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Cheikh Mohamed Bajrafil
Cela va faire 13 ans que tu es parti auprès de notre Seigneur, qui n’est autre que celui qui m’a fait cadeau de toi. J’étais très jeune, quand je t’ai eu. Trop jeune, diront certains. Tu as fait du jeune d’à peine 22 ans que j’étais un papa. Ton papa.
Aujourd’hui, tu aurais été sans doute plus grand que moi de taille. Il m’arrive très souvent de te penser grand. Tu aurais eu aujourd’hui 15 ans. Ta maman et moi, alors jeunes étudiants habitant encore chez maman, t’avons eu un vendredi.
Ce fut à l’heure du midi, peu avant la prière du vendredi. J’étais très content car moi aussi mon papa et ma maman m’ont souvent dit que j’étais né un vendredi. Je me suis mis à rêver de quand toi et moi allions être grands, car j’allais grandir avec toi. Entre mon papa et moi, tu sais, il y a 40 ans. Pourtant, c’est mon copain, mon meilleur copain. En plus d’être mon papa et mon maître.
Entre toi et moi, la moitié de ce qu’il y a entre ton grand-père et moi. Je me disais qu’on ferait ceci, qu’on ferait cela. Mais, tout cela n’était pas écrit. Le destin en a décidé autrement. Tu m’as quitté avec maman, nous laissant orphelins de toi. Je me rappelle que ce jour-là, un vendredi en plus, tu t’es accroché à moi. Tu as pleuré de toutes tes forces, pour ne pas que je te quitte. C’était certainement, ta façon à toi de me dire que tu partais. Je ne t’ai pas écouté et cet instant me sera gravé à jamais dans la tête. J’aurais tant aimé le payer de ma vie. Mais, qu’aurais-je pu face à la décision de Celui dont les ordres s’exécutent dans le temps séparant le K du N, dans kn (Sois) ? Rien.
Tu es parti. Mais c’est une partie de moi qui est parti. Tu es moi. C’est une partie de moi qui n’est plus de ce monde depuis que tu es parti.
Encore aujourd’hui, ta mère et moi avons du mal à parler de toi. Je pense qu’on ne le fera jamais. Je traîne toujours avec tes affaires. Tu nous habites pour l’éternité. Perdre un enfant et perdre une mère sont les pires choses qui soient. Elles me sont arrivées. Sans doute pour me préparer aux épreuves de la vie.
Tu as fait de moi un père en venant au monde, tu as fait de moi un homme en en partant. Ton grand-père n’a pas voulu venir sur ta tombe, car il ne voulait pas que je le vois pleurer, moi pour qui il est le plus fort des hommes, comme tout enfant s’imagine son papa. Tu as dû de là-haut voir combien le tien était faible en le voyant pleurer ton départ. Prie Dieu, car tes invocations sont certainement exaucées, petit ange, pour qu’Il accorde longue vie à ta mère et à moi; que nous puissions nous occuper de tes petits frères et de ta petite sœur, leur donner une éducation qui fera d’eux des hommes et une femme œuvrant sur Son sentier, au service de l’humanité.
Aux frères et soeurs qui allez me lire, cette lettre n’est pas plus mienne que vôtre. Certains parmi vous s’y reconnaîtront, car ce qui m’est arrivé les a sans doute frappés. Sachez que la vie est ainsi faite. Nous ne maîtrisons rien, dans ce monde. Pas même nos vies. Il s’appelait Cheirhabyl et aurait eu 15 ans il y a trois jours. Il nous a laissés orphelins à l’âge de deux ans, mais il nous habitera jusqu’à notre dernier souffle.
Repose en paix, fiston.
Papa.
Cela va faire 13 ans que tu es parti auprès de notre Seigneur, qui n’est autre que celui qui m’a fait cadeau de toi. J’étais très jeune, quand je t’ai eu. Trop jeune, diront certains. Tu as fait du jeune d’à peine 22 ans que j’étais un papa. Ton papa.
Aujourd’hui, tu aurais été sans doute plus grand que moi de taille. Il m’arrive très souvent de te penser grand. Tu aurais eu aujourd’hui 15 ans. Ta maman et moi, alors jeunes étudiants habitant encore chez maman, t’avons eu un vendredi.
Ce fut à l’heure du midi, peu avant la prière du vendredi. J’étais très content car moi aussi mon papa et ma maman m’ont souvent dit que j’étais né un vendredi. Je me suis mis à rêver de quand toi et moi allions être grands, car j’allais grandir avec toi. Entre mon papa et moi, tu sais, il y a 40 ans. Pourtant, c’est mon copain, mon meilleur copain. En plus d’être mon papa et mon maître.
Entre toi et moi, la moitié de ce qu’il y a entre ton grand-père et moi. Je me disais qu’on ferait ceci, qu’on ferait cela. Mais, tout cela n’était pas écrit. Le destin en a décidé autrement. Tu m’as quitté avec maman, nous laissant orphelins de toi. Je me rappelle que ce jour-là, un vendredi en plus, tu t’es accroché à moi. Tu as pleuré de toutes tes forces, pour ne pas que je te quitte. C’était certainement, ta façon à toi de me dire que tu partais. Je ne t’ai pas écouté et cet instant me sera gravé à jamais dans la tête. J’aurais tant aimé le payer de ma vie. Mais, qu’aurais-je pu face à la décision de Celui dont les ordres s’exécutent dans le temps séparant le K du N, dans kn (Sois) ? Rien.
Tu es parti. Mais c’est une partie de moi qui est parti. Tu es moi. C’est une partie de moi qui n’est plus de ce monde depuis que tu es parti.
Encore aujourd’hui, ta mère et moi avons du mal à parler de toi. Je pense qu’on ne le fera jamais. Je traîne toujours avec tes affaires. Tu nous habites pour l’éternité. Perdre un enfant et perdre une mère sont les pires choses qui soient. Elles me sont arrivées. Sans doute pour me préparer aux épreuves de la vie.
Tu as fait de moi un père en venant au monde, tu as fait de moi un homme en en partant. Ton grand-père n’a pas voulu venir sur ta tombe, car il ne voulait pas que je le vois pleurer, moi pour qui il est le plus fort des hommes, comme tout enfant s’imagine son papa. Tu as dû de là-haut voir combien le tien était faible en le voyant pleurer ton départ. Prie Dieu, car tes invocations sont certainement exaucées, petit ange, pour qu’Il accorde longue vie à ta mère et à moi; que nous puissions nous occuper de tes petits frères et de ta petite sœur, leur donner une éducation qui fera d’eux des hommes et une femme œuvrant sur Son sentier, au service de l’humanité.
Aux frères et soeurs qui allez me lire, cette lettre n’est pas plus mienne que vôtre. Certains parmi vous s’y reconnaîtront, car ce qui m’est arrivé les a sans doute frappés. Sachez que la vie est ainsi faite. Nous ne maîtrisons rien, dans ce monde. Pas même nos vies. Il s’appelait Cheirhabyl et aurait eu 15 ans il y a trois jours. Il nous a laissés orphelins à l’âge de deux ans, mais il nous habitera jusqu’à notre dernier souffle.
Repose en paix, fiston.
Papa.
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