Imaginons qu'on prenne un panel de 5 individus à qui on demande de nous décrire la couleur d'une pomme. Ce panel contenant en plus de 3 sujets sains, un daltonien et une vache, le résultat se présenterait comme suit :
Rouge, Rouge, Rouge, Bleue, Meuh!
Que peut-on déduire LOGIQUEMENT de ce résultat?
Que la pomme est rouge? Que nenni! Pour ceux qui ont élevé le doute au rang d'argument, nous avons ici un "khilaf", une divergence, une absence de consensus : la pomme serait donc transparente, elle n'a pas de couleur!
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Cet exemple aurait été burlesque si ce schéma de pensée n'était pas appliqué le plus sérieusement du monde comme prétexte pour abolir tel ou tel commandement divin ou nier telle ou telle réalité :
Soyons toutefois juste et équitable : il n'est évidemment pas exclu qu'une personne puisse avoir raison seule et que tout le monde ait tort.
Quel est donc la différence avec les exemples précédents?
J'y vois deux gros problèmes (peut-être qu'il y'en a d'autres) :
Pour terminer, une petite perle d'un cheikh de Oussoul qui exprime la chose de façon plus compacte et plus globale :
لا يشترط في البناء العلمي لقول ما أن يكون حجيا قطعيا ، بل يكفي أن يقوم على دلائل علمية صحيحة تفيد المطلوب إفادة أقوى من عدمها. ومجرد الاحتمال لا يقدح في صحة المطلوب ، ما لم يكن احتمالا قائما على دليل معارض ، أو قادحا في نفس إفادة المطلوب .
أما اشتراط إفادة القطع واليقين في كل مسألة فبدعة أرسطية ، وهي السبب في مخالفة كثير من المتعالمين والتنويرين لمسائل شرعية مستقرة ، بتشكيكات مجردة واحتمالات متوهمة .
فإن قيل : هل في ورود الاحتمال على المطلوب إنزال للمسألة عن مرتبة عدم سواغ المخالفة ؟ قلت : لا ، إلا إن كان الاحتمال مبنيا على دليل معارض كما ذكرت ، أما مجرد المعارضة بالاحتمال بلا دليل معارض فلا يسوغ الخلاف ، وكل قول دون حجة هو قول غير سائغ من قائله ، وإن كان سائغا في نفس الأمر . وقد قلت في كلام سابق لي أن من أقوى مسالك المبيحين لمسألة ما أن يبينوا عدم تمامية مباني المحرمين ، وهذا صحيح في نفسه ، لكن لابد أن يظهر لهؤلاء المبيحين دليل على الإباحة ، أو اعتضاد بأصل عام في الإباحة ، يزعمون معه عدم تمامية دليل المحرمين على النقل إلى الحظر.
قال ابن قدامة : وهذا هو التحقيق : وهو أنه لو فتح باب الاحتمال لبطلت الحجج؛ إذ ما من حكم إلا ويتصور تقدير نسخه، وانفراد الواحد بنقله وموته قبل أن ينقل إلينا . وإجماع الصحابة يحتمل أن يكون واحد منهم أضمر المخالفة وأظهر الموافقة لسبب، أو رجع بعد أن وافق. والخبر يحتمل أن يكون كذبًا، فلا يلتفت إلى هذه الاحتمالات.
Rouge, Rouge, Rouge, Bleue, Meuh!
Que peut-on déduire LOGIQUEMENT de ce résultat?
Que la pomme est rouge? Que nenni! Pour ceux qui ont élevé le doute au rang d'argument, nous avons ici un "khilaf", une divergence, une absence de consensus : la pomme serait donc transparente, elle n'a pas de couleur!
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Cet exemple aurait été burlesque si ce schéma de pensée n'était pas appliqué le plus sérieusement du monde comme prétexte pour abolir tel ou tel commandement divin ou nier telle ou telle réalité :
- Le Hidjab? Y'a un tel qui a dit que le hidjab n'est pas obligatoire --> l'obligation du Hidjab n'est donc pas consensuelle --> le Hidjab n'est donc pas obligatoire!
- La charia? Celle d'Al Qaida, des Taliban ou de Nahda? --> Kayen khilaf --> optons pour la laïcité!
- La Khilafa? Ali Abderrazzaq!!! --> "Allah ghaleb, on aurait bien aimé mais y'a un petit doute, désolé" --> La khilafa n'est pas obligatoire!
- Un exemple tout frais : Bani Qouraydha 700 morts ou 900? --> il y'a divergence --> ça n'est jamais arrivé!
- etc.
Soyons toutefois juste et équitable : il n'est évidemment pas exclu qu'une personne puisse avoir raison seule et que tout le monde ait tort.
Quel est donc la différence avec les exemples précédents?
J'y vois deux gros problèmes (peut-être qu'il y'en a d'autres) :
- "Ma communauté ne s'accordera jamais sur l'égarement/le faux" : si le consensus de la Oumma fait force de loi c'est que, par complémentarité, la Oumma ne peut pas s'accorder sur le faux à un moment ou un autre. Si quelqu'un a eu raison contre l'avis de tous les autres, ce quelqu'un doit obligatoirement être un compagnon qui a été suivi par d'autres par la suite (si le problème a été posé à leur époque et ainsi de suite). Nous sortir des "découvertes" 14 siècles après que le problème ait été posé, en plus d'être un "tasfih" de la Oumma (prendre TOUS les Musulmans et leurs savants qui nous ont précédé pour des imbéciles), impliquerait tout simplement que le consensus ne fait pas force de loi et que la Oumma a pu être dans sa totalité dans l'égarement.
- Le critère dans le raisonnement absurde est bien l'EXISTENCE de la divergence et non pas les arguments des uns et des autres : nous autres Musulmans lambda, nous avons fondamentalement deux façons de procéder : soit nous faisons confiance à un moufti soit nous faisons notre petite recherche et nous suivons ce qui nous parait juste (pour peu qu'on arrive VRAIMENT à comprendre le sujet...). Or, ceux qui commettent le raisonnement absurde ne font clairement pas confiance à un moufti (connaissent-ils Ali Abderrazzaq? Le consultent-ils sur d'autres sujets?) ni ne prennent la peine de rechercher les différents avis (Ont-ils lu ce qui a été écrit pour réfuter le livre d'Ali Abderrazzaq ou se sont-ils seulement contentés de résumés trouvés sur le net du livre dont les idées leur plaisent?). Pour le rejet de la charia, c'est encore plus flagrant : la divergence est pour eux une excuse pour rejeter TOUS les avis (et nous imposer leur "religion" hérétique, la solution "par défaut" vu que c'est celle du gawri!) et non pas un moyen pour choisir à leur gré parmi les différents avis (ce qui aurait été un moindre mal).
Pour terminer, une petite perle d'un cheikh de Oussoul qui exprime la chose de façon plus compacte et plus globale :
لا يشترط في البناء العلمي لقول ما أن يكون حجيا قطعيا ، بل يكفي أن يقوم على دلائل علمية صحيحة تفيد المطلوب إفادة أقوى من عدمها. ومجرد الاحتمال لا يقدح في صحة المطلوب ، ما لم يكن احتمالا قائما على دليل معارض ، أو قادحا في نفس إفادة المطلوب .
أما اشتراط إفادة القطع واليقين في كل مسألة فبدعة أرسطية ، وهي السبب في مخالفة كثير من المتعالمين والتنويرين لمسائل شرعية مستقرة ، بتشكيكات مجردة واحتمالات متوهمة .
فإن قيل : هل في ورود الاحتمال على المطلوب إنزال للمسألة عن مرتبة عدم سواغ المخالفة ؟ قلت : لا ، إلا إن كان الاحتمال مبنيا على دليل معارض كما ذكرت ، أما مجرد المعارضة بالاحتمال بلا دليل معارض فلا يسوغ الخلاف ، وكل قول دون حجة هو قول غير سائغ من قائله ، وإن كان سائغا في نفس الأمر . وقد قلت في كلام سابق لي أن من أقوى مسالك المبيحين لمسألة ما أن يبينوا عدم تمامية مباني المحرمين ، وهذا صحيح في نفسه ، لكن لابد أن يظهر لهؤلاء المبيحين دليل على الإباحة ، أو اعتضاد بأصل عام في الإباحة ، يزعمون معه عدم تمامية دليل المحرمين على النقل إلى الحظر.
قال ابن قدامة : وهذا هو التحقيق : وهو أنه لو فتح باب الاحتمال لبطلت الحجج؛ إذ ما من حكم إلا ويتصور تقدير نسخه، وانفراد الواحد بنقله وموته قبل أن ينقل إلينا . وإجماع الصحابة يحتمل أن يكون واحد منهم أضمر المخالفة وأظهر الموافقة لسبب، أو رجع بعد أن وافق. والخبر يحتمل أن يكون كذبًا، فلا يلتفت إلى هذه الاحتمالات.
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