"Hamas dehors, dehors". Depuis près d'un mois, plusieurs centaines de Palestiniens organisent des manifestations sporadiques dans la bande de Gaza pour protester contre le Hamas. Ils estiment notamment que le mouvement islamiste, qui a la main mise sur l'enclave depuis 2007, est responsable de la situation désastreuse dans laquelle ils vivent aujourd'hui.
Ils appellent à la fin de guerre avec Israël, déclenchée le 7 octobre 2023 après l'attaque sans précédent du Hamas sur le territoire hébreu.
Lors d'une manifestation à Beit Lahia, dans le nord de l'enclave ce mercredi 16 avril, des Palestiniens ont scandé des slogans anti-Hamas, comme "Hamas dehors, dehors" ou encore "Le Hamas, c'est de la racaille", a indiqué à l'AFP Abou Ismaïl Wachah, un habitant âgé de 45 ans, qui a participé au rassemblement.
Ce dernier a expliqué soutenir "toute action qui appelle à mettre fin à la guerre, parce qu'aujourd'hui, ils vivent assiégés, au milieu des destructions, et ils souffrent en permanence".
"Ces manifestations ne sont pas une surprise"
Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive dans la bande de Gaza. Au moins 22 personnes, dont six membres d'une même famille, ont été tués dans de nouveaux bombardements ce jeudi 24 avril au matin, selon la Défense civile palestinienne.
Au total, depuis le 7-Octobre, près de 2,4 millions de personnes ont été déplacées au moins une fois à Gaza et 51.305 personnes sont mortes d'après le ministère de la Santé du Hamas.
Malgré sa victoire dans les urnes en 2007, "le Hamas n'a jamais été hégémonique et n'a jamais rassemblé 95% des voix à Gaza. Il y a toujours eu des courants opposés au Hamas", souligne Pierre Berthelot, professeur de géopolitique et spécialiste du Moyen-Orient au média Atlantico. "Ces manifestations et ces mouvements de protestation à Gaza ne sont pas totalement une surprise".
Pour celui, ces manifestations sont "logiques" "dans la mesure où la "stratégie de confrontation" du Hamas avec Israël "a conduit à la quasi-destruction du territoire à Gaza".
"La question qui se pose maintenant est de savoir dans quelle mesure ces personnes opposées au Hamas peuvent peser pour proposer une alternative à ce mouvement", a-t-il ajouté.
"On veut vivre en liberté"
Sur les pancartes brandies par des manifestants, on peut lire "le Hamas ne me représente pas". "Le monde pense que Gaza est le Hamas et que le Hamas est Gaza", a déclaré à la BBC Moumen al-Natour, avocat gazaoui et ancien prisonnier politique qui a écrit le 30 mars dernier une tribune dans le Washington Post.
"Nous n'avons pas choisi le Hamas, et maintenant, le Hamas est déterminé à diriger Gaza et à lier notre destin au sien. Le Hamas doit se retirer", a-t-il ajouté.
Mohammed al-Masri, un autre manifestant, a expliqué que la foule exprimait son ras-le-bol "face aux destructions, aux bombardements incessants et aux ordres d'évacuation répétés" de l'armée israélienne.
"On ne veut pas de tente qatarie, on veut vivre en liberté", a-t-il affirmé, en référence aux tentes des centaines de milliers de déplacés du territoire palestinien assiégé par Israël depuis le début de la guerre.
Depuis l'échec des négociations de cessez-le-feu début mars, Israël empêche l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza aggravant la crise humanitaire.
"Nous vivons au XXIe siècle et nous sommes privés des droits humains les plus élémentaires. Nous ne pouvons même pas nous procurer un morceau de pain", a déploré Dawood Zayed, un habitant de Beit Lahia à l'AFP. "Nous voulons vivre une vie simple, dans la liberté et la dignité, et ne pas voir nos enfants et nos parents mourir sous nos yeux faute de traitements et d'hôpitaux."
Hassan Abu Jarad, a de son côté demandé aux "sages de (son) peuple" la libération "immédiate" des otages israéliens. "La guerre doit cesser et les otages doivent être libérés. Il n'y aura plus d'hostilité, place à la vie et au partage", a-t-il abondé. Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.
"Nous devons prendre un risque et parler"
L'écrivain israélo-américain, Ahmed Fouad Alkhati, a appelé sur X ce samedi 19 avril à "amplifier les voix palestiniennes anti-Hamas et pro-paix à Gaza". "Les manifestations anti-Hamas peuvent devenir et deviendront un événement régulier", a-t-il déclaré.
Manifester peut cependant être dangereux pour les Palestiniens, le Hamas laissant peu prospérer la dissidence.
Fin mars, Oday al-Rubai, 22 ans, qui avait participé aux manifestations anti-Hamas, a été enlevé par des hommes armés dans un refuge pour réfugiés de la ville de Gaza, rapporte la BBC. Il a été retrouvé mort. Selon la Commission palestinienne indépendante des droits de l'homme, le jeune homme a été torturé, et sa mort représente une "grave violation du droit à la vie et d'exécution extrajudiciaire".
Un autre membre du mouvement de protestation, Amin Abed a quant à lui été battu par des hommes masqués jusqu'à ce qu'il perde connaissance, selon la BBC. Depuis soigné à Dubaï, il a l'impression que le "pouvoir du Hamas a commencé à s’affaiblir".
"Il cible les militants et les civils, les frappe et les tue pour effrayer les gens. Mais ce n'est plus comme avant", note-t-il.
En effet, selon le spécialiste Pierre Berthelot, "certaines études indépendantes suggèrent que le Hamas a perdu en popularité à Gaza". "Nous devons prendre un risque et parler", a estimé l'avocat gazaoui, Moumen al-Natour. "J'ai 30 ans. Quand le Hamas a pris le pouvoir, j'avais 11 ans. (...) J'ai gaspillé ma vie entre la guerre et l'escalade de la violence pour rien".
Source - Yahoo.com - 24/04/2025
Ils appellent à la fin de guerre avec Israël, déclenchée le 7 octobre 2023 après l'attaque sans précédent du Hamas sur le territoire hébreu.
Lors d'une manifestation à Beit Lahia, dans le nord de l'enclave ce mercredi 16 avril, des Palestiniens ont scandé des slogans anti-Hamas, comme "Hamas dehors, dehors" ou encore "Le Hamas, c'est de la racaille", a indiqué à l'AFP Abou Ismaïl Wachah, un habitant âgé de 45 ans, qui a participé au rassemblement.
Ce dernier a expliqué soutenir "toute action qui appelle à mettre fin à la guerre, parce qu'aujourd'hui, ils vivent assiégés, au milieu des destructions, et ils souffrent en permanence".
"Ces manifestations ne sont pas une surprise"
Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive dans la bande de Gaza. Au moins 22 personnes, dont six membres d'une même famille, ont été tués dans de nouveaux bombardements ce jeudi 24 avril au matin, selon la Défense civile palestinienne.
Au total, depuis le 7-Octobre, près de 2,4 millions de personnes ont été déplacées au moins une fois à Gaza et 51.305 personnes sont mortes d'après le ministère de la Santé du Hamas.
Malgré sa victoire dans les urnes en 2007, "le Hamas n'a jamais été hégémonique et n'a jamais rassemblé 95% des voix à Gaza. Il y a toujours eu des courants opposés au Hamas", souligne Pierre Berthelot, professeur de géopolitique et spécialiste du Moyen-Orient au média Atlantico. "Ces manifestations et ces mouvements de protestation à Gaza ne sont pas totalement une surprise".
Pour celui, ces manifestations sont "logiques" "dans la mesure où la "stratégie de confrontation" du Hamas avec Israël "a conduit à la quasi-destruction du territoire à Gaza".
"La question qui se pose maintenant est de savoir dans quelle mesure ces personnes opposées au Hamas peuvent peser pour proposer une alternative à ce mouvement", a-t-il ajouté.
"On veut vivre en liberté"
Sur les pancartes brandies par des manifestants, on peut lire "le Hamas ne me représente pas". "Le monde pense que Gaza est le Hamas et que le Hamas est Gaza", a déclaré à la BBC Moumen al-Natour, avocat gazaoui et ancien prisonnier politique qui a écrit le 30 mars dernier une tribune dans le Washington Post.
"Nous n'avons pas choisi le Hamas, et maintenant, le Hamas est déterminé à diriger Gaza et à lier notre destin au sien. Le Hamas doit se retirer", a-t-il ajouté.
Mohammed al-Masri, un autre manifestant, a expliqué que la foule exprimait son ras-le-bol "face aux destructions, aux bombardements incessants et aux ordres d'évacuation répétés" de l'armée israélienne.
"On ne veut pas de tente qatarie, on veut vivre en liberté", a-t-il affirmé, en référence aux tentes des centaines de milliers de déplacés du territoire palestinien assiégé par Israël depuis le début de la guerre.
Depuis l'échec des négociations de cessez-le-feu début mars, Israël empêche l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza aggravant la crise humanitaire.
"Nous vivons au XXIe siècle et nous sommes privés des droits humains les plus élémentaires. Nous ne pouvons même pas nous procurer un morceau de pain", a déploré Dawood Zayed, un habitant de Beit Lahia à l'AFP. "Nous voulons vivre une vie simple, dans la liberté et la dignité, et ne pas voir nos enfants et nos parents mourir sous nos yeux faute de traitements et d'hôpitaux."
Hassan Abu Jarad, a de son côté demandé aux "sages de (son) peuple" la libération "immédiate" des otages israéliens. "La guerre doit cesser et les otages doivent être libérés. Il n'y aura plus d'hostilité, place à la vie et au partage", a-t-il abondé. Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.
"Nous devons prendre un risque et parler"
L'écrivain israélo-américain, Ahmed Fouad Alkhati, a appelé sur X ce samedi 19 avril à "amplifier les voix palestiniennes anti-Hamas et pro-paix à Gaza". "Les manifestations anti-Hamas peuvent devenir et deviendront un événement régulier", a-t-il déclaré.
Manifester peut cependant être dangereux pour les Palestiniens, le Hamas laissant peu prospérer la dissidence.
Fin mars, Oday al-Rubai, 22 ans, qui avait participé aux manifestations anti-Hamas, a été enlevé par des hommes armés dans un refuge pour réfugiés de la ville de Gaza, rapporte la BBC. Il a été retrouvé mort. Selon la Commission palestinienne indépendante des droits de l'homme, le jeune homme a été torturé, et sa mort représente une "grave violation du droit à la vie et d'exécution extrajudiciaire".
Un autre membre du mouvement de protestation, Amin Abed a quant à lui été battu par des hommes masqués jusqu'à ce qu'il perde connaissance, selon la BBC. Depuis soigné à Dubaï, il a l'impression que le "pouvoir du Hamas a commencé à s’affaiblir".
"Il cible les militants et les civils, les frappe et les tue pour effrayer les gens. Mais ce n'est plus comme avant", note-t-il.
En effet, selon le spécialiste Pierre Berthelot, "certaines études indépendantes suggèrent que le Hamas a perdu en popularité à Gaza". "Nous devons prendre un risque et parler", a estimé l'avocat gazaoui, Moumen al-Natour. "J'ai 30 ans. Quand le Hamas a pris le pouvoir, j'avais 11 ans. (...) J'ai gaspillé ma vie entre la guerre et l'escalade de la violence pour rien".
Source - Yahoo.com - 24/04/2025
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