Le début de la faim
Le jeûne (SIYAM, ou SAWM), finalement placé au mois de ramadan a pour but de renforcer la cohésion d’une communauté religieuse par la contrainte d’une commune obligation qui concerne forcément l’humanité toute entière, par l’alimentation: le croyant est physiologiquement un tube digestif, pourvu quelquefois d’autres organes.
La religion musulmane use sans restriction de la méthode, efficace puisqu’elle implique le corps, l’asservit à une discipline insensée et affaiblit la capacité de raisonnement. Un de ses motifs plus ou moins avoués est aussi d’affaiblir sexuellement les jeunes hommes qui n’en peuvent plus de la frustration que leur impose la société (l’argument a servi au christianisme aussi). A l’intention des infidèles, l’on clamera plutôt des mots comme patience, spiritualité, fraternité, modestie, etc… Mais dans toute chose, il y a des apparences et des réalités, une théorie et une réalité.
Le jeûne procure aussi à celui qui s’y adonne le sentiment qu’il est proche de ceux qui souffrent avec lui, qu’il est distinct de ceux qui ne jeûnent pas et forcément supérieur, puisque lui-même surmonte une épreuve: le bienfait issu de la souffrance n’est pas, comme diraient des théologiens, des chrétiens et des naïfs, une attitude de proximité du divin. Franz Kafka avait écrit une nouvelle intitulée “Un champion de jeûne” qui décrivait à merveille le phénomène. Face aux adversaires, aux infidèles, le mois sera l’occasion d’exhiber son contrôle de soi-même, proclamé urbi et orbi, sans rappeler tous les à-côtés putrides de la pratique.
Le plan strictement physiologique
Sur le plan strictement physiologique, le jeûne est une attitude irresponsable et dangereuse, absurde et aberrante: le corps subit rapidement les effets du sevrage alimentaire et les capacités intellectuelles sont les premières à être touchées. L’apport calorique au moment de la rupture du jeûne[2] est énorme, difficilement assimilable et il coïncide avec la période de sommeil où le corps ne peut pas évacuer cet apport. La période de ramadan est donc celle de l’insomnie, de l’asthénie, de l’épuisement, de l’obsession alimentaire et des achats compulsifs, des carences, de la goinfrerie, de la prise de poids, des conséquences de la déshydratation, des problèmes cardio-vasculaires et des désagréments intestinaux: la constipation fait alors des ravages et chacun sait que c’est un mal qui, en plus, rend méchant.
Si le rite est adapté aux sociétés de subsistance ou un peu plus, la rencontre avec la société de consommation est catastrophique. Il devient difficile de faire cohabiter jeûne obligatoire et ouverture des supermarchés dans des pays arabo-musulmans qui, souvent, n’ont d’autre activité culturelle collective que la visite de grandes surfaces climatisées, et où la nourriture fait office de loisir principal, qu’elle soit fabriquée ou consommée.
C’est donc un problème de santé publique à dimension mondiale. Il était autrefois réservé aux pays musulmans et contribuait à les faire végéter dans une indolence périodique qui avait tendance, d’ailleurs, à se prolonger le reste de l’année. Mais les effets de la mondialisation et des migrations se font aussi sentir dans les autres territoires qui ne sont pas soumis encore à cette règle.
Le plan social
Sur le plan social, le ramadan est la période des crises de nerfs, des disputes, des accidents du travail et de la route, des pertes de contrôle et d’une hausse spectaculaire de la délinquance. Les statistiques à ce sujet commencent peu à peu à apparaître et elles sont sans appel. En Turquie, même à la télévision, on commence à les voir apparaître.
Dans les grandes villes européennes, les ruptures de jeûne sont aussi l’occasion de manifestations peu tolérantes et sympathiques au possible.
Le jeûne s’est superposé au mois de ramadan qui était déjà un des quatre mois sacrés pour les Arabes d’avant l’islamisme. Il correspond alors à un moment particulièrement chaud de l’année. La racine sémitique r-m-d évoque la chaleur et plus spécialement la chaleur brûlante du sable (sur la plante des pieds sans doute!) et tous les Arabes de l’époque doivent en voir le souvenir cuisant. La contrition du corps à ce moment de l’année est, là encore, une épreuve supplémentaire.
Le mois a été choisi, on le verra, parce qu’il comportait auparavant un jeûne juif, celui de l’ashura, qu’il a fallu masquer par un autre jeûne massif. Comme il est défini par le calendrier arabe, qui est lunaire, il est en décalage constant avec le calendrier solaire, tout de même plus efficace et représentatif de l’évolution climatique. En gros, il y a chaque année un décalage d’environ 10 jours vers l’avant. L’observation du premier croissant de lune du mois marque le début. Comme cela n’arrive pas en même temps partout, le début est toujours l’occasion d’une joyeuse cacophonie. Les plus obtus choisissent d’obéir à l’horaire saoudien…
On inculque souvent aux pauvres populations musulmanes, comme à des enfants, la fable de la commémoration de l’Hégire et de ce pauvre prophète en fuite, obligé de jeûner le jour et de se cacher, puis de grignoter des dattes: une sorte de chemin de croix, de calvaire, de traversée du désert. Hélas, le conte a eu ses adeptes et si l’on interrogeait les foules, elles débiteraient vite la sornette des dattes du prophète. S’ils savaient que ce qu’ils font est une transposition de l’exemple du Christ répandu dans les légendes populaires chrétiennes…
Une fête ininterrompue
De jeûne, très vite, le ramadan est devenu une sorte de festivité interminable où les rythmes biologiques sont inversés, puisque l’on vit la nuit et que l’on dort le jour, ou que l’on somnole. Ainsi est marquée, en plus, la rupture dans la vie quotidienne avec les infidèles et ceux-ci n’ont qu’à s’adapter et à en payer le prix. Si l’on ne mange pas, si l’on ne boit pas, on passe son temps à tricher, à s’alimenter en cachette, à acheter, à faire la cuisine. Le bilan énergétique et pécuniaire pour l’individu comme pour la communauté est catastrophique.
Le rite du jeûne diurne et collectif ne peut fonctionner que si une partie de la population ne le fait pas et ne doit pas le faire. Si la société musulmane qui le pratique soumet diverses communautés ou pratique l’esclavage, alors l’activité se maintient ; mais si ces sociétés sont livrées à elles-même ou au dieu Pétrole, alors rien ne va plus. Dans les pays d’accueil, la sécurité sociale (et en général tous les systèmes de protection sociale et de santé) se charge avec générosité de compenser les pertes subies.
Le jeûne (SIYAM, ou SAWM), finalement placé au mois de ramadan a pour but de renforcer la cohésion d’une communauté religieuse par la contrainte d’une commune obligation qui concerne forcément l’humanité toute entière, par l’alimentation: le croyant est physiologiquement un tube digestif, pourvu quelquefois d’autres organes.
La religion musulmane use sans restriction de la méthode, efficace puisqu’elle implique le corps, l’asservit à une discipline insensée et affaiblit la capacité de raisonnement. Un de ses motifs plus ou moins avoués est aussi d’affaiblir sexuellement les jeunes hommes qui n’en peuvent plus de la frustration que leur impose la société (l’argument a servi au christianisme aussi). A l’intention des infidèles, l’on clamera plutôt des mots comme patience, spiritualité, fraternité, modestie, etc… Mais dans toute chose, il y a des apparences et des réalités, une théorie et une réalité.
Le jeûne procure aussi à celui qui s’y adonne le sentiment qu’il est proche de ceux qui souffrent avec lui, qu’il est distinct de ceux qui ne jeûnent pas et forcément supérieur, puisque lui-même surmonte une épreuve: le bienfait issu de la souffrance n’est pas, comme diraient des théologiens, des chrétiens et des naïfs, une attitude de proximité du divin. Franz Kafka avait écrit une nouvelle intitulée “Un champion de jeûne” qui décrivait à merveille le phénomène. Face aux adversaires, aux infidèles, le mois sera l’occasion d’exhiber son contrôle de soi-même, proclamé urbi et orbi, sans rappeler tous les à-côtés putrides de la pratique.
Le plan strictement physiologique
Sur le plan strictement physiologique, le jeûne est une attitude irresponsable et dangereuse, absurde et aberrante: le corps subit rapidement les effets du sevrage alimentaire et les capacités intellectuelles sont les premières à être touchées. L’apport calorique au moment de la rupture du jeûne[2] est énorme, difficilement assimilable et il coïncide avec la période de sommeil où le corps ne peut pas évacuer cet apport. La période de ramadan est donc celle de l’insomnie, de l’asthénie, de l’épuisement, de l’obsession alimentaire et des achats compulsifs, des carences, de la goinfrerie, de la prise de poids, des conséquences de la déshydratation, des problèmes cardio-vasculaires et des désagréments intestinaux: la constipation fait alors des ravages et chacun sait que c’est un mal qui, en plus, rend méchant.
Si le rite est adapté aux sociétés de subsistance ou un peu plus, la rencontre avec la société de consommation est catastrophique. Il devient difficile de faire cohabiter jeûne obligatoire et ouverture des supermarchés dans des pays arabo-musulmans qui, souvent, n’ont d’autre activité culturelle collective que la visite de grandes surfaces climatisées, et où la nourriture fait office de loisir principal, qu’elle soit fabriquée ou consommée.
C’est donc un problème de santé publique à dimension mondiale. Il était autrefois réservé aux pays musulmans et contribuait à les faire végéter dans une indolence périodique qui avait tendance, d’ailleurs, à se prolonger le reste de l’année. Mais les effets de la mondialisation et des migrations se font aussi sentir dans les autres territoires qui ne sont pas soumis encore à cette règle.
Le plan social
Sur le plan social, le ramadan est la période des crises de nerfs, des disputes, des accidents du travail et de la route, des pertes de contrôle et d’une hausse spectaculaire de la délinquance. Les statistiques à ce sujet commencent peu à peu à apparaître et elles sont sans appel. En Turquie, même à la télévision, on commence à les voir apparaître.
Dans les grandes villes européennes, les ruptures de jeûne sont aussi l’occasion de manifestations peu tolérantes et sympathiques au possible.
Le jeûne s’est superposé au mois de ramadan qui était déjà un des quatre mois sacrés pour les Arabes d’avant l’islamisme. Il correspond alors à un moment particulièrement chaud de l’année. La racine sémitique r-m-d évoque la chaleur et plus spécialement la chaleur brûlante du sable (sur la plante des pieds sans doute!) et tous les Arabes de l’époque doivent en voir le souvenir cuisant. La contrition du corps à ce moment de l’année est, là encore, une épreuve supplémentaire.
Le mois a été choisi, on le verra, parce qu’il comportait auparavant un jeûne juif, celui de l’ashura, qu’il a fallu masquer par un autre jeûne massif. Comme il est défini par le calendrier arabe, qui est lunaire, il est en décalage constant avec le calendrier solaire, tout de même plus efficace et représentatif de l’évolution climatique. En gros, il y a chaque année un décalage d’environ 10 jours vers l’avant. L’observation du premier croissant de lune du mois marque le début. Comme cela n’arrive pas en même temps partout, le début est toujours l’occasion d’une joyeuse cacophonie. Les plus obtus choisissent d’obéir à l’horaire saoudien…
On inculque souvent aux pauvres populations musulmanes, comme à des enfants, la fable de la commémoration de l’Hégire et de ce pauvre prophète en fuite, obligé de jeûner le jour et de se cacher, puis de grignoter des dattes: une sorte de chemin de croix, de calvaire, de traversée du désert. Hélas, le conte a eu ses adeptes et si l’on interrogeait les foules, elles débiteraient vite la sornette des dattes du prophète. S’ils savaient que ce qu’ils font est une transposition de l’exemple du Christ répandu dans les légendes populaires chrétiennes…
Une fête ininterrompue
De jeûne, très vite, le ramadan est devenu une sorte de festivité interminable où les rythmes biologiques sont inversés, puisque l’on vit la nuit et que l’on dort le jour, ou que l’on somnole. Ainsi est marquée, en plus, la rupture dans la vie quotidienne avec les infidèles et ceux-ci n’ont qu’à s’adapter et à en payer le prix. Si l’on ne mange pas, si l’on ne boit pas, on passe son temps à tricher, à s’alimenter en cachette, à acheter, à faire la cuisine. Le bilan énergétique et pécuniaire pour l’individu comme pour la communauté est catastrophique.
Le rite du jeûne diurne et collectif ne peut fonctionner que si une partie de la population ne le fait pas et ne doit pas le faire. Si la société musulmane qui le pratique soumet diverses communautés ou pratique l’esclavage, alors l’activité se maintient ; mais si ces sociétés sont livrées à elles-même ou au dieu Pétrole, alors rien ne va plus. Dans les pays d’accueil, la sécurité sociale (et en général tous les systèmes de protection sociale et de santé) se charge avec générosité de compenser les pertes subies.
Commentaire