« Jésus. L'Encyclopédie » se veut la synthèse des derniers travaux sur le Christ. Mais les sciences en disent-elles plus sur lui que la foi ? Interview.
Depuis deux siècles que la recherche historique scrute les premiers écrits chrétiens et les textes des premiers siècles de notre ère pour tenter de cerner le Jésus historique et le contexte de la Révélation, qu'a-t-on finalement appris ? Publiée à l'automne par Albin Michel, Jésus. L'encyclopédie tente de faire la synthèse des nouvelles connaissances, et ce, sous tous les angles, qu'il s'agisse, par exemple, des relations entre Jésus et les pharisiens (pourquoi tant de haine dans les évangiles ?), de l'identité de Marie, du regard des juifs sur la résurrection, ou, et ce n'est pas le moins important, du Dieu qu'adore Jésus (est-ce vraiment celui des chrétiens ?).
Évidemment, l'ensemble décoiffe : tous les croyants ne sont pas encore prêts à admettre que Marie a eu d'autres enfants que Jésus (c'est pourtant écrit dans les Évangiles), ou que Jésus était d'abord un juif. Or ce livre, coordonné par Christine Pedotti, directrice déléguée de la rédaction de Témoignage chrétien, est dirigé par un grand prélat, l'ancien archevêque de Strasbourg, monseigneur Joseph Doré*, par ailleurs théologien. Pourquoi s'est-il lancé dans cette aventure ? Et que pense donc l'Église de cette dissection de la figure du Christ ?
Le Point : Un théologien qui a occupé de hautes fonctions dans l'Église et qui dirige une somme sur Jésus dans tous ses états, historique, bien sûr, mais aussi psychanalytique, poétique, etc. Ernest Renan doit se retourner dans sa tombe ! Il a perdu sa chaire au Collège de France pour moins que cela !
Mgr Joseph Doré : Pourquoi ? Avec l'éditeur Albin Michel, nous avons voulu faire le point sur l'état actuel des connaissances sur Jésus. L'occasion de s'interroger sur la validité des témoignages et des premiers écrits qui le concernent et qui apparaissent dès la seconde moitié du Ier siècle. Comment ont-ils vu Jésus ? Pourquoi nous ont-ils livré ces récits à maints égards si différents entre eux que sont les évangiles ?
Reconnaissez que l'Église a beaucoup résisté à aborder la vie et le personnage de Jésus d'un point de vue historique…
C'est vrai. Mais il ne faut pas oublier que la science historique n'est née qu'à partir de la fin du XVIIIe siècle. Ni que Richard Simon, qui était oratorien, a été l'un des premiers à se lancer dans la critique biblique avec L'Histoire critique du Vieux Testament. Ni que Renan lui-même, dont la Vie de Jésus, publié en 1863, a effectivement fait scandale, avait été formé au séminaire. Par la suite, des religieux catholiques se sont distingués par un travail critique et historique considérable. Ainsi le dominicain Marie-Joseph Lagrange, qui fonde dès 1920 l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, aujourd'hui l'un des centres de recherche les plus importants sur les questions bibliques.
Mais ses travaux ont été interdits en 1907 puis en 1911 et l'approche critique de la Bible condamnée en 1920 par l'encyclique Spiritus Paraclitus de Benoît XV. Qu'est-ce qui a fait évoluer l'Église ?
Le travail des chercheurs, historiens et archéologues a fini par faire évoluer les mentalités… En un premier temps, dans le cadre de ce qu'on a appelé en allemand la Lebenjesuforschung, la recherche sur la vie de Jésus, on s'est proposé de dégager Jésus de la gangue de croyance dont, estimait-on, il avait été enrobé, pour restituer le « vrai Jésus de l'histoire ». Cette quête commence dès le XVIIIe s. avec H.-S. Reimarus, dont les travaux sont publiés en 1774 et 1778. En 1835, La Vie de Jésus de David Strauss, pour qui les évangiles racontent un pur mythe, marque ensuite une étape fondamentale. Renan s'inscrit dans cette démarche.
En 1906, Albert Schweitzer, que le grand public connaît pour son action de médecin contre la lèpre, mais qui fut aussi un grand théologien protestant, publie une histoire de toutes ces « histoires de Jésus » qui sonne comme un aveu d'échec… Impossible de savoir qui fut vraiment Jésus ?
Albert Schweitzer démontre effectivement qu'au lieu de nous fournir la vérité historique sur Jésus, la Lebenjesuforschung a abouti à présenter une grande diversité de Jésus : un diseur de paraboles, un agitateur politique, un doux rêveur galiléen, etc. On en apprend en fait plus sur ceux qui écrivent sur Jésus que sur Jésus lui-même ! C'est que la science historique n'est pas une science dure : elle interprète toujours, en fonction des « pré-compréhensions » de celui qui l'écrit. Prenant son parti de la chose, on a alors cherché à mieux cerner les conditions dans lesquelles les évangiles ont été écrits et à se contenter d'une telle approche. Ce fut la Formgeschichtlicheschule, l'école de l'histoire des formes, dont le grand nom est le théologien luthérien Rudolf Bultmann.
On est parti du principe que lorsqu'un texte fait état d'un fait ou d'un dit qui ne peut qu'embarrasser celui qui le rapporte, il ne peut s'agir que d'une donnée historique
Qu'ont apporté cette étude du contexte historique général, mais aussi celle des centaines de manuscrits et parchemins qui ont été mis au jour aux XIXe et XXe siècles ?
Un apport crucial : elle a permis de mieux connaître les premières communautés chrétiennes, de comprendre les « formes » de leurs préoccupations, leurs convictions, ainsi que leur organisation.
Ce n'est pourtant que dans les années cinquante et soixante du XXe siècle que l'on va inventer des méthodes d'analyse critique toujours utilisées aujourd'hui…
Il fallait en effet trouver les moyens de faire le tri entre ce qui avait effectivement pu être dit et fait par Jésus, et ce que les textes nous rapportent à son sujet. C'est ce qu'a tenté de faire toute une « nouvelle quête de Jésus », dont l'Américain John Meier a assez bien résumé l'apport dans son grand ouvrage Un certain juif. Jésus, toujours en cours de traduction aux éditions du Cerf. Ainsi, par exemple, on est parti du principe que lorsqu'un texte fait état d'un fait ou d'un dit qui ne peut qu'embarrasser celui qui le rapporte, il ne peut s'agir que d'une donnée historique. Les gens n'aiment pas parler contre leur cause, n'est-ce pas ?
Un exemple ?
Le baptême de Jésus par Jean Baptiste. On sait en effet par Matthieu, qui écrit vers 80, que la concurrence était alors forte entre les chrétiens et les disciples du Baptiste. Pourquoi rapporter un tel fait, où celui qui est supposé être le Fils de Dieu recevait le baptême de son concurrent, si cela n'était pas « vrai » ?
Mais pourquoi est-il si important pour l'Église que Marie ait été vierge ?
Le Nouveau Testament est net sur ce point : Dieu est le père de Jésus, et Marie sa mère était donc vierge avant l'enfantement. En réalité, on nous donne à comprendre que la manière dont Jésus est entré dans l'histoire par sa naissance de Marie est aussi extraordinaire et mystérieuse que celle dont il a quitté la même histoire par sa victoire sur la mort.
Jésus est né entre 4 et 7 ans avant le début de notre ère et il est mort sur une croix le 7 avril 30, après un procès bâclé conduit par le préfet romain Pilate
Et la résurrection ? Certaines traditions font état d'un tombeau vide, d'autres parlent de la résurrection sans évoquer le tombeau. Qui croire ?
Disons plutôt « que comprendre » ? Ce que l'on peut en dire, c'est que le vide du tombeau n'a pas été inventé pour prouver une résurrection de Jésus, puisqu'on peut le mentionner sans parler d'une résurrection ! Quant à cette résurrection, pour percevoir ce dont il s'agit, il faut lire attentivement les textes qui en font état et s'intéresser au contexte dans lequel ils ont été écrits. Ceux qui en Israël attendaient une résurrection la concevaient alors comme la fin du monde, comportant sa transmutation générale. Or les disciples évoquent un phénomène qui concerne le seul Jésus ; ils n'appliquaient donc pas là un schème préconçu… Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Interrogeant méthodiquement les textes, exégètes et historiens s'efforcent d'éclairer en quoi ont pu consister ces expériences, totalement inattendues d'eux et appelées « apparitions », qui les ont conduits à annoncer que Jésus était de nouveau vivant.
Mais concrètement, que sait-on de Jésus aujourd'hui ?
Il est né entre 4 et 7 ans avant le début de notre ère et il est mort sur une croix le 7 avril 30, après un procès bâclé conduit par le préfet romain Pilate. Il était techton, c'est-à-dire qu'il travaillait des matériaux durs. Charpentier ? Peut-être. Il ne serait pas monté à Jérusalem une seule fois, mais trois, à chaque fois pour la Pâque. Il parlait l'araméen et lisait l'hébreu… Les nouvelles méthodes historiques permettent par ailleurs de tenir pour assurés un certain nombre de ses paroles et de ses actes, qui tous conduisent à s'interroger sur son identité en soulevant la question du type de lien qu'il pouvait avoir avec Dieu.
Pourquoi l'histoire est-elle importante pour vous en tant que théologien ?
Non seulement elle prouve que Jésus a existé, mais elle indique comment ses disciples en sont venus, justement, à s'interroger sur son lien avec Dieu. Cela dit, pourquoi, si Dieu est son père, a-t-il laissé ainsi mourir son fils ? Peut-être parce que sa puissance n'est pas du même ordre que ce que nous concevons, nous, comme étant la puissance ? La proposition du Nouveau Testament est de considérer qu'il s'agit d'une puissance à comprendre tout entière dans l'ordre de l'amour. Mais n'en faisons pas mystère : admettre cela ne peut évidemment plus résulter de la seule recherche historique. Est alors en cause une décision de foi.
* Joseph Doré, aujourd'hui retraité, a été, outre ses fonctions dans la hiérarchie ecclésiastique, professeur à l'Institut catholique de Paris. Il a fondé et dirigé chez Desclée/Mame les collections Jésus et Jésus-Christ et La Nuée Bleue.
le Point fr
Depuis deux siècles que la recherche historique scrute les premiers écrits chrétiens et les textes des premiers siècles de notre ère pour tenter de cerner le Jésus historique et le contexte de la Révélation, qu'a-t-on finalement appris ? Publiée à l'automne par Albin Michel, Jésus. L'encyclopédie tente de faire la synthèse des nouvelles connaissances, et ce, sous tous les angles, qu'il s'agisse, par exemple, des relations entre Jésus et les pharisiens (pourquoi tant de haine dans les évangiles ?), de l'identité de Marie, du regard des juifs sur la résurrection, ou, et ce n'est pas le moins important, du Dieu qu'adore Jésus (est-ce vraiment celui des chrétiens ?).
Évidemment, l'ensemble décoiffe : tous les croyants ne sont pas encore prêts à admettre que Marie a eu d'autres enfants que Jésus (c'est pourtant écrit dans les Évangiles), ou que Jésus était d'abord un juif. Or ce livre, coordonné par Christine Pedotti, directrice déléguée de la rédaction de Témoignage chrétien, est dirigé par un grand prélat, l'ancien archevêque de Strasbourg, monseigneur Joseph Doré*, par ailleurs théologien. Pourquoi s'est-il lancé dans cette aventure ? Et que pense donc l'Église de cette dissection de la figure du Christ ?
Le Point : Un théologien qui a occupé de hautes fonctions dans l'Église et qui dirige une somme sur Jésus dans tous ses états, historique, bien sûr, mais aussi psychanalytique, poétique, etc. Ernest Renan doit se retourner dans sa tombe ! Il a perdu sa chaire au Collège de France pour moins que cela !
Mgr Joseph Doré : Pourquoi ? Avec l'éditeur Albin Michel, nous avons voulu faire le point sur l'état actuel des connaissances sur Jésus. L'occasion de s'interroger sur la validité des témoignages et des premiers écrits qui le concernent et qui apparaissent dès la seconde moitié du Ier siècle. Comment ont-ils vu Jésus ? Pourquoi nous ont-ils livré ces récits à maints égards si différents entre eux que sont les évangiles ?
Reconnaissez que l'Église a beaucoup résisté à aborder la vie et le personnage de Jésus d'un point de vue historique…
C'est vrai. Mais il ne faut pas oublier que la science historique n'est née qu'à partir de la fin du XVIIIe siècle. Ni que Richard Simon, qui était oratorien, a été l'un des premiers à se lancer dans la critique biblique avec L'Histoire critique du Vieux Testament. Ni que Renan lui-même, dont la Vie de Jésus, publié en 1863, a effectivement fait scandale, avait été formé au séminaire. Par la suite, des religieux catholiques se sont distingués par un travail critique et historique considérable. Ainsi le dominicain Marie-Joseph Lagrange, qui fonde dès 1920 l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, aujourd'hui l'un des centres de recherche les plus importants sur les questions bibliques.
Mais ses travaux ont été interdits en 1907 puis en 1911 et l'approche critique de la Bible condamnée en 1920 par l'encyclique Spiritus Paraclitus de Benoît XV. Qu'est-ce qui a fait évoluer l'Église ?
Le travail des chercheurs, historiens et archéologues a fini par faire évoluer les mentalités… En un premier temps, dans le cadre de ce qu'on a appelé en allemand la Lebenjesuforschung, la recherche sur la vie de Jésus, on s'est proposé de dégager Jésus de la gangue de croyance dont, estimait-on, il avait été enrobé, pour restituer le « vrai Jésus de l'histoire ». Cette quête commence dès le XVIIIe s. avec H.-S. Reimarus, dont les travaux sont publiés en 1774 et 1778. En 1835, La Vie de Jésus de David Strauss, pour qui les évangiles racontent un pur mythe, marque ensuite une étape fondamentale. Renan s'inscrit dans cette démarche.
En 1906, Albert Schweitzer, que le grand public connaît pour son action de médecin contre la lèpre, mais qui fut aussi un grand théologien protestant, publie une histoire de toutes ces « histoires de Jésus » qui sonne comme un aveu d'échec… Impossible de savoir qui fut vraiment Jésus ?
Albert Schweitzer démontre effectivement qu'au lieu de nous fournir la vérité historique sur Jésus, la Lebenjesuforschung a abouti à présenter une grande diversité de Jésus : un diseur de paraboles, un agitateur politique, un doux rêveur galiléen, etc. On en apprend en fait plus sur ceux qui écrivent sur Jésus que sur Jésus lui-même ! C'est que la science historique n'est pas une science dure : elle interprète toujours, en fonction des « pré-compréhensions » de celui qui l'écrit. Prenant son parti de la chose, on a alors cherché à mieux cerner les conditions dans lesquelles les évangiles ont été écrits et à se contenter d'une telle approche. Ce fut la Formgeschichtlicheschule, l'école de l'histoire des formes, dont le grand nom est le théologien luthérien Rudolf Bultmann.
On est parti du principe que lorsqu'un texte fait état d'un fait ou d'un dit qui ne peut qu'embarrasser celui qui le rapporte, il ne peut s'agir que d'une donnée historique
Qu'ont apporté cette étude du contexte historique général, mais aussi celle des centaines de manuscrits et parchemins qui ont été mis au jour aux XIXe et XXe siècles ?
Un apport crucial : elle a permis de mieux connaître les premières communautés chrétiennes, de comprendre les « formes » de leurs préoccupations, leurs convictions, ainsi que leur organisation.
Ce n'est pourtant que dans les années cinquante et soixante du XXe siècle que l'on va inventer des méthodes d'analyse critique toujours utilisées aujourd'hui…
Il fallait en effet trouver les moyens de faire le tri entre ce qui avait effectivement pu être dit et fait par Jésus, et ce que les textes nous rapportent à son sujet. C'est ce qu'a tenté de faire toute une « nouvelle quête de Jésus », dont l'Américain John Meier a assez bien résumé l'apport dans son grand ouvrage Un certain juif. Jésus, toujours en cours de traduction aux éditions du Cerf. Ainsi, par exemple, on est parti du principe que lorsqu'un texte fait état d'un fait ou d'un dit qui ne peut qu'embarrasser celui qui le rapporte, il ne peut s'agir que d'une donnée historique. Les gens n'aiment pas parler contre leur cause, n'est-ce pas ?
Un exemple ?
Le baptême de Jésus par Jean Baptiste. On sait en effet par Matthieu, qui écrit vers 80, que la concurrence était alors forte entre les chrétiens et les disciples du Baptiste. Pourquoi rapporter un tel fait, où celui qui est supposé être le Fils de Dieu recevait le baptême de son concurrent, si cela n'était pas « vrai » ?
Mais pourquoi est-il si important pour l'Église que Marie ait été vierge ?
Le Nouveau Testament est net sur ce point : Dieu est le père de Jésus, et Marie sa mère était donc vierge avant l'enfantement. En réalité, on nous donne à comprendre que la manière dont Jésus est entré dans l'histoire par sa naissance de Marie est aussi extraordinaire et mystérieuse que celle dont il a quitté la même histoire par sa victoire sur la mort.
Jésus est né entre 4 et 7 ans avant le début de notre ère et il est mort sur une croix le 7 avril 30, après un procès bâclé conduit par le préfet romain Pilate
Et la résurrection ? Certaines traditions font état d'un tombeau vide, d'autres parlent de la résurrection sans évoquer le tombeau. Qui croire ?
Disons plutôt « que comprendre » ? Ce que l'on peut en dire, c'est que le vide du tombeau n'a pas été inventé pour prouver une résurrection de Jésus, puisqu'on peut le mentionner sans parler d'une résurrection ! Quant à cette résurrection, pour percevoir ce dont il s'agit, il faut lire attentivement les textes qui en font état et s'intéresser au contexte dans lequel ils ont été écrits. Ceux qui en Israël attendaient une résurrection la concevaient alors comme la fin du monde, comportant sa transmutation générale. Or les disciples évoquent un phénomène qui concerne le seul Jésus ; ils n'appliquaient donc pas là un schème préconçu… Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Interrogeant méthodiquement les textes, exégètes et historiens s'efforcent d'éclairer en quoi ont pu consister ces expériences, totalement inattendues d'eux et appelées « apparitions », qui les ont conduits à annoncer que Jésus était de nouveau vivant.
Mais concrètement, que sait-on de Jésus aujourd'hui ?
Il est né entre 4 et 7 ans avant le début de notre ère et il est mort sur une croix le 7 avril 30, après un procès bâclé conduit par le préfet romain Pilate. Il était techton, c'est-à-dire qu'il travaillait des matériaux durs. Charpentier ? Peut-être. Il ne serait pas monté à Jérusalem une seule fois, mais trois, à chaque fois pour la Pâque. Il parlait l'araméen et lisait l'hébreu… Les nouvelles méthodes historiques permettent par ailleurs de tenir pour assurés un certain nombre de ses paroles et de ses actes, qui tous conduisent à s'interroger sur son identité en soulevant la question du type de lien qu'il pouvait avoir avec Dieu.
Pourquoi l'histoire est-elle importante pour vous en tant que théologien ?
Non seulement elle prouve que Jésus a existé, mais elle indique comment ses disciples en sont venus, justement, à s'interroger sur son lien avec Dieu. Cela dit, pourquoi, si Dieu est son père, a-t-il laissé ainsi mourir son fils ? Peut-être parce que sa puissance n'est pas du même ordre que ce que nous concevons, nous, comme étant la puissance ? La proposition du Nouveau Testament est de considérer qu'il s'agit d'une puissance à comprendre tout entière dans l'ordre de l'amour. Mais n'en faisons pas mystère : admettre cela ne peut évidemment plus résulter de la seule recherche historique. Est alors en cause une décision de foi.
* Joseph Doré, aujourd'hui retraité, a été, outre ses fonctions dans la hiérarchie ecclésiastique, professeur à l'Institut catholique de Paris. Il a fondé et dirigé chez Desclée/Mame les collections Jésus et Jésus-Christ et La Nuée Bleue.
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