de l’actuel prévenu. Il appartient aux enquêteurs de faire la lumière sur leur caractère vrai ou faux.
À ce sujet, chaque pièce doit être analysée à la lumière de l’ensemble du dossier, et non pas en faisant abstraction de toute l’instruction en cours. Il serait possible, d’ailleurs, que les avocats de la défense se soient mal préparés à la garde à vue de Tariq Ramadan, puis qu’ils aient tenté de rattraper une bévue, mais ce n’est pas ici le propos.
Dans tous les cas, on pourrait déconstruire à loisir les informations erronées diffusées sur les réseaux sociaux à partir de ce cercle restreint ; des suppositions les plus saugrenues sur les magistrats, sur la probité des enquêteurs, qui deviennent des arguments en soi pour excommunier l’ensemble du système judiciaire. Le tout sous couvert de la présomption d’innocence qui interdirait aux musulman.e.s d’exprimer un quelconque questionnement sur certains dessous de cette histoire. Ainsi, le contexte de “libération de la parole” qui s’est produit à l’époque où la première plaignante s’est manifestée, à la fin du mois d’octobre dernier, est désormais renvoyé aux oubliettes.
Une partie de poker menteur ?
Ce sont pourtant bien, au bas mot, une dizaine de femmes qui se sont exprimées publiquement, sur les réseaux sociaux, sur les frasques sexuelles supposées de Tariq Ramadan. Leur ont fait suite plusieurs articles journalistiques de fond, rédigés par des médias habituellement considérés comme sérieux dans les milieux militants précités, avec un ensemble de pièces – qui ne constituent aucunement des pièces à conviction, cela va de soi – laissant supposer qu’il existerait un “mode opératoire” ayant pu conduire le prévenu à des dérives, en France, en Belgique, en Suisse, au Royaume-Uni et, désormais, aux États-Unis.
Certaines personnes affirment tout aussi publiquement avoir alerté des responsables nationaux d’une grande fédération et d’un collectif musulman sur cette situation, depuis au moins l’année 2012. Gageons que les enquêteurs sauront en distinguer le vrai du faux. Pourtant, tout cela est balayé d’un trait par des militant.e.s de la “cause juste” qui entendent réhabiliter l’image de leur icône. Soit. C’est leur droit le plus strict, comme c’est tout à fait leur droit d’affirmer que, quand bien même ses frasques sexuelles seraient avérées, elles relèvent de sa vie privée et n’ont pas vocation à être étalées sur la place publique, tant qu’un(des) viol(s) n’ont pas été commis. Ou encore que, finalement, Tariq Ramadan a été, peut-être, victime de sa notoriété et de l’acharnement de groupies dont il a, dans un(des) moment(s) d’inattention, contribué à assouvir des désirs enfouis.
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