1/ Histoire d'une Méthodologie :
L’ensemble de la législation de l'islam s'est élaborée peu à peu à partir du Coran qui le texte de base, infaillible et intangible. Cependant le Coran ne pouvait préciser tout et le moindre détaille ce qui fait que les musulmans des premiers siècles ont cherché dans l'exemple du prophète Muhammad et de ses compagnons des compléments d’information et de législation ; c’est ainsi que naîtra la science des traditions (hadith), discipline extrêmement développée dans l'Islam.
Certains compagnons du Prophète tels Abdullah ibn ‘Amr ou Anas ibn Mâlik commencèrent la rédaction de leurs mémoires sur les paroles et les actions du Prophète des son vivant ; d’autres n’en sentirent le besoin qu’après sa mort (en 632) et notèrent les hadiths qu’ils connaissaient de mémoire pour leur usage personnel, dans des Sahifa (aide-mémoire) ou des Kitâb (livres), tels ceux de Sa‘d ibn ‘Ubada (m. 636), d’Asma' bint ‘Umays (m. 658), ou la Sahîfa de ‘Abd Allah ibn ‘Amr (m. 684), celle de Samura bint Jundâb (m. 679), celle de Jâbir ibn ‘Abd Allah (m. 697)… Et d’autres encore qui communiquèrent leurs connaissances oralement a leurs élèves. Dès cette époque on pris pour habitude de rapporter les hadiths à proprement parler avec la liste de ceux qui l'avaient transmis (sorte de généalogie de transmetteurs) pour remonter en général jusqu'à Muhammad (qlpssl) ou au compagnon proche qui fut témoin du hadith en question.
La génération suivante se montra encore plus pointilleuse d’autant plus que le besoin pour ces traditions en guise de source de législation s’e ressentait de plus en plus avec le développement de la civilisation musulmane. Furent alors composés des livres plus étendus, dont les premiers seraient dus à l'initiative du calife omeyyade ‘Umar ibn ‘Abd al-‘Aziz (682 - 720) ; celui-ci fit consigner par écrit certains groupes de traditions réputés solides par les anciens de l’époque, notamment celles qui avaient été conservées par ‘Amra bint ‘Ubayd Allah ibn Ka‘b ibn Mâlik (m. 724). A ce niveau en commença à compiler les mémoires des compagnons, mais par souci de traçabilité on conservait toujours les indications sur leur provenance et leurs sources narratrices. La première tentative « académique » sérieuse de collection des traditions date de cette époque avec Kitâb al-Muwatta' de Mâlik ibn Anas (m. 795) qui n’est autre que le fils de Anas ibn Mâlik (compagnon du prophète et un des premiers narrateurs de hadith). Cet ouvrage qui est plus un livre de jurisprudence que de tradition marque en quelque sorte la transition entre le simple fiqh (droit légal) de l'époque ancienne et la science pure des hadiths de la période suivante.
En effet, à la bonne foi des toutes premières génération se substituera les problèmes politiques des ères omeyyades et Abbassides. Ainsi beaucoup de gens avaient eu intérêt à forger des textes en les attribuant au Prophète pour y trouver appui lors des conflits d'idées ou de tendances ce qui fait qu’une masse de traditions apocryphes submergea l'islam à ce moment. Aussi les ulémas ont-ils élaboré toute une science de la critique des traditions pour dégager celles qui avaient de la valeur, puis ils ont rassemblé celles dont la solidité était prouvée.
Au départ de cette période la méthode consistait à recueillir les hadiths parfaits, les plus sûrs, ceux qui s'appuient sur l'autorité d'un compagnon du Prophète via ses élèves et les élèves de ses élèves ; toutes les traditions remontant à tel ou tel compagnon, et dont chacune est appelée hadith musnad (tradition appuyée) parce qu'elle remonte par une chaîne correcte jusqu'à un compagnon sûr, s'appuyant lui-même sur l'autorité du Prophète. On nommait des ouvrages pareils musnad ‘ala ar-rijal (« appuyé sur les hommes » de confiance), l’auteur étant un musnid. (car il avait lui aussi besoin de l’aval de ses paires !). L'exemple le plus connu de ce genre de recueils est le fameux Musnad d'Ibn Hanbal.
Mais par la suite une méthode, plus perfectionnée, apparut. On y procède par matières et est appelée ‘ala l-abwab (« par chapitres »). Ce type de recueils est appelé musannaf et son premier exemple est justement le fameux Authentique ou « al-Jami‘ as-sahîh » (« la Compilation Véridique ») de Bokhâri (809-869). Cet ouvrage constitue par sa rigueur dans la reproduction du hadith, matn (texte) et isnad (chaîne de transmission), une pierre importante dans l'édifice de la discipline du hadith et l’incarnation même de son essence. Bokhâri innova sur un point qui deviendra classique par la suite : il donne aux textes qu'il recueille un court commentaire explicatif et descriptif ce qui s’avéra très utile en un temps ou l’époque du prophète paraissais de plus en plus lointaine. L’autre ouvrage conçu sur le même plan, est l’Authentique de Muslim ; mais ce qui fait de l’ouvrage de Bokhâri soit plus populaire c’est justement le fait que Muslim, plus rustique, n’accompagne pas ces hadiths de commentaires ou d’explications ; il en fit donc un ouvrage purement académique et très technique à l’adresse des juristes.
Cette période faste pour la science du hadith fut riche en la matière puisque quatre autres recueils virent le jour sans pour autant égaler les deux premiers : les Sunan d'Abu Dawûd (817 - 888), d'at-Tirmidhi (824 - 892), d'an-Nasâ'i (830 - 915) et celui d'Ibn Mâja (824 - 886). Ce groupe constitue avec as-sahihayn (les deux « Authéntiques ») les ouvrages fondamentaux de l'abondante littérature des traditions et à travers elle de la législation sunnite qui viendra par la suite. Mais arrivée au sommet, et s’étant trop éloigné de l’époque du Prophète et de ses compagnons on décida peu après de mettre fin au travail de compilation, considérant que tout ce qui pouvait être « sauvé » de la mémoire des premiers musulmans sur leur Prophète fut sauvé d’autant que les hadiths recueillis répondaient à une très grande partie des questions qui pouvaient se poser aux croyants de l’époque.
L’ensemble de la législation de l'islam s'est élaborée peu à peu à partir du Coran qui le texte de base, infaillible et intangible. Cependant le Coran ne pouvait préciser tout et le moindre détaille ce qui fait que les musulmans des premiers siècles ont cherché dans l'exemple du prophète Muhammad et de ses compagnons des compléments d’information et de législation ; c’est ainsi que naîtra la science des traditions (hadith), discipline extrêmement développée dans l'Islam.
Certains compagnons du Prophète tels Abdullah ibn ‘Amr ou Anas ibn Mâlik commencèrent la rédaction de leurs mémoires sur les paroles et les actions du Prophète des son vivant ; d’autres n’en sentirent le besoin qu’après sa mort (en 632) et notèrent les hadiths qu’ils connaissaient de mémoire pour leur usage personnel, dans des Sahifa (aide-mémoire) ou des Kitâb (livres), tels ceux de Sa‘d ibn ‘Ubada (m. 636), d’Asma' bint ‘Umays (m. 658), ou la Sahîfa de ‘Abd Allah ibn ‘Amr (m. 684), celle de Samura bint Jundâb (m. 679), celle de Jâbir ibn ‘Abd Allah (m. 697)… Et d’autres encore qui communiquèrent leurs connaissances oralement a leurs élèves. Dès cette époque on pris pour habitude de rapporter les hadiths à proprement parler avec la liste de ceux qui l'avaient transmis (sorte de généalogie de transmetteurs) pour remonter en général jusqu'à Muhammad (qlpssl) ou au compagnon proche qui fut témoin du hadith en question.
La génération suivante se montra encore plus pointilleuse d’autant plus que le besoin pour ces traditions en guise de source de législation s’e ressentait de plus en plus avec le développement de la civilisation musulmane. Furent alors composés des livres plus étendus, dont les premiers seraient dus à l'initiative du calife omeyyade ‘Umar ibn ‘Abd al-‘Aziz (682 - 720) ; celui-ci fit consigner par écrit certains groupes de traditions réputés solides par les anciens de l’époque, notamment celles qui avaient été conservées par ‘Amra bint ‘Ubayd Allah ibn Ka‘b ibn Mâlik (m. 724). A ce niveau en commença à compiler les mémoires des compagnons, mais par souci de traçabilité on conservait toujours les indications sur leur provenance et leurs sources narratrices. La première tentative « académique » sérieuse de collection des traditions date de cette époque avec Kitâb al-Muwatta' de Mâlik ibn Anas (m. 795) qui n’est autre que le fils de Anas ibn Mâlik (compagnon du prophète et un des premiers narrateurs de hadith). Cet ouvrage qui est plus un livre de jurisprudence que de tradition marque en quelque sorte la transition entre le simple fiqh (droit légal) de l'époque ancienne et la science pure des hadiths de la période suivante.
En effet, à la bonne foi des toutes premières génération se substituera les problèmes politiques des ères omeyyades et Abbassides. Ainsi beaucoup de gens avaient eu intérêt à forger des textes en les attribuant au Prophète pour y trouver appui lors des conflits d'idées ou de tendances ce qui fait qu’une masse de traditions apocryphes submergea l'islam à ce moment. Aussi les ulémas ont-ils élaboré toute une science de la critique des traditions pour dégager celles qui avaient de la valeur, puis ils ont rassemblé celles dont la solidité était prouvée.
Au départ de cette période la méthode consistait à recueillir les hadiths parfaits, les plus sûrs, ceux qui s'appuient sur l'autorité d'un compagnon du Prophète via ses élèves et les élèves de ses élèves ; toutes les traditions remontant à tel ou tel compagnon, et dont chacune est appelée hadith musnad (tradition appuyée) parce qu'elle remonte par une chaîne correcte jusqu'à un compagnon sûr, s'appuyant lui-même sur l'autorité du Prophète. On nommait des ouvrages pareils musnad ‘ala ar-rijal (« appuyé sur les hommes » de confiance), l’auteur étant un musnid. (car il avait lui aussi besoin de l’aval de ses paires !). L'exemple le plus connu de ce genre de recueils est le fameux Musnad d'Ibn Hanbal.
Mais par la suite une méthode, plus perfectionnée, apparut. On y procède par matières et est appelée ‘ala l-abwab (« par chapitres »). Ce type de recueils est appelé musannaf et son premier exemple est justement le fameux Authentique ou « al-Jami‘ as-sahîh » (« la Compilation Véridique ») de Bokhâri (809-869). Cet ouvrage constitue par sa rigueur dans la reproduction du hadith, matn (texte) et isnad (chaîne de transmission), une pierre importante dans l'édifice de la discipline du hadith et l’incarnation même de son essence. Bokhâri innova sur un point qui deviendra classique par la suite : il donne aux textes qu'il recueille un court commentaire explicatif et descriptif ce qui s’avéra très utile en un temps ou l’époque du prophète paraissais de plus en plus lointaine. L’autre ouvrage conçu sur le même plan, est l’Authentique de Muslim ; mais ce qui fait de l’ouvrage de Bokhâri soit plus populaire c’est justement le fait que Muslim, plus rustique, n’accompagne pas ces hadiths de commentaires ou d’explications ; il en fit donc un ouvrage purement académique et très technique à l’adresse des juristes.
Cette période faste pour la science du hadith fut riche en la matière puisque quatre autres recueils virent le jour sans pour autant égaler les deux premiers : les Sunan d'Abu Dawûd (817 - 888), d'at-Tirmidhi (824 - 892), d'an-Nasâ'i (830 - 915) et celui d'Ibn Mâja (824 - 886). Ce groupe constitue avec as-sahihayn (les deux « Authéntiques ») les ouvrages fondamentaux de l'abondante littérature des traditions et à travers elle de la législation sunnite qui viendra par la suite. Mais arrivée au sommet, et s’étant trop éloigné de l’époque du Prophète et de ses compagnons on décida peu après de mettre fin au travail de compilation, considérant que tout ce qui pouvait être « sauvé » de la mémoire des premiers musulmans sur leur Prophète fut sauvé d’autant que les hadiths recueillis répondaient à une très grande partie des questions qui pouvaient se poser aux croyants de l’époque.
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