Mardi 23 Janvier 2007
Il s’en est allé, hier, à l’âge de 94 ans, à l’hôpital du Val-de-Grâce, où il avait été admis pour une infection pulmonaire. L’abbé Pierre ne promènera plus sa silhouette fugitive sur les scènes médiatico-politiques qui recherchaient et redoutaient, tout à la fois, ses coups de gueule devenus célèbres.
Le fondateur d’Emmaüs, le Défenseur des pauvres, sacralisé en cet hiver 1954 par une opinion française qui apprécia son combat en faveur des opprimés et des laissés-pour-compte, avait défrayé la chronique en 1996, lorsque son ami Roger Garaudy fut traduit en justice pour négationnisme, à la suite de la publication d’un livre consacré aux «mythes fondateurs de la politique israélienne».
Parce qu’il proclamait son soutien à l’ami de toujours, l’abbé Pierre allait être confronté à un véritable lynchage médiatique qui sera couronné par son exclusion du comité d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). Ne pouvant endurer l’énorme pression qui s’était abattue sur lui, il dut se résoudre à un exil de plus d’un an, en Suisse.
Au plus fort de la cabale orchestrée contre lui par le lobby sioniste français, l’abbé Pierre a pourtant consenti une condamnation des tentatives pour «nier, banaliser ou falsifier la «Shoah», tout en maintenant son appréciation du livre de Garaudy. La blessure fut telle qu’il accepta l’invite du cardinal Lustiger lui intimant l’ordre de se retirer de la vie médiatique. Ainsi, le premier des Justes a-t-il appris à ses dépens combien il en coûte de «mettre en cause un tabou» et combien reste floue la frontière entre antisémitisme, antisionisme et critique de la politique d’Israël.
Par son soutien à la guerre de libération nationale du peuple algérien, par son engagement aux côtés des communautés immigrées en proie au racisme et à la ghettoïsation, par la mobilisation de son organisation Emmaüs au profit des sinistrés de Boumerdès, par son regard sur l’amère réalité du peuple palestinien en situation d’apartheid, selon le constat de l’ancien président américain Jimmy Carter, lui aussi devenu la cible privilégiée du lobby sioniste des Etats-Unis, l’abbé Pierre, qui fut proche du cardinal Duval, rencontré en 1963, mérite la reconnaissance et l’hommage de tous les «damnés de la terre».
Plus que tout autre, dans son pays, il réconcilie, en effet, par son parcours infatigable et par son discours courageux, la conscience universelle avec la France des droits de l’Homme. Plus que tout autre, il a su incarner «l’esprit de la Révolution contre la misère, la souffrance et l’injustice».
Incontestablement, la France perd en lui «une immense figure, une conscience, une incarnation de la bonté». Indubitablement, les militants d’une conscience des deux rives et du dialogue des civilisations peuvent aujourd’hui se considérer en deuil car il fut, sans bruit ni folklore, ardemment un des leurs.
Source la Tribune;
Par Azzedine Chabane
Relayé par
Henri Thoa
Il s’en est allé, hier, à l’âge de 94 ans, à l’hôpital du Val-de-Grâce, où il avait été admis pour une infection pulmonaire. L’abbé Pierre ne promènera plus sa silhouette fugitive sur les scènes médiatico-politiques qui recherchaient et redoutaient, tout à la fois, ses coups de gueule devenus célèbres.
Le fondateur d’Emmaüs, le Défenseur des pauvres, sacralisé en cet hiver 1954 par une opinion française qui apprécia son combat en faveur des opprimés et des laissés-pour-compte, avait défrayé la chronique en 1996, lorsque son ami Roger Garaudy fut traduit en justice pour négationnisme, à la suite de la publication d’un livre consacré aux «mythes fondateurs de la politique israélienne».
Parce qu’il proclamait son soutien à l’ami de toujours, l’abbé Pierre allait être confronté à un véritable lynchage médiatique qui sera couronné par son exclusion du comité d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). Ne pouvant endurer l’énorme pression qui s’était abattue sur lui, il dut se résoudre à un exil de plus d’un an, en Suisse.
Au plus fort de la cabale orchestrée contre lui par le lobby sioniste français, l’abbé Pierre a pourtant consenti une condamnation des tentatives pour «nier, banaliser ou falsifier la «Shoah», tout en maintenant son appréciation du livre de Garaudy. La blessure fut telle qu’il accepta l’invite du cardinal Lustiger lui intimant l’ordre de se retirer de la vie médiatique. Ainsi, le premier des Justes a-t-il appris à ses dépens combien il en coûte de «mettre en cause un tabou» et combien reste floue la frontière entre antisémitisme, antisionisme et critique de la politique d’Israël.
Par son soutien à la guerre de libération nationale du peuple algérien, par son engagement aux côtés des communautés immigrées en proie au racisme et à la ghettoïsation, par la mobilisation de son organisation Emmaüs au profit des sinistrés de Boumerdès, par son regard sur l’amère réalité du peuple palestinien en situation d’apartheid, selon le constat de l’ancien président américain Jimmy Carter, lui aussi devenu la cible privilégiée du lobby sioniste des Etats-Unis, l’abbé Pierre, qui fut proche du cardinal Duval, rencontré en 1963, mérite la reconnaissance et l’hommage de tous les «damnés de la terre».
Plus que tout autre, dans son pays, il réconcilie, en effet, par son parcours infatigable et par son discours courageux, la conscience universelle avec la France des droits de l’Homme. Plus que tout autre, il a su incarner «l’esprit de la Révolution contre la misère, la souffrance et l’injustice».
Incontestablement, la France perd en lui «une immense figure, une conscience, une incarnation de la bonté». Indubitablement, les militants d’une conscience des deux rives et du dialogue des civilisations peuvent aujourd’hui se considérer en deuil car il fut, sans bruit ni folklore, ardemment un des leurs.
Source la Tribune;
Par Azzedine Chabane
Relayé par
Henri Thoa
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