Jihadistes repentis, chercheurs et membres de la société civile se sont réunis la semaine dernière à Casablanca pour parler du discours religieux.
Ce colloque a été organisé le 21 mai par l'Espace moderniste pour le développement et la coexistence (EMDC).
L'intellectuel religieux marocain Abou Hafs (Mohamed Abdelwahab Rafiki), qui a passé neuf ans en prison en liaison avec les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, comptait au nombre des participants. Initialement condamné à trente ans de prison, cet ancien militant salafiste a bénéficié d'un pardon royal en février 2012
Ce séminaire a été organisé quelques jours après le onzième anniversaire des attaques terroristes, dont il affirme qu'elles constituent pour tous les Marocains un souvenir triste et sanglant, à la fois douloureux et tragique.
Ce prédicateur a toutefois déclaré que les victimes de ces attentats à la bombe n'étaient pas seulement ceux qui avaient péri, mais aussi ceux qui avaient été "arrêtés à tort" par la suite.
Il a ensuite tenu à partager son expérience personnelle durant ses années de prison.
"Au total, la révision est une bonne chose et elle ne peut être considérée comme une régression ou un égarement", a-t-il déclaré, soulignant que l'autocritique est importante.
Ses années d'incarcération lui ont permis d'avoir accès à des milliers de références et de publications, a-t-il poursuivi, entraînant chez lui un changement dans la perception générale des choses, ce qui lui a permis de désavouer l'isolationnisme, l'affirmation d'être détenteur de la vérité et l'absolutisme.
Rester ouvert et accueillant envers des opinions différentes apporte un soulagement psychologique, a-t-il ajouté.
Il a ensuite invité certains prédicateurs à sortir de leurs tours d'ivoire et à s'attacher au texte, qui pose les fondements d'un Islam centriste modéré.
Abou Hafs a également parlé de l'impact négatif du discours religieux diffusé sur certaines chaînes et plateformes médiatiques, ainsi que de l'extrémisme antireligieux qui affecte les valeurs de la nation et ses piliers.
L'extrémisme alimente l'extrémisme, en plus de créer un gouffre profond entre les jeunes et les érudits parce que l'internet est devenu leur formateur, a-t-il ajouté.
Pour Mohamed Rami, animateur de ce colloque et journaliste pour al-Ittihad al-Ichtiraki, les radicaux ne voient que le bien-fondé de leurs opinions, quand bien même ils sont dans l'erreur. L'influence de ce discours peut même aller jusqu'au tafkir, contrairement au discours religieux modéré, a-t-il ajouté.
"Comment pouvons-nous lutter contre l'intolérance et l'extrémisme dans notre discours religieux ?", s'est-il interrogé.
Mohamed Machan, président du Conseil scientifique Al Fida-Mers Sultan, a mis en garde contre le fossé existant entre les intellectuels et les jeunes.
"C'est l'une des raisons à l'origine de cette idéologie extrémiste qui s'efforce d'endoctriner et de rompre les liens au sein des communautés", a-t-il souligné.
"Les jeunes radicaux et extrémistes qui revendiquent la vérité pour eux-mêmes excommunient les autres sur la base d'une seule tradition, alors que la science est un long chemin", a-t-il expliqué. "Ils cherchent à appliquer la théorie consistant à devenir un mufti en cinq jours."
Et d'expliquer : "Les jeunes veulent diriger sans disposer des connaissances religieuses adéquates. En réalité, vous ne pouvez émettre un avis consultatif et devenir un érudit sans avoir au préalable reçu le savoir des érudits."
"Au lieu de cela, leurs cheikhs sont Google, YouTube et Facebook", a-t-il expliqué.
Pour le chercheur Said Jaafar, il s'agit d'établir une distinction entre l'Islam en tant que système théorique complet et ses applications que les dirigeants s'efforcent de rendre aussi parfaites que possible.
"L'Islam a été révélé pour adorer le caractère unique du créateur et rompre avec les comportements non éthiques", a-t-il ajouté.
Nous sommes aujourd'hui face à une mosaïque d'Islams, l'Islam centriste modéré, l'Islam salafiste, l'Islam militant, l'Islam wahhabite, l'Islam éclairé, a expliqué Jaafar à Magharebia.
Magharebia
Ce colloque a été organisé le 21 mai par l'Espace moderniste pour le développement et la coexistence (EMDC).
L'intellectuel religieux marocain Abou Hafs (Mohamed Abdelwahab Rafiki), qui a passé neuf ans en prison en liaison avec les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, comptait au nombre des participants. Initialement condamné à trente ans de prison, cet ancien militant salafiste a bénéficié d'un pardon royal en février 2012
Ce séminaire a été organisé quelques jours après le onzième anniversaire des attaques terroristes, dont il affirme qu'elles constituent pour tous les Marocains un souvenir triste et sanglant, à la fois douloureux et tragique.
Ce prédicateur a toutefois déclaré que les victimes de ces attentats à la bombe n'étaient pas seulement ceux qui avaient péri, mais aussi ceux qui avaient été "arrêtés à tort" par la suite.
Il a ensuite tenu à partager son expérience personnelle durant ses années de prison.
"Au total, la révision est une bonne chose et elle ne peut être considérée comme une régression ou un égarement", a-t-il déclaré, soulignant que l'autocritique est importante.
Ses années d'incarcération lui ont permis d'avoir accès à des milliers de références et de publications, a-t-il poursuivi, entraînant chez lui un changement dans la perception générale des choses, ce qui lui a permis de désavouer l'isolationnisme, l'affirmation d'être détenteur de la vérité et l'absolutisme.
Rester ouvert et accueillant envers des opinions différentes apporte un soulagement psychologique, a-t-il ajouté.
Il a ensuite invité certains prédicateurs à sortir de leurs tours d'ivoire et à s'attacher au texte, qui pose les fondements d'un Islam centriste modéré.
Abou Hafs a également parlé de l'impact négatif du discours religieux diffusé sur certaines chaînes et plateformes médiatiques, ainsi que de l'extrémisme antireligieux qui affecte les valeurs de la nation et ses piliers.
L'extrémisme alimente l'extrémisme, en plus de créer un gouffre profond entre les jeunes et les érudits parce que l'internet est devenu leur formateur, a-t-il ajouté.
Pour Mohamed Rami, animateur de ce colloque et journaliste pour al-Ittihad al-Ichtiraki, les radicaux ne voient que le bien-fondé de leurs opinions, quand bien même ils sont dans l'erreur. L'influence de ce discours peut même aller jusqu'au tafkir, contrairement au discours religieux modéré, a-t-il ajouté.
"Comment pouvons-nous lutter contre l'intolérance et l'extrémisme dans notre discours religieux ?", s'est-il interrogé.
Mohamed Machan, président du Conseil scientifique Al Fida-Mers Sultan, a mis en garde contre le fossé existant entre les intellectuels et les jeunes.
"C'est l'une des raisons à l'origine de cette idéologie extrémiste qui s'efforce d'endoctriner et de rompre les liens au sein des communautés", a-t-il souligné.
"Les jeunes radicaux et extrémistes qui revendiquent la vérité pour eux-mêmes excommunient les autres sur la base d'une seule tradition, alors que la science est un long chemin", a-t-il expliqué. "Ils cherchent à appliquer la théorie consistant à devenir un mufti en cinq jours."
Et d'expliquer : "Les jeunes veulent diriger sans disposer des connaissances religieuses adéquates. En réalité, vous ne pouvez émettre un avis consultatif et devenir un érudit sans avoir au préalable reçu le savoir des érudits."
"Au lieu de cela, leurs cheikhs sont Google, YouTube et Facebook", a-t-il expliqué.
Pour le chercheur Said Jaafar, il s'agit d'établir une distinction entre l'Islam en tant que système théorique complet et ses applications que les dirigeants s'efforcent de rendre aussi parfaites que possible.
"L'Islam a été révélé pour adorer le caractère unique du créateur et rompre avec les comportements non éthiques", a-t-il ajouté.
Nous sommes aujourd'hui face à une mosaïque d'Islams, l'Islam centriste modéré, l'Islam salafiste, l'Islam militant, l'Islam wahhabite, l'Islam éclairé, a expliqué Jaafar à Magharebia.
Magharebia
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