Un prosélytisme virulent, un zèle outrancier de néophytes nourris d’interprétations tendancieuses et d’une «lecture» fortement étriquée des saints préceptes de l’islam ont fini par accréditer des réactions délétères qui font le lit d’un extrémisme terroriste et d’un radicalisme porté jusqu’à l’incandescence. Le phénomène est devenu transfrontalier, accablant une certaine jeunesse obnubilée par le chant des sirènes de thèses mystificatrices qui sèment malheurs et tragédies. Ce n’est donc pas sans raison que les pouvoirs publics ont pris l’exacte mesure des dangers, et sont conscients des efforts à déployer pour imposer le primat d’un discours équilibré, fait de modération et de tolérance qui réconcilie la vraie foi et la raison. Il faut donc rendre grâce aux nombreuses initiatives accomplies par le ministère du culte pour promouvoir des modes de coordination entre les mosquées et les médias, et produire un discours religieux cohérent. Il s’agit d’un pragmatisme avisé. À ce titre, le rôle et l’apport des vecteurs de communication, surtout audiovisuels, sont d’une extrême utilité. À l’ère des technologies de l’information satellitaires, le journaliste est convié nécessairement à être crédible, car le public, ou le citoyen lambda, est soumis à une espèce de surinformation permanente, que seul un sens de l’éthique et de la déontologie peut canaliser. Aussi, la nécessité d’instaurer une charte de déontologie pour l’activité religieuse au sein des médias, en coordination avec les chaînes télévisées activant dans les secteurs public et privé, viendra, opportunément, éliminer progressivement des téléprêcheurs, tribuns incisifs qui s’introduisent quotidiennement dans les foyers distillant des serments qui ne sont pas souvent conformes à nos référents religieux. Le devoir de vigilance s’impose avec force, car le flot continuel des images et des causeries, «tombé» du ciel à profusion, abonde constamment dans le registre des diatribes et des vulgates véhémentes, des appels ouverts à l’intolérance, au raffermissement d’un machisme éculé. Le tout essentialisé autour d’un fallacieux «retour» à la religion, masquant maladroitement des raisons et des enjeux profanes. Le comble est qu’aux yeux de beaucoup de citoyens, ces «missionnaires» au ton fougueux, à la verve intarissable, à la mimique réglée comme du papier à musique, abusant jusqu’à l’excès des techniques les plus éprouvées de la propagande, font figure de «stars de l’écran», faussement drapées du lin blanc de la probité, se faisant, toutefois, grassement rémunérées. Ces prédicateurs ont l’ambition inextinguible de régenter les esprits, et s’érigent en tuteurs patentés et incontestés des âmes et des consciences. Inutile de dire que cette entreprise risque de provoquer des réfractions identitaires, une fragmentation des sociétés. Face à cela, il convient d’orchestrer une riposte qui ne soit pas un simple exercice de vœux pieux, un composé d’initiatives ponctuelles jamais suivi d’effet. L’attentisme, la négligence ou l’indifférence sont, en cette occurrence, de mauvais conseils. On ne s’empêchera jamais de mettre l’accent sur la formation continue des acteurs du discours religieux dans les médias.
EL MOUDJAHID
EL MOUDJAHID
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