Deux questionnaires d'une vingtaine de pages ont été distribués aux élèves du primaire et du secondaire en Corse. Intitulés "La diversité en Corse", ils portent sur la religion et la langue que les enfants pratiquent chez eux, ou encore sur leurs habitudes alimentaires. "Corse Matin" a eu accès à ces documents.
"Est-ce que tu en crois en Allah, Dieu, Yahvé ?" ; "Est-ce que ta mère croit en Allah, Dieu, Yahvé ?" ; "Est-ce que ton père croit en Allah, Dieu, Yahvé ?". Voici trois des questions qui figurent dans deux formulaires intitulés "La diversité en Corse", distribués dans les établissements du primaire et du secondaire de la péninsule, auxquels Corse Matin a eu accès.
Le quotidien publie ce dimanche 19 mars une enquête autour de ces étranges questionnaires. L’un est destiné aux élèves des écoles primaires, le second aux collégiens et lycéens. "Elaboré par les enseignants-chercheurs de l'Università di Corsica", comme la première page du document le précise, tous deux émanent de l’Ecole supérieure du professorat de l’éducation de Corse (ESPE) (ancien IUFM, qui forme les professeurs des écoles) et ont été réalisés à la demande du président de l’assemblée de Corse nationaliste, Jean-Guy Talamoni, dans le cadre d’une commission chargée de travailler sur la diversité culturelle.
Les élèves doivent répondre anonymement aux 70 questions étalées sur 21 pages. Et le caractère de certaines d’entre elles laisse sans voix. Ainsi, les questions 25 à 50 les interrogent exclusivement sur la langue qu’ils pratiquent "à la maison" avec leur entourage, mais aussi sur celle que les membres de leur famille parlent, écrivent, comprennent…
"Pendant le Ramadan, manges-tu dans la journée ?"
Quant aux questions 51 à 60, elles sont dédiées aux pratiques religieuses des élèves et de leur famille. "Est-ce que tu en crois en Allah, Dieu, Yahvé ?" ; "Pendant le Ramadan, manges-tu dans la journée ?". A la question : "Dans la vie de tous les jours, est-ce que tu manges ?", les élèves ont un choix de sept réponses, parmi lesquelles figurent "cachère" et "hallal".
Officiellement, ce document est destiné à la "réalisation d'un état des lieux quantitatif rendu indispensable pour évaluer l'importance de chacun des groupes culturels au sein de la population". Mais des élus, syndicats d’enseignants et professionnels de l’éducation protestent. "Des questions sur l'orientation de la religion ou la vie privée des élèves n'ont rien à faire dans un système éducatif laïc et républicain", Fabien Mineo, secrétaire du SNUIPP, dans les colonnes de Corse Matin. "Nous sommes clairement en dehors des clous. En tant que fonctionnaires, il nous est absolument impossible de proposer à des enfants de répondre à ce type d'enquête."
"Ce n'est pas digne d'un questionnaire destiné à des scolaires, s'indigne de son côté la FSU. On essaie de mettre en oeuvre une politique éducative comme si la Corse était un Etat. Nous sommes une région, au sein de laquelle les règles nationales s'appliquent''.
"Je me demande comment l'université de Corse a pu s'associer à ce dérapage et surtout pourquoi l'Éducation nationale le cautionne ?", a déclaré François Tatti, le président (DVG) de l'agglomération de Bastia et conseiller territorial, dans un communiqué publié sur son compte Twitter. "Je vais demander solennellement à la ministre de l'Éducation nationale d'interdire la diffusion de ce questionnaire dans les écoles de la République."
Par Manon Gauthier-Faure
Marianne
"Est-ce que tu en crois en Allah, Dieu, Yahvé ?" ; "Est-ce que ta mère croit en Allah, Dieu, Yahvé ?" ; "Est-ce que ton père croit en Allah, Dieu, Yahvé ?". Voici trois des questions qui figurent dans deux formulaires intitulés "La diversité en Corse", distribués dans les établissements du primaire et du secondaire de la péninsule, auxquels Corse Matin a eu accès.
Le quotidien publie ce dimanche 19 mars une enquête autour de ces étranges questionnaires. L’un est destiné aux élèves des écoles primaires, le second aux collégiens et lycéens. "Elaboré par les enseignants-chercheurs de l'Università di Corsica", comme la première page du document le précise, tous deux émanent de l’Ecole supérieure du professorat de l’éducation de Corse (ESPE) (ancien IUFM, qui forme les professeurs des écoles) et ont été réalisés à la demande du président de l’assemblée de Corse nationaliste, Jean-Guy Talamoni, dans le cadre d’une commission chargée de travailler sur la diversité culturelle.
Les élèves doivent répondre anonymement aux 70 questions étalées sur 21 pages. Et le caractère de certaines d’entre elles laisse sans voix. Ainsi, les questions 25 à 50 les interrogent exclusivement sur la langue qu’ils pratiquent "à la maison" avec leur entourage, mais aussi sur celle que les membres de leur famille parlent, écrivent, comprennent…
"Pendant le Ramadan, manges-tu dans la journée ?"
Quant aux questions 51 à 60, elles sont dédiées aux pratiques religieuses des élèves et de leur famille. "Est-ce que tu en crois en Allah, Dieu, Yahvé ?" ; "Pendant le Ramadan, manges-tu dans la journée ?". A la question : "Dans la vie de tous les jours, est-ce que tu manges ?", les élèves ont un choix de sept réponses, parmi lesquelles figurent "cachère" et "hallal".
Officiellement, ce document est destiné à la "réalisation d'un état des lieux quantitatif rendu indispensable pour évaluer l'importance de chacun des groupes culturels au sein de la population". Mais des élus, syndicats d’enseignants et professionnels de l’éducation protestent. "Des questions sur l'orientation de la religion ou la vie privée des élèves n'ont rien à faire dans un système éducatif laïc et républicain", Fabien Mineo, secrétaire du SNUIPP, dans les colonnes de Corse Matin. "Nous sommes clairement en dehors des clous. En tant que fonctionnaires, il nous est absolument impossible de proposer à des enfants de répondre à ce type d'enquête."
"Ce n'est pas digne d'un questionnaire destiné à des scolaires, s'indigne de son côté la FSU. On essaie de mettre en oeuvre une politique éducative comme si la Corse était un Etat. Nous sommes une région, au sein de laquelle les règles nationales s'appliquent''.
"Je me demande comment l'université de Corse a pu s'associer à ce dérapage et surtout pourquoi l'Éducation nationale le cautionne ?", a déclaré François Tatti, le président (DVG) de l'agglomération de Bastia et conseiller territorial, dans un communiqué publié sur son compte Twitter. "Je vais demander solennellement à la ministre de l'Éducation nationale d'interdire la diffusion de ce questionnaire dans les écoles de la République."
Par Manon Gauthier-Faure
Marianne
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