Au moins cinq universités britanniques se mobilisent en soutien à Gaza.
L'université de Warwick, dans le centre de l'Angleterre, a démarré en premier avec un « campement de solidarité pour Gaza » le 26 avril 2024.
Les tentes ont ensuite essaimé aux abords des universités de Newcastle, Édimbourg, Manchester, Oxford ou encore Cambridge. Émeline Vin a visité le campement devant l’une des facultés de Cambridge.
Publié le : 10/05/2024 - 04:47Modifié le : 10/05/2024 - 13:29
3 mn
Plusieurs dizaines de tentes recouvrent la pelouse devant les flèches victoriennes du King’s College, rapporte notre envoyée spéciale à Cambridge, Émeline Vin. Les étudiants réclament la déclaration des liens financiers entre les différentes facultés et le secteur de l’armement ou des entreprises israéliennes.
Joseph, keffieh noir sur la tête, liste les demandes des étudiants, qui déboursent plusieurs milliers d’euros annuels en frais d’inscription. « Il faut que les habitants et les étudiants sachent où leur argent est investi. Nous souhaitons l’arrêt des interactions financières problématiques. Finalement, c’est notre argent qui est utilisé », lance-t-il.
Des étudiants mobilisés jusqu'à ce que l'université cède à leurs demandes
« Nous avons commencé à camper le même jour qu’Oxford, explique Esther, une étudiante en master aux boucles d’oreilles en forme de pastèque, symbole du soutien à Gaza. Ce sont des anciens de Cambridge et d’Oxford qui ont rédigé la déclaration de Balfour en 1917, qui a cédé une partie des terres palestiniennes pour le projet sioniste. Nous nous sentons historiquement complices dans la "colonisation" de la Palestine. »
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne

Des étudiants protestent contre la guerre à Gaza, dans un campement situé sur le terrain de l'université de Cambridge, en Angleterre, le 7 mai 2024.
Les cours ne sont pas perturbés par la mobilisation, poursuit Esther. « Mes cours sont finis pour cette année, mais les étudiants de licence ont des examens la semaine prochaine. Vous voyez, tout au bout, il y a un barnum calme, où les gens peuvent réviser. Cette nuit, certains ont étudié jusque très tard dans leur tente ! » Les étudiants mobilisés assurent qu’ils camperont jusqu’à ce que l’université cède à leurs demandes.
«Il y a cette idée que le mouvement pro-palestinien est antisémite»
Ces mouvements sont également accusés d’antisémitisme par une partie de la communauté juive. Esther, avec son kippah fleurie sur la tête, estime que « le discours général exclut souvent les Juifs qui soutiennent la Palestine et rejettent le génocide. Beaucoup d’entre nous ont du mal avec l’idée qu’un génocide est perpétré en notre nom ».
La jeune femme, en master d’anthropologie, se mobilise pour demander la fin de l’amalgame, dans le débat public, entre antisionisme et antisémitisme. « Il y a cette idée que le mouvement pro-palestinien est antisémite. Ce n’est pas mon expérience, ni celles de la vingtaine d’autres Juifs présents ici. En tant que juifs, nous avons été accueillis sur le camp avec amour. On a organisé des prières ; le Shacharit du matin, le Ma’ariv le soir. »
L'université a dit dans un communiqué, cité par l'AFP, respecter la liberté d'expression et le droit de manifester. Les manifestations aux États-Unis ayant parfois donné lieu à des violences, et des étudiants juifs exprimant des inquiétudes quant à leur sécurité, le Premier ministre Rishi Sunak souhaite éviter de telles scènes au Royaume-Uni. Il a convoqué jeudi les dirigeants des universités pour évoquer la sécurité des étudiants juifs, et a dénoncé « l'augmentation inacceptable de l'antisémitisme » sur les campus. Une instrumentalisation selon Esther : « Il faut reconnaître qu’à chaque montée de tension au Moyen-Orient, il y a une hausse de l’antisémitisme et c’est inacceptable. Mais c’est frustrant que les universités soient utilisées dans la guerre contre le wokisme. On se sent invisibilisés. »
Les seuls chiffres disponibles sur l’antisémitisme au Royaume-Uni proviennent des organisations communautaires, et font état d’un quadruplement des incidents en 2023.
rfi . fr
L'université de Warwick, dans le centre de l'Angleterre, a démarré en premier avec un « campement de solidarité pour Gaza » le 26 avril 2024.
Les tentes ont ensuite essaimé aux abords des universités de Newcastle, Édimbourg, Manchester, Oxford ou encore Cambridge. Émeline Vin a visité le campement devant l’une des facultés de Cambridge.
Publié le : 10/05/2024 - 04:47Modifié le : 10/05/2024 - 13:29
3 mn
Plusieurs dizaines de tentes recouvrent la pelouse devant les flèches victoriennes du King’s College, rapporte notre envoyée spéciale à Cambridge, Émeline Vin. Les étudiants réclament la déclaration des liens financiers entre les différentes facultés et le secteur de l’armement ou des entreprises israéliennes.
Joseph, keffieh noir sur la tête, liste les demandes des étudiants, qui déboursent plusieurs milliers d’euros annuels en frais d’inscription. « Il faut que les habitants et les étudiants sachent où leur argent est investi. Nous souhaitons l’arrêt des interactions financières problématiques. Finalement, c’est notre argent qui est utilisé », lance-t-il.
Des étudiants mobilisés jusqu'à ce que l'université cède à leurs demandes
« Nous avons commencé à camper le même jour qu’Oxford, explique Esther, une étudiante en master aux boucles d’oreilles en forme de pastèque, symbole du soutien à Gaza. Ce sont des anciens de Cambridge et d’Oxford qui ont rédigé la déclaration de Balfour en 1917, qui a cédé une partie des terres palestiniennes pour le projet sioniste. Nous nous sentons historiquement complices dans la "colonisation" de la Palestine. »
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne

Des étudiants protestent contre la guerre à Gaza, dans un campement situé sur le terrain de l'université de Cambridge, en Angleterre, le 7 mai 2024.
Les cours ne sont pas perturbés par la mobilisation, poursuit Esther. « Mes cours sont finis pour cette année, mais les étudiants de licence ont des examens la semaine prochaine. Vous voyez, tout au bout, il y a un barnum calme, où les gens peuvent réviser. Cette nuit, certains ont étudié jusque très tard dans leur tente ! » Les étudiants mobilisés assurent qu’ils camperont jusqu’à ce que l’université cède à leurs demandes.
«Il y a cette idée que le mouvement pro-palestinien est antisémite»
Ces mouvements sont également accusés d’antisémitisme par une partie de la communauté juive. Esther, avec son kippah fleurie sur la tête, estime que « le discours général exclut souvent les Juifs qui soutiennent la Palestine et rejettent le génocide. Beaucoup d’entre nous ont du mal avec l’idée qu’un génocide est perpétré en notre nom ».
La jeune femme, en master d’anthropologie, se mobilise pour demander la fin de l’amalgame, dans le débat public, entre antisionisme et antisémitisme. « Il y a cette idée que le mouvement pro-palestinien est antisémite. Ce n’est pas mon expérience, ni celles de la vingtaine d’autres Juifs présents ici. En tant que juifs, nous avons été accueillis sur le camp avec amour. On a organisé des prières ; le Shacharit du matin, le Ma’ariv le soir. »
L'université a dit dans un communiqué, cité par l'AFP, respecter la liberté d'expression et le droit de manifester. Les manifestations aux États-Unis ayant parfois donné lieu à des violences, et des étudiants juifs exprimant des inquiétudes quant à leur sécurité, le Premier ministre Rishi Sunak souhaite éviter de telles scènes au Royaume-Uni. Il a convoqué jeudi les dirigeants des universités pour évoquer la sécurité des étudiants juifs, et a dénoncé « l'augmentation inacceptable de l'antisémitisme » sur les campus. Une instrumentalisation selon Esther : « Il faut reconnaître qu’à chaque montée de tension au Moyen-Orient, il y a une hausse de l’antisémitisme et c’est inacceptable. Mais c’est frustrant que les universités soient utilisées dans la guerre contre le wokisme. On se sent invisibilisés. »
Les seuls chiffres disponibles sur l’antisémitisme au Royaume-Uni proviennent des organisations communautaires, et font état d’un quadruplement des incidents en 2023.
rfi . fr
Commentaire