En juin dernier, le roi Abdallah, d’Arabie saoudite a ouvert en grande pompe à Madrid une conférence sur le dialogue entre les trois religions monothéistes. On a vu le monarque wahhabite se prêter, chose rare, à des effusions avec des représentants du judaïsme. Pendant trois jours, on a échangé mille serments d’amitié pour promettre, finalement, de se revoir.
Les musulmans, du moins leurs représentants, ont fait bonne impression à Madrid et sont parvenus, apparemment, à rassurer leurs interlocuteurs. Les musulmans qui n’étaient pas présents dans la capitale espagnole se sont remis à espérer en l’avenir. Ils se sont dits que si les trois grandes religions du monde, si dissemblables et si antagoniques, se mettent à dialoguer, l’espoir est permis. On peut penser que les musulmans ne s’arrêteront pas en si bon chemin, qu’ils engageront bientôt le dialogue entre eux. On pourra ainsi voir sunnites et chiites s’élancer les uns vers les autres, un rameau d’olivier à la main. Les sunnites remettraient leurs dagues au fourreau et reprendraient, entre eux, la conversation interrompue par l’assassinat du calife Othmane. Les Arabes cesseraient d’appeler leurs nouveaux-nés Oussama, en hommage à Ben Laden, et tourneraient le dos à Omar El-Bechir (1). Les Soudanais n’iraient plus aux meetings dansants d’un dictateur qui n’est pas un modèle de vertu islamique. Les Libyens ne seraient pas près de mourir pour Hannibal, le «vainqueur» des Alpes… suisses, l’enfant gâté d’un régime qui fait accoucher ses matrones à Genève. Question de logique, mais la logique n’est plus en odeur de sainteté chez les Arabes. Elle est ravalée aux pages mortes dans les manuels scolaires et menacée de disparaître à la longue des systèmes d’enseignement arabes. Avec le retour en force du fondamentalisme, le slogan de «la logique équivaut à l’apostasie» se réinstalle dans ses quartiers. Supprimé ou banalisé dans plusieurs écoles arabes, l’enseignement de la philosophie est remis en cause, ces jours-ci, au Koweït. Sous prétexte de tout mettre en conformité avec la Charia, un comité de théologiens recommande au gouvernement de réaménager les cours de philosophie, dans le secondaire, en attendant leur suppression définitive. Piqué au vif, l’écrivain koweïtien Ahmed Baghdadi salue à sa manière cette initiative : «Bienvenue à l‘Etat taliban, bienvenue !» Il estime devoir affirmer, en toute conscience, que les régimes et les peuples arabes ne sont pas préparés à la démocratie. «Tous les peuples ne sont pas prêts à vivre dans un ordre démocratique, à défendre les droits de l’homme, le respect d’autrui et la liberté d’expression. Selon moi, c’est une question de gènes, affirme Ahmed Baghdadi dans le quotidien Al-Siassa. Les cerveaux sont constitués à partir de gènes déterminés. J’en veux pour preuve le fait que le cerveau d’Einstein n’a pas d’équivalent arabe et n’en aura pas, à l’avenir. Il en est de même des idées et des concepts humains : il y a des cerveaux qui les acceptent grâce à la présence de gènes précis. Ne voyons-nous pas le retour à la religion de la majorité des Arabes musulmans qui vivent en Europe ? Pourquoi la rationalité n’a-t-elle pas agi sur eux en dépit des longues années qu’ils ont vécues en Occident ? Qu’est-ce qui pousse un homme qui a passé toute sa vie en Occident laïque, à voir les choses d’un point de vue religieux, si ce n’est une question de gènes ?» Pour l’écrivain, la mentalité arabe est régie par ce qui est communément appelé «l’esprit de clan et du butin». «L’Arabe, dit-il, est narcissique, individualiste. Il rejette autrui ainsi que l’idée de travailler en groupe et de contribuer au bien de la collectivité et il est tyrannique. Prenons en exemple l’expérience démocratique afin que certains ne disent pas que je prête aux Arabes musulmans des défauts qu’ils n’ont pas ou encore qu’ils sont comme les autres peuples. Or, l’histoire contemporaine montre clairement que les Arabes musulmans sont un peuple qui n’a pas de racines en matière de démocratie, de liberté de penser et de droits de l’homme. Qui niera la réalité de l’échec de la démocratie dans le monde arabe ? s’interroge Ahmed Baghdadi. Qui niera le rejet par les Etats arabes musulmans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, soit par les réserves exprimées contre certains articles, soit par le refus de mettre leurs lois en harmonie avec cette déclaration ? Dans tous les Etats, les lois arabes sont contre la femme. Toutes les lois arabes sont contre les libertés de penser (loi sur l’impression et l’édition par exemple). Toutes les lois arabes sont contre les droits de l’homme, comme les lois qui font la différence entre l’homme et la femme en matière de citoyenneté. La ségrégation religieuse entre les hommes en matière de croyances (et c’est un problème qui n’existe nulle part ailleurs dans les Etats modernes que chez les musulmans). Tous ces rejets ne peuvent pas surgir et se propager à partir du néant, note encore l’écrivain koweïtien. Il faut donc une explication logique à ce rejet par les peuples arabes musulmans de la démocratie, des droits de l’homme et de la liberté de pensée et de croyance. Et si nous renonçons à l’explication génétique (2), celle qui reste plausible est l’absence de ces idées dans le patrimoine arabe. La personnalité tyrannique est dominante dans la mentalité et la psychologie arabes, au point que tous les gouvernements et les peuples arabes fonctionnent avec des lois tyranniques. Il est donc normal, poursuit Ahmed Baghdadi, que nous ayons une loi pour l’édition, une autre loi liberticide pour l’internet. Il est aussi naturel que le gouvernement approuve la suppression de l’enseignement de la philosophie dans les programmes scolaires. Il est encore normal que les droits de l’homme ne soient pas respectés, tout comme il est normal que la démocratie échoue chez nous. Tout ceci nous ramène à la réalité suivant laquelle nous n’avons pas, de par notre nature, un patrimoine historique en matière de démocratie, de libertés, de droits humains et de philosophie. Nous avons aggravé les choses lorsque nous avons volontairement détruit tous les éléments d’un enseignement civique. Un Etat qui n’a pas un véritable système d’enseignement ne peut pas faire progresser la démocratie, les libertés, les droits de l’homme et les idées philosophiques. Car tous ces sujets ont été inventés par un cerveau humain. Or, nous sommes une nation sans cervelle et toutes les autres nations se gaussent de notre ignorance », conclut l’écrivain koweïtien. J’ajouterais, pour ma part, que si les Arabes ont apporté et expliqué au monde la logique d’Aristote, ils n’en ont gardé aucune copie. La seule certitude sur laquelle s’appuyer est celle-ci : «Tout retard est source de bienfait.» C’est un postulat qui vous cloue littéralement au sol, et pour des générations.
A. H.
lesoirdalgerie
Les musulmans, du moins leurs représentants, ont fait bonne impression à Madrid et sont parvenus, apparemment, à rassurer leurs interlocuteurs. Les musulmans qui n’étaient pas présents dans la capitale espagnole se sont remis à espérer en l’avenir. Ils se sont dits que si les trois grandes religions du monde, si dissemblables et si antagoniques, se mettent à dialoguer, l’espoir est permis. On peut penser que les musulmans ne s’arrêteront pas en si bon chemin, qu’ils engageront bientôt le dialogue entre eux. On pourra ainsi voir sunnites et chiites s’élancer les uns vers les autres, un rameau d’olivier à la main. Les sunnites remettraient leurs dagues au fourreau et reprendraient, entre eux, la conversation interrompue par l’assassinat du calife Othmane. Les Arabes cesseraient d’appeler leurs nouveaux-nés Oussama, en hommage à Ben Laden, et tourneraient le dos à Omar El-Bechir (1). Les Soudanais n’iraient plus aux meetings dansants d’un dictateur qui n’est pas un modèle de vertu islamique. Les Libyens ne seraient pas près de mourir pour Hannibal, le «vainqueur» des Alpes… suisses, l’enfant gâté d’un régime qui fait accoucher ses matrones à Genève. Question de logique, mais la logique n’est plus en odeur de sainteté chez les Arabes. Elle est ravalée aux pages mortes dans les manuels scolaires et menacée de disparaître à la longue des systèmes d’enseignement arabes. Avec le retour en force du fondamentalisme, le slogan de «la logique équivaut à l’apostasie» se réinstalle dans ses quartiers. Supprimé ou banalisé dans plusieurs écoles arabes, l’enseignement de la philosophie est remis en cause, ces jours-ci, au Koweït. Sous prétexte de tout mettre en conformité avec la Charia, un comité de théologiens recommande au gouvernement de réaménager les cours de philosophie, dans le secondaire, en attendant leur suppression définitive. Piqué au vif, l’écrivain koweïtien Ahmed Baghdadi salue à sa manière cette initiative : «Bienvenue à l‘Etat taliban, bienvenue !» Il estime devoir affirmer, en toute conscience, que les régimes et les peuples arabes ne sont pas préparés à la démocratie. «Tous les peuples ne sont pas prêts à vivre dans un ordre démocratique, à défendre les droits de l’homme, le respect d’autrui et la liberté d’expression. Selon moi, c’est une question de gènes, affirme Ahmed Baghdadi dans le quotidien Al-Siassa. Les cerveaux sont constitués à partir de gènes déterminés. J’en veux pour preuve le fait que le cerveau d’Einstein n’a pas d’équivalent arabe et n’en aura pas, à l’avenir. Il en est de même des idées et des concepts humains : il y a des cerveaux qui les acceptent grâce à la présence de gènes précis. Ne voyons-nous pas le retour à la religion de la majorité des Arabes musulmans qui vivent en Europe ? Pourquoi la rationalité n’a-t-elle pas agi sur eux en dépit des longues années qu’ils ont vécues en Occident ? Qu’est-ce qui pousse un homme qui a passé toute sa vie en Occident laïque, à voir les choses d’un point de vue religieux, si ce n’est une question de gènes ?» Pour l’écrivain, la mentalité arabe est régie par ce qui est communément appelé «l’esprit de clan et du butin». «L’Arabe, dit-il, est narcissique, individualiste. Il rejette autrui ainsi que l’idée de travailler en groupe et de contribuer au bien de la collectivité et il est tyrannique. Prenons en exemple l’expérience démocratique afin que certains ne disent pas que je prête aux Arabes musulmans des défauts qu’ils n’ont pas ou encore qu’ils sont comme les autres peuples. Or, l’histoire contemporaine montre clairement que les Arabes musulmans sont un peuple qui n’a pas de racines en matière de démocratie, de liberté de penser et de droits de l’homme. Qui niera la réalité de l’échec de la démocratie dans le monde arabe ? s’interroge Ahmed Baghdadi. Qui niera le rejet par les Etats arabes musulmans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, soit par les réserves exprimées contre certains articles, soit par le refus de mettre leurs lois en harmonie avec cette déclaration ? Dans tous les Etats, les lois arabes sont contre la femme. Toutes les lois arabes sont contre les libertés de penser (loi sur l’impression et l’édition par exemple). Toutes les lois arabes sont contre les droits de l’homme, comme les lois qui font la différence entre l’homme et la femme en matière de citoyenneté. La ségrégation religieuse entre les hommes en matière de croyances (et c’est un problème qui n’existe nulle part ailleurs dans les Etats modernes que chez les musulmans). Tous ces rejets ne peuvent pas surgir et se propager à partir du néant, note encore l’écrivain koweïtien. Il faut donc une explication logique à ce rejet par les peuples arabes musulmans de la démocratie, des droits de l’homme et de la liberté de pensée et de croyance. Et si nous renonçons à l’explication génétique (2), celle qui reste plausible est l’absence de ces idées dans le patrimoine arabe. La personnalité tyrannique est dominante dans la mentalité et la psychologie arabes, au point que tous les gouvernements et les peuples arabes fonctionnent avec des lois tyranniques. Il est donc normal, poursuit Ahmed Baghdadi, que nous ayons une loi pour l’édition, une autre loi liberticide pour l’internet. Il est aussi naturel que le gouvernement approuve la suppression de l’enseignement de la philosophie dans les programmes scolaires. Il est encore normal que les droits de l’homme ne soient pas respectés, tout comme il est normal que la démocratie échoue chez nous. Tout ceci nous ramène à la réalité suivant laquelle nous n’avons pas, de par notre nature, un patrimoine historique en matière de démocratie, de libertés, de droits humains et de philosophie. Nous avons aggravé les choses lorsque nous avons volontairement détruit tous les éléments d’un enseignement civique. Un Etat qui n’a pas un véritable système d’enseignement ne peut pas faire progresser la démocratie, les libertés, les droits de l’homme et les idées philosophiques. Car tous ces sujets ont été inventés par un cerveau humain. Or, nous sommes une nation sans cervelle et toutes les autres nations se gaussent de notre ignorance », conclut l’écrivain koweïtien. J’ajouterais, pour ma part, que si les Arabes ont apporté et expliqué au monde la logique d’Aristote, ils n’en ont gardé aucune copie. La seule certitude sur laquelle s’appuyer est celle-ci : «Tout retard est source de bienfait.» C’est un postulat qui vous cloue littéralement au sol, et pour des générations.
A. H.
lesoirdalgerie
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