On savait que nos banlieues pourvoyaient généreusement l’État islamique en djihadistes. Sans distinction de race, de sexe et d’ethnie, musulmans de souche ou convertis de fraîche date, cailleras délinquantes et ex-bimbos enrubannées en burqa vont par centaines chercher un présent meilleur aux confins de l’Irak et de la Syrie. Après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher, notre ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve jurait ses grands dieux qu’on ne reprendrait plus le gouvernement en flagrant délit d’angélisme, alors que les services de Beauvau assuraient l’été dernier que « ce n’est pas un délit de prôner le djihad ».
Quelques mois plus tard, à la suite des exploits meurtriers de Kouachi et Coulibaly, la prose sécuritaire fuitant dans les médias a gagné en robustesse. Cette semaine, on apprend par exemple que nos bien-nommés « quartiers sensibles » se révèlent encore moins Charlie qu’on le croyait. Dans une note confidentielle du Service central de renseignement territorial déposée sur le bureau du ministre, ces hommes de l’ombre dépeignent des banlieues chauffées à blanc depuis les deux carnages parisiens de janvier. L’islamisme faisant feu de tout bois, les barbus ne se sont apparemment jamais aussi bien portés aux périphéries des grandes villes, où les successeurs des Renseignements généraux observent un « repli communautaire », voire une salafisation rampante. Qui plus est, les barbouzes confirment une de nos intuitions tenaces : on comptait hélas bien peu de musulmans dans les rassemblements pro-Charlie du 11 janvier, comme le laissaient penser les 60 000 manifestants marseillais. Un chiffre bien maigrichon…
Bref, alors que François Hollande, Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem comptaient redresser les habitants des territoires perdus pour la République, la France et l’Europe, c’est pas gagné…
Comme de coutume, les sociologues de la domination nous expliqueront que la relégation des classes dangereuses hors de nos agglomérations légitime la colère de ces nouveaux damnés de la terre qui ont troqué Frantz Fanon contre Mahomet. Allez savoir si la détresse des cités s’est aggravée depuis janvier, on vous répondra que ça stigmatise à tout va, à coups de trique islamophobe, selon la grammaire victimaire des sieurs Plenel et Ramadan.
Pourtant, nos gouvernants jouent une petite musique fort caressante à l’endroit des banlieusards, enfants d’immigrés et musulmans présumés. La lutte contre l’islamophobie est érigée en croisade antiraciste, au même titre que le combat contre l’antisémitisme (un peu plus meurtrier, si j’en juge par le bilan macabre des Merah, Nemmouche et Coulibaly). Manuel Valls s’est même persuadé – à défaut d’en convaincre la majorité des Français – qu’un « apartheid territorial et ethnique » fracturait le pays à la défaveur des zones urbaines sensibles, que l’argent public inonde pourtant dans des proportions bien supérieures à des terres paumées telles que la Creuse ou la Meuse. Tout porte à croire que Christophe Guilluy n’a toujours pas gagné l’oreille du ministre de la Ville, d’ailleurs en passe de perdre son fief nordique, qui se disait le représentant de « la France qui n’est pas Charlie ».
Je me demande bien quel prétexte saisiront les intermittents de la culture de l’excuse pour absoudre ces chances pour le vivre-ensemble. Trop de racisme, de discriminations ? Mais le « pas d’amalgame » se lit sur toutes les lèvres officielles depuis trois mois. Trop de caricatures anti-Mahomet dans Charlie Hebdo ? Après le bain de sang du 7 janvier, les survivants n’ont persiflé qu’un numéro, tandis que les rappeurs Abd Al Malik et Akhenaton les dénonçaient comme de fieffés racistes au discours criminel. Odieuse inversion. Pour un peu, les mêmes nous diront que l’attaque du Bardo trouve son origine dans l’islamophobie d’État qu’avait instaurée Bourguiba en sirotant une limonade en pleine allocution télévisée pendant le Ramadan…
Dans notre patrie dite des droits de l’homme, la traque des ennemis du genre humain occupe une grande partie de la saison de la chasse. Mais puisqu’on est en droit de montrer du doigt les homophobes, transphobes, et racistes supposés, les musulmans de France se grandiraient en fustigeant ceux qui stigmatisent leur Dieu et leur Prophète avec du sang frais, qu’ils s’appellent Kouachi, Coulibaly ou Baghdadi…
le causeur
Quelques mois plus tard, à la suite des exploits meurtriers de Kouachi et Coulibaly, la prose sécuritaire fuitant dans les médias a gagné en robustesse. Cette semaine, on apprend par exemple que nos bien-nommés « quartiers sensibles » se révèlent encore moins Charlie qu’on le croyait. Dans une note confidentielle du Service central de renseignement territorial déposée sur le bureau du ministre, ces hommes de l’ombre dépeignent des banlieues chauffées à blanc depuis les deux carnages parisiens de janvier. L’islamisme faisant feu de tout bois, les barbus ne se sont apparemment jamais aussi bien portés aux périphéries des grandes villes, où les successeurs des Renseignements généraux observent un « repli communautaire », voire une salafisation rampante. Qui plus est, les barbouzes confirment une de nos intuitions tenaces : on comptait hélas bien peu de musulmans dans les rassemblements pro-Charlie du 11 janvier, comme le laissaient penser les 60 000 manifestants marseillais. Un chiffre bien maigrichon…
Bref, alors que François Hollande, Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem comptaient redresser les habitants des territoires perdus pour la République, la France et l’Europe, c’est pas gagné…
Comme de coutume, les sociologues de la domination nous expliqueront que la relégation des classes dangereuses hors de nos agglomérations légitime la colère de ces nouveaux damnés de la terre qui ont troqué Frantz Fanon contre Mahomet. Allez savoir si la détresse des cités s’est aggravée depuis janvier, on vous répondra que ça stigmatise à tout va, à coups de trique islamophobe, selon la grammaire victimaire des sieurs Plenel et Ramadan.
Pourtant, nos gouvernants jouent une petite musique fort caressante à l’endroit des banlieusards, enfants d’immigrés et musulmans présumés. La lutte contre l’islamophobie est érigée en croisade antiraciste, au même titre que le combat contre l’antisémitisme (un peu plus meurtrier, si j’en juge par le bilan macabre des Merah, Nemmouche et Coulibaly). Manuel Valls s’est même persuadé – à défaut d’en convaincre la majorité des Français – qu’un « apartheid territorial et ethnique » fracturait le pays à la défaveur des zones urbaines sensibles, que l’argent public inonde pourtant dans des proportions bien supérieures à des terres paumées telles que la Creuse ou la Meuse. Tout porte à croire que Christophe Guilluy n’a toujours pas gagné l’oreille du ministre de la Ville, d’ailleurs en passe de perdre son fief nordique, qui se disait le représentant de « la France qui n’est pas Charlie ».
Je me demande bien quel prétexte saisiront les intermittents de la culture de l’excuse pour absoudre ces chances pour le vivre-ensemble. Trop de racisme, de discriminations ? Mais le « pas d’amalgame » se lit sur toutes les lèvres officielles depuis trois mois. Trop de caricatures anti-Mahomet dans Charlie Hebdo ? Après le bain de sang du 7 janvier, les survivants n’ont persiflé qu’un numéro, tandis que les rappeurs Abd Al Malik et Akhenaton les dénonçaient comme de fieffés racistes au discours criminel. Odieuse inversion. Pour un peu, les mêmes nous diront que l’attaque du Bardo trouve son origine dans l’islamophobie d’État qu’avait instaurée Bourguiba en sirotant une limonade en pleine allocution télévisée pendant le Ramadan…
Dans notre patrie dite des droits de l’homme, la traque des ennemis du genre humain occupe une grande partie de la saison de la chasse. Mais puisqu’on est en droit de montrer du doigt les homophobes, transphobes, et racistes supposés, les musulmans de France se grandiraient en fustigeant ceux qui stigmatisent leur Dieu et leur Prophète avec du sang frais, qu’ils s’appellent Kouachi, Coulibaly ou Baghdadi…
le causeur