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Le chauffeur de Ben Laden à la barre:Le procès de Guantanamo…

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  • Le chauffeur de Ben Laden à la barre:Le procès de Guantanamo…

    Il y a quelques semaines, l’actualité portait sur la fermeture de la prison de la honte. Aujourd’hui le simulacre d’un procès s’y déroule, avec des rebondissements susceptibles de confirmer le ridicule de la gestion du terrorisme sur ce lieu carcéral si controversée. Guantanamo sera décidément le plus grand échec à ciel ouvert de l’Administration Bush, si pour autant le président sortant l’emportait dans son départ de la Maison-Blanche.

    La Cour suprême américaine rappelait le jeudi 12 juin 2008 que la Constitution garantit aux détenus de Guantanamo le droit de saisir la justice civile. Un rappel à l’ordre s’opposant aux arguments d’un gouvernement qui s’applique à défendre le centre de détention de la base américaine à Cuba. En 2004 et en 2006, la plus haute juridiction du pays avait déjà estimé que les prisonniers pouvaient saisir la justice fédérale en s’appuyant sur une procédure du droit anglo-saxon, l’habeas corpus. Mais pour l’instant un curieux procès, dans le prolongement de toute la littérature officielle américaine sur le terrorisme, se déroule sur la base de prisonniers la plus célèbre dans le monde désormais. C’est en effet le prétendu ancien chauffeur d’Oussama Ben Laden qui doit être jugé pour complicité dans l’organisation d’«opérations terroristes».
    En effet, l’accusation réfute le statut de simple chauffeur à Salim Hamdan qui est considéré par les services secrets américains comme une sorte de garde du corps de Ben Laden et un homme de main aux multiples engagements terroristes.
    Cependant, le prisonnier d’origine yéménite se voit presque disculpé par les différents témoignages de personnes impliquées dans la mouvance «El-Qaïda». Ainsi Khalid Cheikh Mohammed, considéré comme l’un des principaux architectes de la spectaculaire série d’attentats synchronisés du 11 septembre 2001, dément pour sa part tout rôle «militaire» du chauffeur yéménite dans l’organisation subversive. Cette déclaration faite vendredi dernier va donner du fil à retordre aux juges, assistés d’un jury de six officiers américains, et risque de mettre la justice américaine dans l’embarras.
    Surtout qu’un moment un peu fantasque du témoignage décrit l’accusé Hamdan Salim comme un individu «primitif», c’est-à-dire très limité d’esprit pour pouvoir assumer une mission de planification terroriste, selon les propos de Khalid Cheikh Mohammed. «Ce n’était pas un soldat, c’était un chauffeur (…) une personne primitive, illettrée, loin de la civilisation et qui n’est pas apte à planifier ou à mettre en œuvre des opérations.» Les avocats de la défense jubilent et l’accusation perd de sa percussion dans un procès où la dimension politique supplante, a priori, les aspects juridiques. Venant s’ajouter à ce témoignage à décharge de Mohammed, l’ex-numéro trois d’El-Qaïda qui se reconnaît par contre «directeur exécutif du 11-Septembre», les affirmations d’un autre détenu de Guantanamo, Waleed bin Attash, qui, lui aussi, écarte la possibilité de
    responsabilité criminelle du chauffeur terroriste. «Hamdan n’était pas impliqué dans la mise en oeuvre d’une quelconque attaque.» Il s’agit donc d’un procès qui commence par une série de doutes majeurs sur la véritable implication de personnes ayant enduré l’enfer d’une détention digne des siècles les plus obscurs du Moyen-Âge chrétien. Guantanamo ne peut plus faire croire à son utilité comme outil de lutte contre le terrorisme à travers la planète ; trop de bavures et de préjugés ne concourent jamais à promouvoir la justice.
    A noter qu’au même moment, en Grande-Bretagne, aucune condamnation n’a été retenue contre les trois hommes soupçonnés d’avoir aidé les auteurs des attentats suicides de Londres, en juillet 2005.
    En effet, après trois semaines d’audience, le jury s’est déclaré incapable de se prononcer sur leur culpabilité, faute de preuves.
    Les accusés n’ont cependant pas été libérés, laissant la latitude à l’accusation de statuer en septembre s’ils doivent ou non être rejugés.
    Le jugement des présumés terroristes contraint souvent des Etats démocratiques désemparés à l’entorse éhontée aux droits qu’ils revendiquent. C’est peut-être le risque encouru d’une politique antiterroriste basée sur le tout répressif plutôt que sur la recherche et la neutralisation pacifique de ses causes.

    Le Jeune Indépendant
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