Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L'inquiétude des humanitaires en Afghanistan

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L'inquiétude des humanitaires en Afghanistan

    Les humanitaires sont inquiets. Depuis la déclaration du commandant taliban Farouki dans Paris Match , qui affirme vouloir s'en prendre aux humanitaires, les organisations non gouvernementales (ONG) ne cachent plus leur pessimisme. Certaines parlent même de retrait de leurs activités.

    "En dehors de Kaboul, l'Afghanistan est un pays de non-droit et le pavot est désormais la culture dominante", explique le docteur Michel Brugière, directeur de MDM (Médecins du monde), qui garde une petite structure antitoxicomanie à Kaboul . "Les humanitaires sont devenus des cibles. Si les talibans décident de nous chasser, ils peuvent le faire facilement." Résultat : la mission à Kaboul, où l'on compte plusieurs centaines d'ONG, fait profil bas. "Notre équipe évite les endroits fréquentés par les humanitaires, les restaurants et magasins. On est ainsi moins en danger que le reste de la communauté et, de toute façon, nous travaillons sur un thème, l'exclusion, qui est moins sensible que les autres, assure Olivier Maguet, responsable de mission. Mais on sait aussi que si on sort de Kaboul, on sera visé comme IRC..."

    IRC, c'est International Rescue Committee. Chacun à Kaboul a en tête le drame du 13 août. Ce jour-là, le 4X4 au logo de l'ONG américaine a été mitraillé sur la route de Kaboul à Kandahar. Bilan : 3 expatriées et un Afghan tués. Sur la carrosserie, on a relevé une centaine d'impacts de balles. Depuis, c'est la consternation au sein de la communauté des expatriés à Kaboul. D'autant qu'une confusion fragilise un peu plus la position de ces organisations caritatives : le mélange entre militaire et humanitaire. Les troupes de l'Otan se sont en effet lancées dans des opérations humanitaires via les PRT ( équipes provinciales de reconstruction ). "IRC était présente depuis vingt ans en Afghanistan, rappelle, sous le choc, un humanitaire. Cela veut dire que tout le monde est visé."

    "oeuvrer en Afghanistan, c'est presque se jeter dans la gueule du loup"

    Du côté de Solidarités , on accuse aussi le coup. Son directeur, Alain Boinet, qui a conduit de multiples opérations sur le terrain, affiche un pessimisme appuyé. "Les talibans se sont très bien organisés depuis quelques mois. Leur stratégie, c'est faire partir les humanitaires pour déstabiliser davantage le pouvoir." Même constat de la part de Patricia Lalonde (1), qui dirige l'ONG Mewa ( Mobilisation pour les femmes élues en Afghanistan ) : "Cela devient de plus en plus dur de travailler. OEuvrer en Afghanistan, c'est presque se jeter dans la gueule du loup. Mais c'est aussi pour cela qu'il ne faut pas lâcher, car c'est exactement ce que veulent les talibans." Son projet d'école à Mazar-I-Sharif, dans le nord, a subi un coup de frein, dans l'attente de jours meilleurs. Car les régions du nord et du centre ne sont plus sûres : deux expatriés français d' Action contre la faim ont ainsi été enlevés pendant deux semaines en juillet. Et un employé afghan de l'ONG française Acted a été assassiné en août dans la région de Kunduz, au nord. "Le problème, c'est que plus la guerre s'intensifie, plus il y a de bavures, et plus il y a de bavures, plus l'insurrection recrute", résume Alain Boinet. Cela s'appelle un engrenage. Certains humanitaires préfèrent parler de bourbier.

    (1) Auteur de "Paris-Kaboul, journal d'une femme révoltée" (Éditions de Passy)

    Par Le point
Chargement...
X