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Comment «revitaliser» l’Autorité palestinienne pour gérer Gaza à l’avenir?

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  • Comment «revitaliser» l’Autorité palestinienne pour gérer Gaza à l’avenir?


    Andrés Allemand Smaller
    Publié: 04.12.2023, 14h03Mis à jour: 04.12.2023, 16h07




    L’après-guerre est déjà en débat alors même que les frappes ont repris de plus belle et que la fin des opérations militaires n’est pas encore à l’horizon.

    Qui gouvernera la bande de Gaza si et quand le Hamas finit par être décimé? La question paraît prématurée. Après tout, les combats ont repris de plus belle après les quelques jours de trêve qui ont permis l’échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. À présent, «une guerre difficile nous attend», a prévenu dès samedi soir le premier ministre Benyamin Netanyahou. Pourtant, force est de constater que l’enjeu de l’après-guerre fait déjà l’objet d’intenses discussions diplomatiques.

    «Joe Biden parle d’une Autorité palestinienne qui jouisse de la crédibilité, de la légitimité, de l’autorité (nécessaire) et du soutien de tous les Palestiniens.»
    John Kirby, porte-parole à la Maison-Blanche


    Ce sont les États-Unis qui mènent le bal. Samedi 18 novembre dans le «Washington Post», le président Joe Biden signait une tribune appelant Israël à se débarrasser d’abord du Hamas puis à confier la bande de Gaza à «une Autorité palestinienne revitalisée», dans la perspective de la création d’un État palestinien «unifié» regroupant à la fois cette bande côtière et la Cisjordanie.

    Cette option, déjà avancée par le chef de la diplomatie Antony Blinken, a ensuite été clarifiée par John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. Joe Biden souhaite remettre en selle «une Autorité palestinienne qui jouisse de la crédibilité, de la légitimité, de l’autorité (nécessaire) et du soutien de tous les Palestiniens.» Sous-entendu: tout ce qui manque au président Mahmoud Abbas. Celui-ci appréciera.

    Sur la corde raide

    Étonnante initiative? Pas tant que ça. À un an des élections présidentielles aux États-Unis, Joe Biden est sur la corde raide: il cherche à soutenir Israël dans sa guerre contre le Hamas tout en atténuant les voix critiques au sein de son propre Parti démocrate, révoltées par le nombre de victimes civiles palestiniennes. Il ne peut pas se permettre de perdre des électeurs alors que Donald Trump mène dans les sondages.
    «Les partenaires de la coalition messianique et annexionniste de Netanyahou ne veulent pas en entendre parler.»
    Nimrod Novik, Israel Policy Forum

    Le pari de Biden s’annonce difficile. Le chef du gouvernement israélien s’y oppose. «Les partenaires de la coalition messianique et annexionniste de Netanyahou ne veulent pas en entendre parler», explique Nimrod Novik, chercheur à l’Israel Policy Forum, une organisation juive américaine militant pour la solution des deux États. Or, le premier ministre israélien ne veut surtout pas se séparer de ces alliés qui le protègent d’une condamnation en justice. «Contrairement à ces partenaires de coalition d’extrême droite, ceux qui les remplaceraient ne lui offriraient pas de porte de sortie» pour lui éviter d’aller jusqu’au verdict dans son procès pour corruption.

    Mahmoud Abbas sur la touche

    Toutefois, si Israël ne veut pas réoccuper la bande de Gaza, il n’y a pas vraiment d’alternative à l’Autorité palestinienne. Le problème, c’est qu’elle est extrêmement impopulaire. Mise en place suite aux accords d’Oslo de 1993, elle devait mener à la création d’un État palestinien au terme d’une longue négociation avec Israël. Un processus avorté.

    Elle administre 39% de la Cisjordanie mais n’a le contrôle que sur 18% du territoire. Quant à la bande de Gaza, elle lui a échappé en 2007 quand le Hamas y a pris le pouvoir par la force suite à sa victoire électorale de 2006. L’administration du président Mahmoud Abbas est perçue comme corrompue et répressive, gérant des municipalités pendant que l’État hébreu étend la colonisation.

    Mahmoud Abbas lui-même, en poste depuis 2005, n’a plus été confronté aux urnes et a perdu toute légitimité. Des élections prévues en 2021 ont été reportées sine die, pour éviter une nouvelle victoire du Hamas, qui se pose en champion de l’indépendance palestinienne face à une Autorité qui a échoué dans sa mission. D’où l’urgence de «revitaliser» ce leadership, notamment en lui donnant un nouveau visage. Mais qui choisir?

    Barghouti et Dahlan

    Marwan Barghouti, l’un des leaders du Fatah (l’organisation de Mahmoud Abbas), est emprisonné en Israël depuis 2002 pour cinq meurtres dont il se dit innocent. Il parle l’hébreu et comprend comment fonctionne la société israélienne. Surtout, il est très populaire parmi les Palestiniens. Selon un sondage effectué en septembre par le Palestinian Center for Policy and Survey research, Marwan Barghouti remporterait 60% des voix contre 37% pour Ismaël Haniyeh, le leader du Hamas. La proportion serait inverse si le même Haniyeh défiait le président Abbas: 58% contre 37%.


    Le leader palestinien Marwan Barghouti escorté par la police israélienne
    pour être auditionné par des juges à Jérusalem en 2012. Il a été emprisonné à vie en 2002.





    Ancien responsable palestinien dans la bande de Gaza,
    Mohammed Dahlan vit en exil à Abu Dhabi, où il conseille les autorités des Émirats arabes unis.


    L’autre nom qui circule, c’est celui de Mohammed Dahlan. Natif de Khan Younès, il était le chef des services de sécurité de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, lorsque le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

    Expulsé, il s’est finalement exilé à Abu Dhabi, où il conseille le gouvernement des Émirats arabes unis, l’un des États à avoir signé en 2020 les accords d’Abraham normalisant les relations avec Israël. Depuis quelques jours, il multiplie les interviews tout en jurant qu’il ne cherche pas prendre le pouvoir. Il est détesté par Mahmoud Abbas, qui l’accuse d’avoir empoisonné le leader historique Yasser Arafat et qui l’a fait poursuivre pour corruption.

    Méfiance arabe

    Cela dit, il ne suffit pas de trouver un successeur à Mahmoud Abbas. L’Autorité palestinienne refuserait de se voir confier, par l’armée israélienne, le contrôle sur une bande de Gaza détruite et traumatisée par des mois de guerre. Washington envisage donc une administration transitoire confiée à des technocrates qui seraient soutenus par des forces arabes et onusiennes.

    Là encore, cela paraît compromis. «Il n’y aura pas de troupes arabes à Gaza. Il n’y en aura pas. Nous ne serons pas considérés comme l’ennemi», a lancé récemment le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi. «Comment peut-on parler de l’avenir de Gaza alors que nous ne savons pas quel genre de Gaza il restera une fois l’agression terminée?»



    tdg.ch
    Tribune de Genève






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