Suite..........
Ibn Taymiyya part de ces deux principes pour arriver à une même conclusion. Se basant sur le second de ces principes, il dit ainsi : "Dieu a déclaré illicites les choses mauvaises comme le sang, la bête morte d'elle-même, le porc, etc. Lorsqu'une de ces choses tombe dans de l'eau ou dans autre chose et s'y transforme, il n'existe alors plus de sang, de bête morte, ni de chair de porc du tout. (…) Ceci conformément à l'avis des savants qui disent que lorsque la chose qui était impure se transforme, elle devient pure : c'est l'avis de Abû Hanîfa, de l'école zahirite, et un des deux avis rapportés de Mâlik et de Ahmad. Le fait qu'une impureté se soit transformée en sel, en cendres, etc. est exactement comme le fait qu'elle se soit transformée en eau. Il n'y a aucune différence entre le fait qu'elle se transforme en cendres, en sel, en terre, en eau, en air, ou autre. Dieu a rendu licites pour nous les bonnes choses. Or, ces huiles, ces laits, ces boissons sucrées ou aigres etc. font partie de ces bonnes choses licites. Quant à ce qui est mauvais et illicite [et qui s'y est mélangé], il y a disparu et s'y est transformé. Comment donc rendre interdit ce qui relève des bonnes choses que Dieu a permises ? Qui a dit que lorsqu'une chose illicite se mélange avec une chose licite et disparaît totalement dans cette chose licite, cette dernière devient illicite ? Il n'y a sur ce point aucun argument ni du Coran, ni de la Sunna, ni du consensus des savants, ni du raisonnement par analogie !" (Majmû' ul-fatâwâ, tome 21 pp. 501-502). Et se fondant sur le premier principe cité ci-dessus, Ibn Taymiyya dit : "Si une goutte de sang ou d'alcool tombe dans un récipient [de lait ou d'huile] et s'y dilue de sorte que le lait ou l'huile reste sur les qualités qu'il ou elle possédait, il n'y a aucune raison de déclarer ce lait ou cette huile interdit. Cette goutte de sang ou d'alcool s'y est transformée, et elle ne possède plus rien de la réalité qui ferait que les règles s'appliquant au sang et à l'alcool s'applique à ce qu'elle y est devenue" (Ibid., tome 21, p. 514). "L'avis disant que les liquides ne deviennent pas systématiquement impurs – exactement comme l'eau ne devient pas systématiquement impure – est l'avis qui est juste. (...) Les aliments, les boissons (huiles, laits, huile d'olive, vinaigre) et les aliments liquides relèvent des bonnes choses que Dieu a déclarées licites à la consommation pour nous. Dès lors, du moment que dans ce qui est en soi licite il n'apparaît ni une des qualités de ce qui est illicite – ni son goût, ni sa couleur, ni son odeur – ni une de ses parties, cela reste sur sa licité originelle. On ne peut pas le déclarer illicite alors qu'aucune des qualités de ce qui est illicite n'y est apparu. En effet, la différence entre ce qui est licite et ce qui est illicite réside dans les qualités de l'un et de l'autre. Car c'est à cause de ces qualités que ceci a été déclaré licite, et cela illicite" (Ibid., tome 21, p. 514).
Le 8ème colloque de l'Organisation Islamique des Sciences Médicales, qui s'est tenu au Koweït en 1995, a lui aussi affirmé, d'après ce qu'en a rapporté Wahba az-Zuhaylî, que "la transformation complète rendait pure une matière impure, et licite une matière illicite" (Al-Fiqh ul-islâmi wa adillatuh, p. 5265).
Dans le même ordre d'idées, al-Qardhâwî affirme : "Parmi les principes établis auprès des juristes musulmans, il est celui qui dit que lorsqu'une impureté se transforme, le caractère juridique qui y était attaché change aussi. Par exemple de l'alcool qui s'est transformé en vinaigre… ou une impureté qui a été brûlée et qui s'est transformée en cendres… ou un cadavre d'animal qui est tombé dans une mine de sel et s'est transformé totalement en sel… C'est pourquoi nous disons ne pas pouvoir statuer, à propos d'une chose donnée, en fonction de ce qu'elle était auparavant, à l'origine, mais bien en fonction de ce qu'elle est devenue maintenant, après transformation. En effet, l'origine du vin est le jus de raisin, qui est licite. Mais quand ce jus s'est transformé en cette boisson fermentée, nous avons statué en fonction de ce que cela est maintenant devenu et avons affirmé que cela est illicite. Si cette boisson fermentée se transforme ensuite en vinaigre, nous affirmerons ensuite que cela est devenu licite" (Fatâwâ mu'âssira, tome 3 p. 658).
De tout ce qui précède il ressort que trois cas se présentent quand un élément illicite a été mélangé à une liste d'autres éléments qui sont, eux, en soi licites :
a) Soit l'élément illicite n'a connu qu'une incorporation sans transformation complète, car il demeure présent dans le produit sous forme de petits morceaux. Le produit alimentaire est alors illicite.
b) Soit l'élément illicite a certes connu une transformation, mais celle-ci est incomplète, car une trace de cet ingrédient illicite reste perceptible. Le produit alimentaire est alors également illicite.
c) Soit l'élément illicite a subi une transformation complète ("istihâla") dans cette matière. Le produit alimentaire est alors licite.
2.4) Comment définir la transformation complète et la distinguer de la transformation incomplète ?
La transformation complète est vérifiable par le fait que n'apparaît, dans la matière licite :
– ni un morceau de l'élément illicite,
– ni une de ses qualités (ni son goût, ni sa couleur, ni son odeur).
Il faut également que l'élément illicite n'ait eu aucun effet (athar) sur la matière licite. C'est ce que des juristes avaient écrits auparavant.
Est-ce qu'aujourd'hui il suffit de s'en tenir à cette vérification simple et accessible aux sens immédiats ? ou bien est-ce qu'aujourd'hui cette vérification servirait seulement d'indice premier, les possibilités nécessitant qu'on définisse de façon technique ce qui constitue la transformation complète ? C'est une question complexe, qui est liée à de nombreuses considérations... On constate en tous cas que certains ulémas contemporains ajoutent, au delà de la simple vérification susmentionnée, une vérification plus sophistiquée. Ainsi, al-Qardhâwî considère qu'un ingrédient est complètement transformé lorsqu'il a subi une transformation qui est complète sur le plan chimique (Fatâwâ mu'âssira, 3/658). Muftî Taqî Uthmânî affirme pour sa part que pour que la transformation soit complète et qu'on puisse donc dire que l'élément interdit ne se retrouve pas dans le produit fini, il ne suffit pas que la transformation ait été seulement chimique, mais il faut qu'il y ait eu une véritable transformation moléculaire (il l'avait dit à la Réunion en 1995, j'étais alors présent).
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3) L'application de ce principe juridique aux cas concrets (tahqîq ul-manât) :
3.1) Des produits qui sont illicites parce que l'ingrédient illicite y subsiste sous la forme de petits morceaux perceptibles :
Les fromages au jambon : ce type de fromages est bien sûr illicite, car des petits morceaux de ce qui est illicite y sont présents.
3.2) Des produits qui sont illicites parce que l'ingrédient illicite n'y a subi qu'une transformation incomplète : il y subsiste sous la forme d'une ou plusieurs qualités :
Les chocolats à la liqueur : ils sont illicites, car l'alcool n'a pas disparu : on y retrouve sa trace, en l'occurence son odeur et sa saveur.
La volaille cuite au vin : elle est illicite pour la même raison.
La bière dotée d'un faible pourcentage d'alcool : si cette bière est telle que, prise en quantité importante, elle causerait l'ivresse, elle est interdite même en petite quantité ; de même, si l'alcool y reste présent sous la forme de ses qualités (odeur ou saveur), cette bière est aussi interdite (cliquez ici pour en savoir plus).
3.3) Des produits à propos desquels il faut approfondir la question quant à savoir si l'élément illicite y a subi une transformation complète ("istihâla") ou non :
Certains biscuits :
Sont licites les biscuits où ont subi une transformation complète, une ou deux choses illicites. Par contre, sont illicites les biscuits où des ingrédients illicites subsistent sous la forme de petits morceaux perceptibles ou sous la forme d'une ou plusieurs de leurs qualités originelles.
Le 8ème colloque de l'Organisation Islamique des Sciences Médicales, qui s'est tenu au Koweït en 1995, a lui aussi affirmé, d'après ce qu'en a rapporté Wahba az-Zuhaylî, que "la transformation complète rendait pure une matière impure, et licite une matière illicite" (Al-Fiqh ul-islâmi wa adillatuh, p. 5265).
Dans le même ordre d'idées, al-Qardhâwî affirme : "Parmi les principes établis auprès des juristes musulmans, il est celui qui dit que lorsqu'une impureté se transforme, le caractère juridique qui y était attaché change aussi. Par exemple de l'alcool qui s'est transformé en vinaigre… ou une impureté qui a été brûlée et qui s'est transformée en cendres… ou un cadavre d'animal qui est tombé dans une mine de sel et s'est transformé totalement en sel… C'est pourquoi nous disons ne pas pouvoir statuer, à propos d'une chose donnée, en fonction de ce qu'elle était auparavant, à l'origine, mais bien en fonction de ce qu'elle est devenue maintenant, après transformation. En effet, l'origine du vin est le jus de raisin, qui est licite. Mais quand ce jus s'est transformé en cette boisson fermentée, nous avons statué en fonction de ce que cela est maintenant devenu et avons affirmé que cela est illicite. Si cette boisson fermentée se transforme ensuite en vinaigre, nous affirmerons ensuite que cela est devenu licite" (Fatâwâ mu'âssira, tome 3 p. 658).
De tout ce qui précède il ressort que trois cas se présentent quand un élément illicite a été mélangé à une liste d'autres éléments qui sont, eux, en soi licites :
a) Soit l'élément illicite n'a connu qu'une incorporation sans transformation complète, car il demeure présent dans le produit sous forme de petits morceaux. Le produit alimentaire est alors illicite.
b) Soit l'élément illicite a certes connu une transformation, mais celle-ci est incomplète, car une trace de cet ingrédient illicite reste perceptible. Le produit alimentaire est alors également illicite.
c) Soit l'élément illicite a subi une transformation complète ("istihâla") dans cette matière. Le produit alimentaire est alors licite.
2.4) Comment définir la transformation complète et la distinguer de la transformation incomplète ?
La transformation complète est vérifiable par le fait que n'apparaît, dans la matière licite :
– ni un morceau de l'élément illicite,
– ni une de ses qualités (ni son goût, ni sa couleur, ni son odeur).
Il faut également que l'élément illicite n'ait eu aucun effet (athar) sur la matière licite. C'est ce que des juristes avaient écrits auparavant.
Est-ce qu'aujourd'hui il suffit de s'en tenir à cette vérification simple et accessible aux sens immédiats ? ou bien est-ce qu'aujourd'hui cette vérification servirait seulement d'indice premier, les possibilités nécessitant qu'on définisse de façon technique ce qui constitue la transformation complète ? C'est une question complexe, qui est liée à de nombreuses considérations... On constate en tous cas que certains ulémas contemporains ajoutent, au delà de la simple vérification susmentionnée, une vérification plus sophistiquée. Ainsi, al-Qardhâwî considère qu'un ingrédient est complètement transformé lorsqu'il a subi une transformation qui est complète sur le plan chimique (Fatâwâ mu'âssira, 3/658). Muftî Taqî Uthmânî affirme pour sa part que pour que la transformation soit complète et qu'on puisse donc dire que l'élément interdit ne se retrouve pas dans le produit fini, il ne suffit pas que la transformation ait été seulement chimique, mais il faut qu'il y ait eu une véritable transformation moléculaire (il l'avait dit à la Réunion en 1995, j'étais alors présent).
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3) L'application de ce principe juridique aux cas concrets (tahqîq ul-manât) :
3.1) Des produits qui sont illicites parce que l'ingrédient illicite y subsiste sous la forme de petits morceaux perceptibles :
Les fromages au jambon : ce type de fromages est bien sûr illicite, car des petits morceaux de ce qui est illicite y sont présents.
3.2) Des produits qui sont illicites parce que l'ingrédient illicite n'y a subi qu'une transformation incomplète : il y subsiste sous la forme d'une ou plusieurs qualités :
Les chocolats à la liqueur : ils sont illicites, car l'alcool n'a pas disparu : on y retrouve sa trace, en l'occurence son odeur et sa saveur.
La volaille cuite au vin : elle est illicite pour la même raison.
La bière dotée d'un faible pourcentage d'alcool : si cette bière est telle que, prise en quantité importante, elle causerait l'ivresse, elle est interdite même en petite quantité ; de même, si l'alcool y reste présent sous la forme de ses qualités (odeur ou saveur), cette bière est aussi interdite (cliquez ici pour en savoir plus).
3.3) Des produits à propos desquels il faut approfondir la question quant à savoir si l'élément illicite y a subi une transformation complète ("istihâla") ou non :
Certains biscuits :
Sont licites les biscuits où ont subi une transformation complète, une ou deux choses illicites. Par contre, sont illicites les biscuits où des ingrédients illicites subsistent sous la forme de petits morceaux perceptibles ou sous la forme d'une ou plusieurs de leurs qualités originelles.
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