L’ancien Premier ministre connaît une surprenante renaissance. Jadis honni par la gauche, ce caméléon politique est aujourd’hui adulé par une gauche amnésique.
Celui que Bernadette Chirac surnommait « Néron » est de retour ! Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, vit désormais sa meilleure vie et fait désormais l'unanimité… à gauche. La dernière enquête de popularité du baromètre Cluster17-Le Point montre cette transformation spectaculaire : Villepin arrive en seconde position, juste derrière Marine Le Pen. Plus révélateur encore, l'ancien chiraquien est désormais la troisième personnalité politique préférée des électeurs Insoumis, talonnant Jean-Luc Mélenchon lui-même. C'est tout simplement hallucinant et cela démontre, s'il en était encore besoin, que la mémoire collective est bien courte… Personne n'aurait imaginé il y a 18 ans que ce poète qui aimait tant les ors de la République irait jusqu'à se faire applaudir à la dernière Fête de l'Huma, dans une version Che Guevara de lui-même.
Il faut relire les portraits que consacrait le journal Libération en 2006 à cet aristocrate que les parlementaires de droite surnommaient « le fou » et qu'il appelait en retour « les connards ». L'homme y est alors décrit comme un « psychorigide exalté », doté d'une incroyable « confiance en lui », affichant une « morgue » et une brutalité politique sans limite, méprisant les corps intermédiaires et les syndicats… Il faut aussi se replonger dans son bilan politique pour comprendre à quel point ce revirement est étrange : Dominique de Villepin est l'homme qui a privatisé les autoroutes et amorcé la privatisation de Gaz de France, l'homme qui a instauré l'état d'urgence en 2005 face aux émeutes de banlieues, l'homme qui a tenté d'imposer le contrat première embauche (CPE) lors d'un interminable bras de fer contre la jeunesse… Le voir érigé en nouvelle rock star d'un électorat très à gauche ferait probablement hurler de rire Chirac s'il était encore de ce monde.
Légende anti-impérialiste
Sa légende politique a commencé à l'occasion de son fameux discours à l'ONU contre la guerre en Irak en 2003. Ce moment d'anthologie diplomatique a forgé la légende anti-impérialiste sur laquelle il surfe encore. Récemment, ce sont ses positions sur la guerre entre Israël et le Hamas qui lui ont valu les faveurs d'un électorat qui lui aurait été jadis hostile. Aujourd'hui, son positionnement sur les relations franco-algériennes emporte tout. Alors que le régime algérien embastille arbitrairement un écrivain français octogénaire et malade, Villepin refuse de qualifier l'Algérie de dictature, estimant qu'une telle approche mènerait à « une impasse totale dans nos relations »… Qu'importe le réel, tant que la clientèle (électorale) suit. Cette opération séduction sur critères communautaires s'inscrit dans la droite ligne de la stratégie électorale des Insoumis.
Grisé par cette nouvelle popularité, l'ancien dandy du quai d'Orsay a laissé entendre qu'il pourrait bien se présenter à la présidentielle. D'ailleurs, ce matin, dans Le Parisien, on apprend la création d'un comité de soutien à sa candidature. On y apprend que Villepin serait « un Insoumis au nouvel ordre mondial », d'après l'initiateur de ce comité. Là aussi, il ne faudrait pas avoir la mémoire trop courte. En 2012 déjà, l'ancien Premier ministre avait annoncé sa candidature, mais avait dû s'incliner, faute d'avoir pu récolter les 500 signatures nécessaires. De Néron à Che Guevara, Dominique de Villepin rappelle qu'en politique comme en poésie, les plus belles figures ne sont jamais que des figures de style…
Source : Le Point - 26/02/2025
Celui que Bernadette Chirac surnommait « Néron » est de retour ! Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, vit désormais sa meilleure vie et fait désormais l'unanimité… à gauche. La dernière enquête de popularité du baromètre Cluster17-Le Point montre cette transformation spectaculaire : Villepin arrive en seconde position, juste derrière Marine Le Pen. Plus révélateur encore, l'ancien chiraquien est désormais la troisième personnalité politique préférée des électeurs Insoumis, talonnant Jean-Luc Mélenchon lui-même. C'est tout simplement hallucinant et cela démontre, s'il en était encore besoin, que la mémoire collective est bien courte… Personne n'aurait imaginé il y a 18 ans que ce poète qui aimait tant les ors de la République irait jusqu'à se faire applaudir à la dernière Fête de l'Huma, dans une version Che Guevara de lui-même.
Il faut relire les portraits que consacrait le journal Libération en 2006 à cet aristocrate que les parlementaires de droite surnommaient « le fou » et qu'il appelait en retour « les connards ». L'homme y est alors décrit comme un « psychorigide exalté », doté d'une incroyable « confiance en lui », affichant une « morgue » et une brutalité politique sans limite, méprisant les corps intermédiaires et les syndicats… Il faut aussi se replonger dans son bilan politique pour comprendre à quel point ce revirement est étrange : Dominique de Villepin est l'homme qui a privatisé les autoroutes et amorcé la privatisation de Gaz de France, l'homme qui a instauré l'état d'urgence en 2005 face aux émeutes de banlieues, l'homme qui a tenté d'imposer le contrat première embauche (CPE) lors d'un interminable bras de fer contre la jeunesse… Le voir érigé en nouvelle rock star d'un électorat très à gauche ferait probablement hurler de rire Chirac s'il était encore de ce monde.
Légende anti-impérialiste
Sa légende politique a commencé à l'occasion de son fameux discours à l'ONU contre la guerre en Irak en 2003. Ce moment d'anthologie diplomatique a forgé la légende anti-impérialiste sur laquelle il surfe encore. Récemment, ce sont ses positions sur la guerre entre Israël et le Hamas qui lui ont valu les faveurs d'un électorat qui lui aurait été jadis hostile. Aujourd'hui, son positionnement sur les relations franco-algériennes emporte tout. Alors que le régime algérien embastille arbitrairement un écrivain français octogénaire et malade, Villepin refuse de qualifier l'Algérie de dictature, estimant qu'une telle approche mènerait à « une impasse totale dans nos relations »… Qu'importe le réel, tant que la clientèle (électorale) suit. Cette opération séduction sur critères communautaires s'inscrit dans la droite ligne de la stratégie électorale des Insoumis.
Grisé par cette nouvelle popularité, l'ancien dandy du quai d'Orsay a laissé entendre qu'il pourrait bien se présenter à la présidentielle. D'ailleurs, ce matin, dans Le Parisien, on apprend la création d'un comité de soutien à sa candidature. On y apprend que Villepin serait « un Insoumis au nouvel ordre mondial », d'après l'initiateur de ce comité. Là aussi, il ne faudrait pas avoir la mémoire trop courte. En 2012 déjà, l'ancien Premier ministre avait annoncé sa candidature, mais avait dû s'incliner, faute d'avoir pu récolter les 500 signatures nécessaires. De Néron à Che Guevara, Dominique de Villepin rappelle qu'en politique comme en poésie, les plus belles figures ne sont jamais que des figures de style…
Source : Le Point - 26/02/2025
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