D’hier à aujourd’hui, le Ramadhan
Ce que nous vous rapportons n’est que le fruit des constatations faites dans la vie de tous les mois de Ramadhan et des souvenirs que nous en avons gardés compte tenu du fait que le relâchement dans les comportements ne peut être que la conséquence des conditions de vie qui, à un moment ou à un autre, on n’a pas choisies.
Le manque d’harmonisation ou de corrélation entre la science qui avance à grands pas, la pratique religieuse et le domaine commercial est, peut-être, en partie responsable des problèmes qui s’abattent sur tout le monde sans que chacun ne puisse y remédier.
La vie moderne dans laquelle nous baigons comme dans une mer démontée nous maltraite sans pitié alors que nous n’avons rien pour la maîtriser.
Mais malgré tous les déphasages liés au sous-développement, nous avons gardé intacte la foi religieuse.
Une pratique de l’Islam des temps modernes
Même si nous nous obstinons à nous enfermer dans notre univers à part, le modernisme fait ailleurs des pas de géant et nous en consommons sans retenue ses produits : portables de tous horizons, Internet, voitures etc. Le nombre de mosquées s’est considérablement multiplié et partout. De plus, entre hier et aujourd’hui, beaucoup de concepts, rites, obligations se sont précisés, et c’est tant mieux. Pourvu qu’on ne se laisse pas tenter par le fanatisme aussi pernicieux que stérile, la plupart des gens pour ne pas dire tous, peuvent avoir accès au Coran.
Ce ne fut pas le cas dans l’ancien temps où chacun, mis à part quelques privilégiés, devait avoir recours à des gens qui n’étaient pas toujours disponibles et qui avaient appris le Coran par cœur, sinon à la planche d’écriture au «qalam» en roseau.
Nous remarquons aussi des changements dans la pratique religieuse comme la grande prière de «taraouih» qui a existé depuis longtemps mais très peu connue il y a de cela cinquante ans.
Les imams d’aujourd’hui, y compris ceux des villages les plus reculés, la mettent à la portée de tous.On aurait pu faire mieux en développant les liens, très compatibles en Islam entre la religion et la science.
A ce sujet, on doit rappeler en guise d’illustration la citation d’un grand disparu «(Que Dieu ait son âme), un imam moderniste, polyglotte capable de vous traduire instantanément d’une langue à l’autre les versets coraniques qu’il comprenait à la perfection et qui avait répondu tout de go à des intellectuels qui l’écoutaient d’une oreille attentive : «La religion sans science est boiteuse, la science sans religion est aveugle». N’est-ce pas, là, une pensée universelle et d’actualité ?
Ce qu’on entend par rêves brisés
Il s’agit de la vie chère qui ne permet plus de se payer ce qu’on désire manger. Nos ancêtres qui n’avaient que Dieu arrivaient à vivre heureux pendant le Ramadhan. Ils étaient pratiquants à l’extrême et respectueux des préceptes de l’Islam pour que le jeûne fût conforme, même si les moyens étaient réduits.
Par exemple, ils tenaient à la propreté morale et à la propreté physique. Les impératifs d’une bonne pratique étaient de rigueur. On allait loin dans la nature pour s’approvisionner en eau et en aliments, cela à moindre frais pour les plats du Ramadhan. Il arrivait, parmi les gens aisés, que quelqu’un eût la générosité d’égorger un mouton, un chèvreau au profit de tous, c'est-à-dire pour permettre à ceux qui vivaient dans son voisinage d’agrémenter le couscous, plat national.
Les mendiants d’antan étaient reconnus comme de véritables démunis qu’on aidait du mieux qu’on pouvait.
Aujourd’hui, des dizaines ou des centaines de milliers de mendiants font de la mendicité un métier enrichissant. La plupart ont des villas, particulièrement les femmes, et rentrent le soir dans des voitures de luxe.
La ruse et le vice sont définitivement installés, surtout chez les marchands qui inventent des techniques sophistiquées pour mieux arnaquer. Lorsqu’ils vous vendent des pommes de terre, des haricots, des tomates, ils vous appâtent par la devanture pour vous refiler ce qu’il y a de plus immangeable. Cela rappelle les dattes pleines de vers qu’on ne donnerait pas au bétail et qu’on vend dans des boîtes blanches, enveloppées dans du cellophane.
Les anciens se souviennent bien de la vie d’autrefois, pleurent dans leur cœur, ils ne peuvent plus manger le couscous d’orge devenu trop cher.
Par Abed Boumediene, La nouvelle République
Ce que nous vous rapportons n’est que le fruit des constatations faites dans la vie de tous les mois de Ramadhan et des souvenirs que nous en avons gardés compte tenu du fait que le relâchement dans les comportements ne peut être que la conséquence des conditions de vie qui, à un moment ou à un autre, on n’a pas choisies.
Le manque d’harmonisation ou de corrélation entre la science qui avance à grands pas, la pratique religieuse et le domaine commercial est, peut-être, en partie responsable des problèmes qui s’abattent sur tout le monde sans que chacun ne puisse y remédier.
La vie moderne dans laquelle nous baigons comme dans une mer démontée nous maltraite sans pitié alors que nous n’avons rien pour la maîtriser.
Mais malgré tous les déphasages liés au sous-développement, nous avons gardé intacte la foi religieuse.
Une pratique de l’Islam des temps modernes
Même si nous nous obstinons à nous enfermer dans notre univers à part, le modernisme fait ailleurs des pas de géant et nous en consommons sans retenue ses produits : portables de tous horizons, Internet, voitures etc. Le nombre de mosquées s’est considérablement multiplié et partout. De plus, entre hier et aujourd’hui, beaucoup de concepts, rites, obligations se sont précisés, et c’est tant mieux. Pourvu qu’on ne se laisse pas tenter par le fanatisme aussi pernicieux que stérile, la plupart des gens pour ne pas dire tous, peuvent avoir accès au Coran.
Ce ne fut pas le cas dans l’ancien temps où chacun, mis à part quelques privilégiés, devait avoir recours à des gens qui n’étaient pas toujours disponibles et qui avaient appris le Coran par cœur, sinon à la planche d’écriture au «qalam» en roseau.
Nous remarquons aussi des changements dans la pratique religieuse comme la grande prière de «taraouih» qui a existé depuis longtemps mais très peu connue il y a de cela cinquante ans.
Les imams d’aujourd’hui, y compris ceux des villages les plus reculés, la mettent à la portée de tous.On aurait pu faire mieux en développant les liens, très compatibles en Islam entre la religion et la science.
A ce sujet, on doit rappeler en guise d’illustration la citation d’un grand disparu «(Que Dieu ait son âme), un imam moderniste, polyglotte capable de vous traduire instantanément d’une langue à l’autre les versets coraniques qu’il comprenait à la perfection et qui avait répondu tout de go à des intellectuels qui l’écoutaient d’une oreille attentive : «La religion sans science est boiteuse, la science sans religion est aveugle». N’est-ce pas, là, une pensée universelle et d’actualité ?
Ce qu’on entend par rêves brisés
Il s’agit de la vie chère qui ne permet plus de se payer ce qu’on désire manger. Nos ancêtres qui n’avaient que Dieu arrivaient à vivre heureux pendant le Ramadhan. Ils étaient pratiquants à l’extrême et respectueux des préceptes de l’Islam pour que le jeûne fût conforme, même si les moyens étaient réduits.
Par exemple, ils tenaient à la propreté morale et à la propreté physique. Les impératifs d’une bonne pratique étaient de rigueur. On allait loin dans la nature pour s’approvisionner en eau et en aliments, cela à moindre frais pour les plats du Ramadhan. Il arrivait, parmi les gens aisés, que quelqu’un eût la générosité d’égorger un mouton, un chèvreau au profit de tous, c'est-à-dire pour permettre à ceux qui vivaient dans son voisinage d’agrémenter le couscous, plat national.
Les mendiants d’antan étaient reconnus comme de véritables démunis qu’on aidait du mieux qu’on pouvait.
Aujourd’hui, des dizaines ou des centaines de milliers de mendiants font de la mendicité un métier enrichissant. La plupart ont des villas, particulièrement les femmes, et rentrent le soir dans des voitures de luxe.
La ruse et le vice sont définitivement installés, surtout chez les marchands qui inventent des techniques sophistiquées pour mieux arnaquer. Lorsqu’ils vous vendent des pommes de terre, des haricots, des tomates, ils vous appâtent par la devanture pour vous refiler ce qu’il y a de plus immangeable. Cela rappelle les dattes pleines de vers qu’on ne donnerait pas au bétail et qu’on vend dans des boîtes blanches, enveloppées dans du cellophane.
Les anciens se souviennent bien de la vie d’autrefois, pleurent dans leur cœur, ils ne peuvent plus manger le couscous d’orge devenu trop cher.
Par Abed Boumediene, La nouvelle République