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Les alertes sur les produits de consommation, particulièrement algériens, semblent devenir un rituel quotidien en France. À travers sa plateforme officielle “Rappel Conso”, les autorités françaises publient régulièrement des notifications concernant les rappels de produits jugés “non conformes” ou “dangereux”.
Une vigilance qui, à première vue, vise à protéger les consommateurs. Mais qu’en est-il vraiment lorsque l’économie se mêle à la politique ? Dernière cible en date : la pâte de dattes de la marque algérienne “La Prestigieuse”. Ce produit, conditionné en paquets d’un kilogramme et distribué entre le 13 novembre et le 13 décembre 2024, a été retiré des étals français. La raison avancée ? La présence supposée d’ochratoxine, un contaminant chimique pouvant affecter les fonctions rénales, selon “Rappel Conso”. Ce rappel intervient après une campagne médiatique autour de ce produit, populaire notamment auprès de la diaspora algérienne en France, où les dérivés de dattes comme la pâte de dattes sont des incontournables de la gastronomie traditionnelle.
Une montée en puissance des produits algériens
Les produits algériens, à commencer par les dattes et leurs dérivés, jouissent d’un succès croissant sur le marché français. Ce phénomène s’explique par l’attachement des membres de la diaspora algérienne à leurs traditions culinaires, mais aussi par l’attrait d’un public plus large pour des produits exotiques et naturels. Cependant, cet engouement semble poser problème. Les autorités françaises durcissent les contrôles sur les importations de ces produits, prétextant une mise en conformité avec des normes européennes strictes. Une démarche qui, sous couvert de protection des consommateurs, pourrait bien cacher une stratégie plus complexe.
Le précédent “Marjane” et la répétition du scénario
Ce n’est pas la première fois que les produits algériens subissent ce type de restriction. En septembre dernier, la célèbre pâte à tartiner “Morjane”, un produit très prisé et largement partagé sur les réseaux sociaux, avait été interdite d’importation en France. Les autorités avaient alors invoqué une non-conformité aux règlements de l’Union européenne sur les produits laitiers. En réalité, ces interdictions répétées suscitent des interrogations. S’agit-il uniquement de mesures sanitaires ? Ou bien assiste-t-on à une forme de protectionnisme déguisé, visant à limiter la concurrence de produits étrangers, notamment ceux venant d’un pays dont les relations politiques avec la France sont souvent complexes ? Ces rappels et interdictions s’inscrivent dans un contexte où les relations entre Alger et Paris oscillent entre tension et rapprochement forcé. Certains observateurs y voient une manœuvre politique visant à affaiblir l’image des produits algériens sur le marché européen, tout en adressant un message diplomatique implicite.
La situation soulève également des questions sur la souveraineté alimentaire et économique des pays exportateurs. L’Algérie, qui cherche à diversifier ses exportations hors hydrocarbures, pourrait voir ses efforts entravés par ce type de barrières non tarifaires. Face à ces attaques répétées, il est impératif pour les producteurs et exportateurs algériens de redoubler d’efforts pour garantir la conformité de leurs produits aux standards internationaux, tout en renforçant leur présence sur les marchés étrangers. De même, une diplomatie économique plus proactive pourrait contribuer à protéger les intérêts algériens. Dans un monde où les produits alimentaires deviennent des instruments géopolitiques, chaque bouchée semble avoir une saveur politique. Mais alors, la vraie question reste : jusqu’où ira cette guerre des étals ?
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Rédaction Centrale -24 décembre 2024
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