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Sénégal : Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, vers un pouvoir bicéphale

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  • Sénégal : Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, vers un pouvoir bicéphale



    Une nouvelle ère politique s'ouvre au Sénégal avec l'élection de Bassirou Diomaye Faye. L'opposant accède à la victoire après avoir été choisi par Ousmane Sonko, président du Pastef, déclaré inéligible. Ce duo sera-t-il le rempart contre l’hyperprésidentialisme ? Entretien avec Étienne Smith, maître de conférences à Sciences Po Bordeaux, spécialiste du Sénégal.

    Le 28 Mar. 2024 à 17h20 (TU)

    Par Philippe Randrianarimanana

    TV5MONDE : Bassirou Diomaye Faye aurait-il gagné sans Ousmane Sonko, dont la candidature a été invalidée ? Quelle conséquence peut avoir cette situation unique sur la gouvernance du pays ?

    Étienne Smith, maître de conférences à Sciences Po Bordeaux, spécialiste du Sénégal : Dans son premier discours ce lundi, le futur président Bassirou Diomaye Faye a rappelé son statut de candidat de substitution et ce qu’il doit à Ousmane Sonko. Certains raillent déjà le fait qu’Ousmane Sonko serait « le président du président ». Il est en tout cas logiquement pressenti pour devenir son Premier ministre. C’est une occasion inédite pour clarifier les rôles entre les deux figures de l’exécutif. La figure du Premier ministre est le parent pauvre de ce bicéphalisme dans l’histoire politique sénégalaise depuis 1963, alternant entre suppression pure et simple du poste, et Premiers ministres sans grand pouvoir, dans l’ombre de présidents omnipotents.

    Voir aussi Sénégal : entretien exclusif avec Mouhamadou Makhtar Cissé, ministre de l'Intérieur

    Le Pastef milite depuis longtemps pour un rééquilibrage des pouvoirs entre exécutif, législatif et judiciaire. Par cette configuration atypique entre Faye et Sonko, le Pastef(1) se trouve en position de rééquilibrer les pouvoirs au sein même de l'exécutif. Il y a de la place pour deux et la relation entre les deux hommes est solide. L’un et l’autre ont déjà résisté aux tentatives de les opposer depuis janvier. L’avenir dira si le tandem survivra à l’épreuve de la pratique du pouvoir et de la pression des entourages. Son existence actuelle est déjà une garantie contre la personnalisation du pouvoir.

    TV5MONDE : Bassirou Diomaye Faye annonce une rupture politique. Sur quels points en priorité est-il attendu ?

    Étienne Smith : Le résultat des urnes confirme une volonté nette de rupture. Outre le pouvoir sortant, l’ensemble de la classe politique traditionnelle a été sanctionnée. Les inégalités socio-économiques, le coût de la vie, l’emploi, la lutte contre la corruption, l’affirmation de souveraineté économique, la réforme des institutions ont été des questions centrales dans l’élection. Le président élu a annoncé des ruptures dans ces domaines.


    Une première mesure symbolique mais importante a déjà été prise. Avant même d’entrer en fonction, Bassirou Diomaye Faye a démissionné de son poste de secrétaire général du parti, ce que qu’aucun des présidents avant lui n’avait fait.


    TV5MONDE : Quels sont les freins éventuels au programme de rupture envisagée ?

    Étienne Smith : Des freins institutionnels d’abord, car le nouveau président ne dispose pas de la majorité à l’Assemblée Nationale, élue en juillet 2022. Il ne pourra rebattre les cartes sans une dissolution de cette Assemblée qu’après l’été car il n’est pas possible de la dissoudre dans les deux ans suivant l’élection législative.
    Il pourra néanmoins composer avec cette Assemblée pour faire passer certaines réformes s’il parvient à reconstituer la coalition Yewwi réunissant les députés du Pastef, de Taxawu Senegal de Khalifa Sall et du PDS de Karim Wade et de quelques indépendants voire de députés de la majorité sortante.

    En cas de nouvelles élections législatives, tout dépendra de l’ampleur de la majorité obtenue pour déterminer le soutien ou les blocages politiques venant de l’Assemblée. On peut supposer aussi que de nouvelles oppositions politiques ne manqueront pas d’émerger à mesure que le programme heurtera des intérêts.
    Ensuite, il y aura des freins liés à la situation économique : le taux d’endettement important hérité du régime précédent (75%). La marge de manœuvre budgétaire est limitée. Il y a toujours une certaine dépendance, persistante, aux financements internationaux. Ces contraintes peuvent s'imposer d'autant plus que les revenus de la rente pétro-gazière pourront certes atténuer à moyen terme, mais non régler. Dans ce domaine économique, les bailleurs internationaux peuvent également exercer de fortes pressions, même si la forte légitimité électorale du nouveau président peut donner du poids au nouveau gouvernement sénégalais pour défendre ses positions.


    Enfin, il peut y avoir des freins sociétaux aussi, dans la lutte contre la corruption par exemple. Au Sénégal, le pouvoir doit composer avec des notables, parfois religieux, qui font office de médiateurs au niveau local. Pour défendre leurs clientèles ou leurs protégés, ces notables peuvent freiner la lutte contre la corruption.
    À cet égard, il faut une certaine cuirasse pour résister à ces pressions, mais comme le PASTEF a fait de cette lutte contre la corruption un axe central, on peut penser que Bassirou Diomaye Faye saura réaliser des avancées dans le domaine.



    TV5MONDE : Le défaite de Macky Sall est cuisante, quel avenir pour l’ex-président et pour son camp ?

    Étienne Smith : Les divisions au sein du parti l'Alliance Pour la République (APR), qui existaient déjà avant la défaite, ne vont aller qu’en s’accentuant. Les camps d’Amadou Ba et de Macky Sall se rejettent déjà la responsabilité de l’échec. Mais de fait, tous en sont comptables de l’échec. Le parti conserve ses bastions électoraux dans le nord et quelques départements de l’est, ainsi qu’une majorité de députés à l’Assemblée, mais avec un leadership désormais contesté.

    Une fois le pouvoir perdu, les partis « présidentiels » nés par et pour l’aventure présidentielle, ont souvent du mal à se pérenniser, faute de ressources tirées de l’exercice du pouvoir. Les influents notables locaux qui rapportent des électeurs ont tendance à reprendre leur indépendance à mesure que les ressources clientélaires s’assèchent.

    Les législatives seront un enjeu fort de survie pour l'ex-parti du pouvoir. Mais le séisme électoral que l'on vient de vivre montre aussi que le système clientéliste est à bout de souffle.

    Tous les partis vont devoir se réinventer dans leur mode de fonctionnement. La question de leur financement sera sûrement un des chantiers des réformes à venir. Le Pastef a largement anticipé cette nouvelle donne, en ringardisant les partis bien établis, ce qui est aussi l’une des clés de sa victoire.

    TV5MONDE : Après trois ans de tensions politiques marquées par des violences meurtrières, la démocratie au Sénégal sort-elle renforcée ?

    Étienne Smith : Oui, la démocratie en sort renforcée. Depuis la fin des années 1990, malgré les tensions pré-électorales nées des volontés des pouvoirs sortants de se maintenir ou d’affecter le processus en amont, les élections résolvent les tensions. La population est très patiente et légaliste. Elle a foi en son système électoral robuste. Il n’y a pas de crises post-électorales. C’est d’ailleurs pour cela que la tentative de report de l’élection était une hérésie : elle allait à l’encontre d’une certaine sacralité électorale à laquelle les citoyens sénégalais tiennent absolument. Le recours au peuple reste le meilleur moyen de résoudre des crises. C’est la force du modèle démocratique, que l'on dit démonétisé dans la région, mais pas au Sénégal. Il reste maintenant au nouveau pouvoir à ne pas succomber à la tentation de l’hégémonie comme ses prédécesseurs, d’autant plus après une victoire aussi éclatante.

    1. [le parti des Patriotes africains du Sénégal pour l'éthique, le travail et la fraternité (Pastef) fondé par Ousmane Sonko en 2014 et dissous en fin juillet 2023 par le pouvoir our avoir "appelé à des mouvements insurrectionnels", NDLR]


    .tv5monde . com/









  • #2
    Est-lt toujours en taule, Sonko?
    ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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    • #3
      Est-lt toujours en taule, Sonko?
      Bassirou DiomaFaye et Ousmane Sonko, ont été libérés début mars 2024 , soit deux semaines seulement avant le scrutin .

      La candidature de Bassirou Diomaye est validée car, bien qu'emprisonné, il n'a jamais été jugé.


      SÉNÉGAL : SONKO EN CASAMANCE APRÈS SA SORTIE DE PRISON






      Dernière modification par sako, 29 mars 2024, 22h00.

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      • #4
        Bravo aux sénegalais. Ils ont réussi a construire des institutions qui fonctionnent. Malgré les manouevre de l'ancien président de retarder les élections, le CC a refusé de le suivre et comme si cela ne suffisait pas les élécteurs y ont met une couche supplémentaire et ce dès le premier tour.

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        • #5
          Est il tjrs en prison Ghédiri ?

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          • #6
            Bassirou DiomaFaye et Ousmane Sonko, ont été libérés début mars 2024 , soit deux semaines seulement avant le scrutin .
            Impressionnant, ce qui se passe au Sénégal...
            et curieux quand même, comment a-t-on pu y arriver à un tel niveau de démocratie?
            ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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            • #7
              et curieux quand même, comment a-t-on pu y arriver à un tel niveau de démocratie?

              Macky Sall voulait un report des élections pour la fin de l'année, le Conseil Constitutionnel a dit NIET ,

              --------------

              Au Sénégal, le Conseil constitutionnel invalide le report de l’élection présidentielle décidé par Macky Sall

              L’institution a déclaré contraire à la Constitution la loi adoptée le 5 février par l’Assemblée nationale repoussant l’élection de dix mois et maintenant le président, Macky Sall, à son poste.

              Le Monde

              Le Conseil constitutionnel sénégalais a invalidé, jeudi 15 février, le report de la présidentielle du 25 février au 15 décembre, à l’origine de l’une des plus graves crises traversées par le pays depuis des décennies, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de l’institution.

              Le monde . fr

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