Un ex-agent israélien révèle que l'opération était préparée depuis dix ans en utilisant des talkies-walkies chargés d'explosifs cachés.
Deux ex-agents du Mossad se sont exprimés sous couvert de l'anonymat dans une interview dans l'émission 60 Minutes de CBS News, dimanche, faisant diverses révélations sur l'opération israélienne d'explosion de milliers d'appareils de communication du Hezbollah, les 17 et 18 septembre derniers, qui ont marqué un tournant dans l'escalade israélienne au Liban. Ces explosions ont entraîné la mort de plusieurs membres du Hezbollah mais aussi de civils. Israël en avait d'abord renié la paternité, mais son Premier ministre Benjamin Netanyahu avait fini par reconnaître en novembre qu'il avait avalisé cette attaque.
Lors de l'entretien à CBS News, les deux anciens agents ont livré des détails sur cette opération qui consistait à vendre au Hezbollah, sous de faux prétextes, des engins chargés d'explosifs. L'un des agents a déclaré que l'opération avait débuté il y a dix ans en utilisant des talkies-walkies chargés d'explosifs cachés, et que le Hezbollah « ne se rendait pas compte » qu'il les achetait alors à Israël.
Aucun soupçon
Selon Michael, le faux prénom d'un des agents interrogés, le Hezbollah a acheté à son insu plus de 16 000 talkies-walkies à un « bon prix » auprès d'une fausse société créée par le Mossad. « Nous disposons d'un éventail incroyable de possibilités pour créer des sociétés étrangères qui n'ont aucun moyen de remonter jusqu'à Israël », a déclaré Michael. « Nous créons des sociétés-écrans en rafale afin d'influencer la chaîne d'approvisionnement en notre faveur. Nous créons un monde imaginaire. Nous sommes une société de production mondiale. Nous écrivons le scénario, nous sommes les réalisateurs, nous sommes les producteurs, nous sommes les acteurs principaux et le monde est notre scène », a-t-il ajouté.
Après les talkies-walkies, l'opération s'est étendue aux bipeurs il y a deux ans. Les agents du Mossad ont découvert que le Hezbollah achetait des bipeurs à une société taïwanaise appelée Gold Apollo. Le service de renseignement israélien a alors créé une fausse société sous le nom de Gold Apollo et a truffé les engins d'explosifs, à l'insu de la société mère. « Lorsqu'ils nous achètent des produits, ils n'ont aucune idée qu'ils achètent des produits du Mossad », explique Gabriel, le second agent interviewé.« Nous faisons comme dans le [film] Truman Show, tout est contrôlé par nous dans l'ombre. »
Selon l'ex-agent Gabriel, le Mossad avait minutieusement testé les dispositifs pour s'assurer que les explosions ne blesseraient que le porteur, et non les passants. « Nous testions tout trois fois, deux fois, plusieurs fois afin de nous assurer que les dommages sont minimes », dit-il, alors que ces explosions ont semé la panique au Liban.
En septembre 2024, le Hezbollah avait acheté plus de 5 000 bipeurs piégés. Le Mossad les a fait exploser, provoquant une onde de choc dans tout le Liban, avec des détonations dans des supermarchés, des hôpitaux et autres lieux publics. « Le lendemain de l'explosion des pagers, les gens avaient peur d'allumer les climatiseurs au Liban parce qu'ils craignaient qu'ils n'explosent », a déclaré Michael. « Nous voulons qu'ils se sentent vulnérables, ce qui a été le cas ».
Basculement de la guerre
L'ex-agent Gabriel a affirmé qu'au cours de l'opération, plusieurs membres du Hezbollah ont été blessés alors qu'ils se tenaient près de leur chef Hassan Nasrallah. « Nasrallah, lorsque nous avons effectué l'opération des bipeurs, se trouvait juste à côté de plusieurs personnes qui ont reçu le message. Et devant ses yeux, il les a vus s'effondrer », a-t-il affirmé. « Il était vaincu. Il avait déjà perdu la guerre. »
L'opération a constitué un moment clé dans le conflit entre Israël et le Hezbollah, qui a finalement débouché sur une guerre de grande ampleur, avec des campagnes de violentes frappes aériennes israéliennes contre des cibles du Hezbollah dans tout le Liban, suivies d'une invasion terrestre du Liban. Le cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre.
L'opération israélienne des bipeurs a suscité une condamnation internationale. Le gouvernement libanais a fermement condamné les attaques, tandis que le responsable des droits de l'homme de l'ONU, Volker Turk, s'était dit « consterné » par la méthode employée. Selon lui, l'opération « viole le droit international des droits de l'homme et, le cas échéant, le droit international humanitaire ».
Source : L'Orient le Jour - 24/12/2024
Deux ex-agents du Mossad se sont exprimés sous couvert de l'anonymat dans une interview dans l'émission 60 Minutes de CBS News, dimanche, faisant diverses révélations sur l'opération israélienne d'explosion de milliers d'appareils de communication du Hezbollah, les 17 et 18 septembre derniers, qui ont marqué un tournant dans l'escalade israélienne au Liban. Ces explosions ont entraîné la mort de plusieurs membres du Hezbollah mais aussi de civils. Israël en avait d'abord renié la paternité, mais son Premier ministre Benjamin Netanyahu avait fini par reconnaître en novembre qu'il avait avalisé cette attaque.
Lors de l'entretien à CBS News, les deux anciens agents ont livré des détails sur cette opération qui consistait à vendre au Hezbollah, sous de faux prétextes, des engins chargés d'explosifs. L'un des agents a déclaré que l'opération avait débuté il y a dix ans en utilisant des talkies-walkies chargés d'explosifs cachés, et que le Hezbollah « ne se rendait pas compte » qu'il les achetait alors à Israël.
Aucun soupçon
Selon Michael, le faux prénom d'un des agents interrogés, le Hezbollah a acheté à son insu plus de 16 000 talkies-walkies à un « bon prix » auprès d'une fausse société créée par le Mossad. « Nous disposons d'un éventail incroyable de possibilités pour créer des sociétés étrangères qui n'ont aucun moyen de remonter jusqu'à Israël », a déclaré Michael. « Nous créons des sociétés-écrans en rafale afin d'influencer la chaîne d'approvisionnement en notre faveur. Nous créons un monde imaginaire. Nous sommes une société de production mondiale. Nous écrivons le scénario, nous sommes les réalisateurs, nous sommes les producteurs, nous sommes les acteurs principaux et le monde est notre scène », a-t-il ajouté.
Après les talkies-walkies, l'opération s'est étendue aux bipeurs il y a deux ans. Les agents du Mossad ont découvert que le Hezbollah achetait des bipeurs à une société taïwanaise appelée Gold Apollo. Le service de renseignement israélien a alors créé une fausse société sous le nom de Gold Apollo et a truffé les engins d'explosifs, à l'insu de la société mère. « Lorsqu'ils nous achètent des produits, ils n'ont aucune idée qu'ils achètent des produits du Mossad », explique Gabriel, le second agent interviewé.« Nous faisons comme dans le [film] Truman Show, tout est contrôlé par nous dans l'ombre. »
Selon l'ex-agent Gabriel, le Mossad avait minutieusement testé les dispositifs pour s'assurer que les explosions ne blesseraient que le porteur, et non les passants. « Nous testions tout trois fois, deux fois, plusieurs fois afin de nous assurer que les dommages sont minimes », dit-il, alors que ces explosions ont semé la panique au Liban.
En septembre 2024, le Hezbollah avait acheté plus de 5 000 bipeurs piégés. Le Mossad les a fait exploser, provoquant une onde de choc dans tout le Liban, avec des détonations dans des supermarchés, des hôpitaux et autres lieux publics. « Le lendemain de l'explosion des pagers, les gens avaient peur d'allumer les climatiseurs au Liban parce qu'ils craignaient qu'ils n'explosent », a déclaré Michael. « Nous voulons qu'ils se sentent vulnérables, ce qui a été le cas ».
Basculement de la guerre
L'ex-agent Gabriel a affirmé qu'au cours de l'opération, plusieurs membres du Hezbollah ont été blessés alors qu'ils se tenaient près de leur chef Hassan Nasrallah. « Nasrallah, lorsque nous avons effectué l'opération des bipeurs, se trouvait juste à côté de plusieurs personnes qui ont reçu le message. Et devant ses yeux, il les a vus s'effondrer », a-t-il affirmé. « Il était vaincu. Il avait déjà perdu la guerre. »
L'opération a constitué un moment clé dans le conflit entre Israël et le Hezbollah, qui a finalement débouché sur une guerre de grande ampleur, avec des campagnes de violentes frappes aériennes israéliennes contre des cibles du Hezbollah dans tout le Liban, suivies d'une invasion terrestre du Liban. Le cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre.
L'opération israélienne des bipeurs a suscité une condamnation internationale. Le gouvernement libanais a fermement condamné les attaques, tandis que le responsable des droits de l'homme de l'ONU, Volker Turk, s'était dit « consterné » par la méthode employée. Selon lui, l'opération « viole le droit international des droits de l'homme et, le cas échéant, le droit international humanitaire ».
Source : L'Orient le Jour - 24/12/2024
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