Par Nissim Behar, à Tel-Aviv — 28 juin 2016 à 17:25
Interdite de voir ses enfants parce qu'elle avait quitté une secte hassidique, Esti Weinstein, avant de mettre fin à ses jours, a écrit un témoignage sur la vie chez les «craignant Dieu».
Le témoignage-testament d'une ex-ultraorthodoxe bouleverse Israël
A priori, personne n’aurait jamais dû entendre parler d’Esti Weinstein, une quinquagénaire mère de sept enfants, dont le corps sans vie a été retrouvé dimanche à Ashdod (sud de Tel-Aviv) après plusieurs jours de recherches. Or, la mort de cette ancienne ultraorthodoxe devenue laïque rouvre le débat passionné qui oppose les laïcs aux religieux depuis la création de l’Etat hébreu.
En effet, avant de mettre fin à ses jours, Esti Weinstein a rédigé un manuscrit de 183 pages intitulé «Faire sa volonté» et racontant de l’intérieur la vie chez les «haredim», les «craignant Dieu». Un récit poignant dont les extraits publiés dans les journaux bouleversent l’opinion israélienne.
Chez la plupart des ultraorthodoxes, toute personne devenant laïque est considérée comme morte. Les membres de sa famille coupent leurs liens avec elles. Certains organisent un enterrement symbolique et portent le deuil. Il y a huit ans, c’est exactement ce qui est arrivé à Esti Weintein : d’un jour à l’autre, ses parents, ses proches et ses amis d’alors lui ont fermé leur porte. Elle a également été privée de contact avec six de sept filles puisque l’une d’entre elles baptisée Tami a suivi le même parcours qu’elle.
Certes, au fil du temps, Esti Weinstein s’est adaptée à la vie laïque mais le fait de ne plus voir ses parents et ses enfants lui est devenu insupportable. «C’est dans cette ville que j’ai donné naissance à mes filles et c’est dans cette ville que je meurs en raison de mes filles», a-t-elle écrit la main tremblante peu avant de se suicider.
Dans son manuscrit achevé, elle décrit la rigueur oppressante qui prévaut dans la secte hassidique de Gur à laquelle sa famille appartient. Elle raconte comment elle a été mariée à 17 ans avec un jeune homme qu’elle n’avait rencontré qu’une fois. Un autre ultraorthodoxe dont le seul souci était qu’elle respecte les «takanot», les «principes» en vigueur chez les hassidim de Gur. Grosso modo, il lui était demandé de se taire, de s’occuper du ménage, et de se transformer en poule pondeuse avec un enfant par an moyenne. C’est ce «chidouh» (mariage arrangé) et l’anachronisme d’une vie rythmée par l’observance stricte des traditions sous la houlette de rabbins omniprésents qui ont poussé Esti Weinstein à «trahir» sa communauté pour devenir laïque. En sachant que le prix serait lourd à payer.
Etrangement, en apprenant sa mort, les membres de la famille Weinstein ont oublié qu’ils avaient rompu avec elle. Ils ont exigé de pouvoir organiser l’enterrement selon les préceptes du judaïsme. Avec des prières et en présence d’un rabbin. Cela, alors que la principale intéressée voulait des funérailles «différentes». Puisque les premiers ne voulaient pas céder et que la mise en terre devait se dérouler rapidement, les amis laïcs d’Esti Weintein se sont alors mobilisés. Pendant que les plus déterminés faisaient barrage pour empêcher le départ de l’ambulance transportant le corps, sa fille Tami a introduit une requête urgente devant le tribunal des affaires familiales de Tel-Aviv.
Ce n’était pas gagné d’avance mais elle a obtenu gain de cause. Esti Weinstein a donc été mise en terre ce mardi comme elle le souhaitait. En présence de centaines de laïcs venus chanter pour elle mais en l’absence de sa famille et de six de ses enfants. Qui devaient organiser une deuxième cérémonie dans l'intimité tout de suite après.
Nissim Behar à Tel-Aviv
Interdite de voir ses enfants parce qu'elle avait quitté une secte hassidique, Esti Weinstein, avant de mettre fin à ses jours, a écrit un témoignage sur la vie chez les «craignant Dieu».
Le témoignage-testament d'une ex-ultraorthodoxe bouleverse Israël
A priori, personne n’aurait jamais dû entendre parler d’Esti Weinstein, une quinquagénaire mère de sept enfants, dont le corps sans vie a été retrouvé dimanche à Ashdod (sud de Tel-Aviv) après plusieurs jours de recherches. Or, la mort de cette ancienne ultraorthodoxe devenue laïque rouvre le débat passionné qui oppose les laïcs aux religieux depuis la création de l’Etat hébreu.
En effet, avant de mettre fin à ses jours, Esti Weinstein a rédigé un manuscrit de 183 pages intitulé «Faire sa volonté» et racontant de l’intérieur la vie chez les «haredim», les «craignant Dieu». Un récit poignant dont les extraits publiés dans les journaux bouleversent l’opinion israélienne.
Chez la plupart des ultraorthodoxes, toute personne devenant laïque est considérée comme morte. Les membres de sa famille coupent leurs liens avec elles. Certains organisent un enterrement symbolique et portent le deuil. Il y a huit ans, c’est exactement ce qui est arrivé à Esti Weintein : d’un jour à l’autre, ses parents, ses proches et ses amis d’alors lui ont fermé leur porte. Elle a également été privée de contact avec six de sept filles puisque l’une d’entre elles baptisée Tami a suivi le même parcours qu’elle.
Certes, au fil du temps, Esti Weinstein s’est adaptée à la vie laïque mais le fait de ne plus voir ses parents et ses enfants lui est devenu insupportable. «C’est dans cette ville que j’ai donné naissance à mes filles et c’est dans cette ville que je meurs en raison de mes filles», a-t-elle écrit la main tremblante peu avant de se suicider.
Dans son manuscrit achevé, elle décrit la rigueur oppressante qui prévaut dans la secte hassidique de Gur à laquelle sa famille appartient. Elle raconte comment elle a été mariée à 17 ans avec un jeune homme qu’elle n’avait rencontré qu’une fois. Un autre ultraorthodoxe dont le seul souci était qu’elle respecte les «takanot», les «principes» en vigueur chez les hassidim de Gur. Grosso modo, il lui était demandé de se taire, de s’occuper du ménage, et de se transformer en poule pondeuse avec un enfant par an moyenne. C’est ce «chidouh» (mariage arrangé) et l’anachronisme d’une vie rythmée par l’observance stricte des traditions sous la houlette de rabbins omniprésents qui ont poussé Esti Weinstein à «trahir» sa communauté pour devenir laïque. En sachant que le prix serait lourd à payer.
Etrangement, en apprenant sa mort, les membres de la famille Weinstein ont oublié qu’ils avaient rompu avec elle. Ils ont exigé de pouvoir organiser l’enterrement selon les préceptes du judaïsme. Avec des prières et en présence d’un rabbin. Cela, alors que la principale intéressée voulait des funérailles «différentes». Puisque les premiers ne voulaient pas céder et que la mise en terre devait se dérouler rapidement, les amis laïcs d’Esti Weintein se sont alors mobilisés. Pendant que les plus déterminés faisaient barrage pour empêcher le départ de l’ambulance transportant le corps, sa fille Tami a introduit une requête urgente devant le tribunal des affaires familiales de Tel-Aviv.
Ce n’était pas gagné d’avance mais elle a obtenu gain de cause. Esti Weinstein a donc été mise en terre ce mardi comme elle le souhaitait. En présence de centaines de laïcs venus chanter pour elle mais en l’absence de sa famille et de six de ses enfants. Qui devaient organiser une deuxième cérémonie dans l'intimité tout de suite après.
Nissim Behar à Tel-Aviv