Les troupes militaires russes en Ossétie du Sud, dimanche 10 août (REUTERS)
L’armée russe a bombardé des cibles géorgiennes et 4 000 hommes ont pénétré sur le territoire abkhaze.
lundi 11 août 2008
L’avion russe a largué sa bombe à 200 mètres à peine du grand aéroport de la capitale géorgienne, non loin d’une base militaire. «Ils ont pu vouloir frapper l’un ou l’autre», a reconnu le ministère de l’Information géorgien. C’était dimanche, en début de soirée, juste avant que n’arrive le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, accompagné du président en titre de l’Osce (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), le Finlandais Alexander Stubb, pour tenter de jouer les médiateurs. «Nous pouvons peser», a assuré Kouchner, alors que la France préside l’UE pour six mois. Nicolas Sarkozy annonce une visite à Moscou ces prochains jours, estimant qu’il existe désormais de réelles perspectives pour «parvenir rapidement à une sortie de crise» en Ossétie du Sud, «après le retrait des forces géorgiennes».
Moscou a repris hier le contrôle de Tskhinvali la «capitale» de l’autoproclamée République séparatiste d’Ossétie du Sud, et les bilans des combats des derniers jours restent confus. Les Russes évoquent 2000 morts, Tbilissi parle de 92 victimes civiles géorgiennes, dans 46 villes. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), 40 000 personnes auraient fui les combats, les trois quarts seraient partis vers la Russie.
Blocus. Le conflit ouvert vendredi par l’intervention des forces géorgiennes contre les séparatistes d’Ossétie du Sud protégés par Moscou s’intensifie. 4000 soldats russes ont débarqué en Abkhazie, autre république séparatiste pro-russe, dont les forces sont passées à l’assaut pour reconquérir les gorges de Kodori, le dernier bout de leur territoire resté depuis 1994 sous contrôle de Tbilissi. Moscou accentue aussi sa pression en instaurant un blocus maritime des côtes géorgiennes pour empêcher toute livraison d’armes. Une vedette géorgienne a été coulée. L’aviation russe a effectué de nombreux raids sur les villes bordant la ligne de front, comme Gori, mais elle aurait aussi détruit une partie des installations portuaires de Poti, sur la mer Noire. Les volontaires affluent et la population fait bloc, mais sans illusion en raison du rapport de force (lire page 4). Moscou exige un «retrait complet des forces géorgiennes» d’Ossétie du Sud et Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, accuse Mikhaïl Saakachvili d’être à l’origine de la crise et clame qu’il «n’est plus un partenaire», tout en démentant d’exiger sa démission comme préalable.
Discrets. L’aventure militaire lancée par le président géorgien, au pouvoir depuis 2003, pour tenter de rétablir une popularité bien entamée, est en train de se transformer en déroute. Sa dernière carte reste désormais le soutien de la communauté internationale, et notamment des Occidentaux, restés pour le moins discrets pendant quarante-huit heures (lire page 4). «Le monde doit parler d’une seule voix, et cette voix unie devrait dire que l’intégrité territoriale de la Géorgie doit être respectée», a déclaré le président géorgien dans une interview à la BBC World, soulignant que son pays était en train «d’être envahi» par son puissant voisin russe.
Les appels à la cessation des combats se sont multipliés hier, la Maison Blanche invoquant le risque de conséquences «importantes» qu’aurait pour Moscou la poursuite d’une «escalade disproportionnée et dangereuse». Cette mise en garde suivait de près celle de l’Union européenne. A New York, le Conseil de sécurité, qui devait tenir une nouvelle réunion dans la nuit, peine toujours à se mettre d’accord sur une résolution. «Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il était très difficile, voire impossible de trouver un terrain commun pour une déclaration», déclarait hier matin le président en exercice du Conseil, le Belge Jan Grauls. Disposant du droit de veto, Moscou veut d’abord imposer ses conditions à Tbilissi.
liberation
L’armée russe a bombardé des cibles géorgiennes et 4 000 hommes ont pénétré sur le territoire abkhaze.
lundi 11 août 2008
L’avion russe a largué sa bombe à 200 mètres à peine du grand aéroport de la capitale géorgienne, non loin d’une base militaire. «Ils ont pu vouloir frapper l’un ou l’autre», a reconnu le ministère de l’Information géorgien. C’était dimanche, en début de soirée, juste avant que n’arrive le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, accompagné du président en titre de l’Osce (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), le Finlandais Alexander Stubb, pour tenter de jouer les médiateurs. «Nous pouvons peser», a assuré Kouchner, alors que la France préside l’UE pour six mois. Nicolas Sarkozy annonce une visite à Moscou ces prochains jours, estimant qu’il existe désormais de réelles perspectives pour «parvenir rapidement à une sortie de crise» en Ossétie du Sud, «après le retrait des forces géorgiennes».
Moscou a repris hier le contrôle de Tskhinvali la «capitale» de l’autoproclamée République séparatiste d’Ossétie du Sud, et les bilans des combats des derniers jours restent confus. Les Russes évoquent 2000 morts, Tbilissi parle de 92 victimes civiles géorgiennes, dans 46 villes. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), 40 000 personnes auraient fui les combats, les trois quarts seraient partis vers la Russie.
Blocus. Le conflit ouvert vendredi par l’intervention des forces géorgiennes contre les séparatistes d’Ossétie du Sud protégés par Moscou s’intensifie. 4000 soldats russes ont débarqué en Abkhazie, autre république séparatiste pro-russe, dont les forces sont passées à l’assaut pour reconquérir les gorges de Kodori, le dernier bout de leur territoire resté depuis 1994 sous contrôle de Tbilissi. Moscou accentue aussi sa pression en instaurant un blocus maritime des côtes géorgiennes pour empêcher toute livraison d’armes. Une vedette géorgienne a été coulée. L’aviation russe a effectué de nombreux raids sur les villes bordant la ligne de front, comme Gori, mais elle aurait aussi détruit une partie des installations portuaires de Poti, sur la mer Noire. Les volontaires affluent et la population fait bloc, mais sans illusion en raison du rapport de force (lire page 4). Moscou exige un «retrait complet des forces géorgiennes» d’Ossétie du Sud et Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, accuse Mikhaïl Saakachvili d’être à l’origine de la crise et clame qu’il «n’est plus un partenaire», tout en démentant d’exiger sa démission comme préalable.
Discrets. L’aventure militaire lancée par le président géorgien, au pouvoir depuis 2003, pour tenter de rétablir une popularité bien entamée, est en train de se transformer en déroute. Sa dernière carte reste désormais le soutien de la communauté internationale, et notamment des Occidentaux, restés pour le moins discrets pendant quarante-huit heures (lire page 4). «Le monde doit parler d’une seule voix, et cette voix unie devrait dire que l’intégrité territoriale de la Géorgie doit être respectée», a déclaré le président géorgien dans une interview à la BBC World, soulignant que son pays était en train «d’être envahi» par son puissant voisin russe.
Les appels à la cessation des combats se sont multipliés hier, la Maison Blanche invoquant le risque de conséquences «importantes» qu’aurait pour Moscou la poursuite d’une «escalade disproportionnée et dangereuse». Cette mise en garde suivait de près celle de l’Union européenne. A New York, le Conseil de sécurité, qui devait tenir une nouvelle réunion dans la nuit, peine toujours à se mettre d’accord sur une résolution. «Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il était très difficile, voire impossible de trouver un terrain commun pour une déclaration», déclarait hier matin le président en exercice du Conseil, le Belge Jan Grauls. Disposant du droit de veto, Moscou veut d’abord imposer ses conditions à Tbilissi.
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