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L’Ukraine face au spectre de la défaite militaire

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  • L’Ukraine face au spectre de la défaite militaire

    ANALYSE - Après l’échec de la contre-offensive, les Occidentaux se demandent comment aider Kiev dans la durée.

    Et si l’Ukraine perdait la guerre contre la Russie? La question est taboue, chez les Ukrainiens comme chez leurs alliés occidentaux, tant elle est lourde d’implications. Mais après vingt et un mois de guerre, alors que depuis l’échec de la contre-offensive les fronts militaires sont gelés, certains se posent discrètement la question. On n’en est pas encore là. Mais depuis plusieurs semaines, les mauvaises nouvelles s’accumulent sur l’Ukraine, contre laquelle tous les vents noirs de la politique et de la diplomatie se sont mis à souffler.


    Sur le terrain militaire, d’abord, où l’enlisement n’a pas attendu le retour des boues d’automne et du froid de l’hiver pour s’installer et geler les initiatives. Certains avaient cru voir dans les crises sociales et politiques qui ont secoué le Kremlin au cours de l’année un effondrement possible de l’armée russe à moyen terme. Cet espoir a depuis été chassé des esprits. «Les Européens ont sous-estimé les capacités militaires des Russes», résume Alyona Getmanchuk, la directrice du think-tank New Europe Center de Kiev. Les Russes ont à nouveau prouvé qu’ils avaient une résilience hors du commun, forgée par les terribles années de la dictature soviétique, y compris pendant la Seconde Guerre mondiale, et avant cela par les temps rugueux de la période tsariste. Ils ont aussi montré leur capacité d’adaptation sur le terrain militaire, où ils ont modifié leurs tactiques en fonction de celles de l’adversaire, en utilisant, par exemple, de plus en plus de drones. L’industrie d’armement s’est mise en ordre de bataille pour servir l’économie de guerre 24 heures sur 24 et produire des munitions en grande quantité. En attendant qu’elle fonctionne à plein régime, les pays amis de la Russie, comme l’Iran et la Corée du Nord, ont bouché les trous dans les équipements militaires.

    L’Occident a détourné les yeux


    L’effondrement économique espéré par les Occidentaux n’a pas eu lieu. Moscou a contourné les sanctions grâce au soutien de ses alliés. La grogne sociale née de l’hécatombe sur le champ de bataille
    - 150.000 morts depuis le 24 février 2022 - a été étouffée par les enveloppes financières distribuées aux familles par le Kremlin. Quant à l’isolement diplomatique annoncé par les Occidentaux, lui non plus n’a pas eu lieu, puisque les pays dits du Sud global ont manifesté leur soutien ou au moins leur neutralité bienveillante vis-à-vis du Kremlin. L’argent a aussi permis de renouveler les forces combattantes sans avoir recours à la conscription. Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, a reconnu «l’impasse» dans laquelle se trouvent ses forces aujourd’hui. Pendant que les Ukrainiens attendaient les armes des Occidentaux, livrées au compte-goutte, les Russes se sont renforcés et adaptés, affirme-t-il en substance dans une interview à The Economist. «On tient nos positions, on ne perd pas, mais on ne gagne pas», résume un ancien haut responsable ukrainien.

    Nous sommes engagés dans une compétition avec Israël pour les munitions américaines. Et ce sera pire quand les bombardiers américains F16 arriveront, car les Israéliens ont les mêmes et il n’est pas sûr que les États-Unis aient le budget suffisant pour fournir assez de munitions aux deux pays
    Pavlo Klimkin, ancien ministre des Affaires étrangères ukrainien
    Deuxième série de nuages venus assombrir le ciel, la guerre entre Israël et le Hamas, qui a fait disparaître l’Ukraine des médias et des réunions politiques en 24 heures, comme un coup d’ardoise magique. Concentré sur le front est depuis bientôt deux ans, l’Occident a détourné les yeux pour les fixer sur la poudrière du Proche-Orient. «Nous sommes engagés dans une compétition avec Israël pour les munitions américaines. Et ce sera pire quand les bombardiers américains F16 arriveront, car les Israéliens ont les mêmes et il n’est pas sûr que les États-Unis aient le budget suffisant pour fournir assez de munitions aux deux pays», explique Pavlo Klimkin, ancien ministre des Affaires étrangères ukrainien. «Le temps joue contre nous», prévient-il.

    Les responsables russes le savent. Ils se délectent de cette certitude. Depuis plusieurs semaines, ils multiplient les discours triomphalistes. «Vladimir Poutine est très actif en ce moment. Il veut pouvoir offrir à la Russie un résultat avant l’élection présidentielle, en mars 2024. Il n’y aura pas de désescalade russe en Ukraine avant cette date», prévient Pavlo Klimkin. Le président russe multiplie les apparitions publiques et les déclarations, quand celui de la Douma affirme que Kiev n’a d’autre choix que de «capituler» ou de «cesser d’exister». Les flottements de l’été, après la rébellion de Prigojine, appartiendraient au passé. Les relais du Kremlin en Europe ont retrouvé leur assurance. Ils font leur miel des frictions entre Volodymyr Zelensky et son chef d’état-major, Valeri Zaloujny. Ils réaffirment haut et fort que le conflit est «une guerre menée par les États-Unis contre la Russie par Ukraine interposée». À les en croire, la rébellion de Prigojine, en août, n’a pas laissé de trace sur le pouvoir.

    Les élites ont fait bloc derrière Vladimir Poutine, dont la réélection, au printemps, est déjà largement assurée. «La question ukrainienne se résoudra sur le champ de bataille. Nous ne négocierons pas. Une défaite militaire de l’Ukraine s’annonce. Elle devrait intervenir d’ici le mois de mai», annonce l’un de leurs représentants. Les soutiens du Kremlin misent sur la «pénurie» d’hommes en Ukraine ainsi que sur la «fatigue» des Européens et des Américains. Mais aussi sur le départ, très attendu à Moscou, de Joe Biden. «Donald Trump n’est pas un partenaire facile, mais avec lui on trouvera des arrangements», estime l’un d’eux.

    Les mots sont là mais les gestes restent lents et hésitants


    Tétanisés par les menaces nucléaires de la Russie, la peur d’une escalade du conflit et la crainte que les Ukrainiens foncent directement avec leurs armes sur la Crimée, censée être une ligne rouge de Vladimir Poutine, les Occidentaux ont distribué l’aide militaire à l’Ukraine avec parcimonie, hésitations et retards. Ce soutien a permis à Kiev de résister pendant vingt et un mois à l’invasion russe. Mais il n’a pas été suffisant pour lui permettre de gagner. Aujourd’hui, alors que les États-Unis se voient contraints de se réinvestir au Proche-Orient et que la prochaine élection présidentielle pourrait bien sonner le glas de l’aide à Kiev, la question ukrainienne est revenue hanter les Européens.

    Ils n’ont pas réduit leur engagement, notamment économique, vis-à-vis de l’Ukraine depuis l’irruption de la nouvelle guerre entre Israël et le Hamas. «Il ne faut pas se tromper de combat. C’est en Ukraine et non au Proche-Orient que les Européens sont engagés. Et il n’y a aujourd’hui aucun signe de désengagement, même de la part de l’Allemagne. La défense de l’Ukraine est toujours considérée comme une question existentielle, car la Russie a remis en cause l’ordre de sécurité du continent», affirme un responsable français. Mais si les mots sont toujours là, les gestes restent lents et hésitants. La promesse de fournir un million de munitions d’ici au printemps 2024 n’a pour l’instant été tenue qu’à 30 %. Le passage en économie de guerre, annoncé par certains responsables européens, n’a pas eu lieu. Les promesses d’Europe géopolitique et d’autonomie stratégique sont restées des slogans, assez peu populaires en dehors de Paris.

    Les grandes capitales européennes attendent les élections américaines et espèrent qu’entretemps un miracle se produira en Ukraine
    Alyona Getmanchuk, directrice du think-tank New Europe Center de Kiev
    «Le problème, c’est qu’il n’y a pas de sens de l’urgence en Europe. Les grandes capitales attendent les élections américaines et espèrent qu’entretemps un miracle se produira en Ukraine. Tout le monde croit que les Ukrainiens peuvent tenir un ou deux ans de plus sans aide supplémentaire. Mais ce n’est pas vrai. On ne peut pas lutter jusqu’à la vie du dernier Ukrainien», alerte Alyona Getmanchuk. Contrairement aux Européens qui sortent si difficilement de la bulle pacifiste dans laquelle les avait enfermés la guerre froide, les Ukrainiens, en première ligne, imaginent un plan B, si la victoire se fait attendre. «Une entrée dans l’Otan sans article 5, le temps qu’on récupère les territoires occupés par la diplomatie. Nous devons être ambitieux mais aussi réalistes. Nous n’avons plus de scénario à 100 % positif. Mais les Occidentaux ont-ils une stratégie pour l’Ukraine?», interroge un responsable ukrainien, alors que les signaux sur le sommet de l’Alliance atlantique, à Washington, en juillet 2024, sont de moins en moins optimistes.

    Une défaite serait lourde de conséquences


    Une défaite de l’Ukraine consécutive à un manque de mobilisation des Occidentaux serait pourtant très lourde de conséquences. Elle encouragerait la poursuite du projet impérialiste du Kremlin dans les autres anciennes républiques d’URSS. Elle affaiblirait, en réduisant à néant ses valeurs et ses principes, le camp des démocraties occidentales, défié par celui des autocraties mené par Vladimir Poutine et Xi Jinping. «Si les États-Unis baissent les bras en Ukraine, ils seront provoqués de la même manière par la Chine. Et si l’Europe laisse faire, ce sera la mort de son projet», prévient un responsable français.

    Il ne reste plus beaucoup de temps pour le réveil européen. L’actuelle Administration américaine s’agace de plus en plus ouvertement des lenteurs et des frilosités de l’Europe en matière militaire et stratégique. Le retour de Donald Trump à la Maison- Blanche serait la cerise sur le gâteau pour le Kremlin. «Nous avons eu la chance d’avoir une bonne Administration américaine et d’avoir pu compter sur les stocks militaires de la guerre froide. Tout ça, c’est fini. Il faut aujourd’hui se réveiller et réindustrialiser le continent. Car même une nouvelle Administration Biden n’aura pas le même engagement européen qu’aujourd’hui», prévient une source à l’Élysée. Or, si le plus probable se confirme - ni victoire ni défaite ukrainienne, donc une guerre qui dure -, les pays européens devront faire preuve de résilience.

    L’armée russe a annoncé qu’elle allait augmenter son budget militaire de 70 % en 2024, par rapport à 2023. «Avec l’argent dont dispose le Kremlin, l’armée russe peut tenir plusieurs années sur le front», prévient l’ancien ministre des Affaires étrangères Pavlo Klimkin.

    Par Isabelle Lasserre
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    La chèvre ukrainienne n'était qu'un piège pour abattre économiquement la Russie un calcul de boutiquiers occidentaux qui n'as pas fonctionner le front n'est que le reflet de leur désastre.

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    • #3
      La conspiration occidentale et otaniste n'a pas tenu sur le temps
      l'aveuglement des européens aligné sur les usa est découverte maintenant

      Cette guerre était en réalité americanorusse

      l'Europe boiteuse a perdu toute crédibilité et devenue le chien de garde des hegemonites et barbaree américain
      Gone with the Wind.........

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      • #4
        Espérant que la Russie finisse le travail rapidement

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        • #5
          En effet les ukrainiens tombent comme des mouches
          Gone with the Wind.........

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          • #6

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