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Pourquoi le Maroc choisit les aides étrangères

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  • Pourquoi le Maroc choisit les aides étrangères


    Plus de 48 heures après le séisme, le Maroc a accepté l’aide de l’Espagne, des Émirats arabes unis, du Qatar et du Royaume-uni. Mais pas de la France. Si les tensions diplomatiques peuvent expliquer en partie cette décision, Rabat s’inscrit cependant dans une tendance observée depuis plusieurs années : une « localisation » – voire une « décolonisation » – de l’aide.

    LesLes catastrophes naturelles donnent toujours lieu à une multiplication d’offres de soutien en provenance de l’étranger, suscitée par une vague d’émotion légitime et une volonté compréhensible de porter secours. « En particulier quand surviennent des urgences dites “CNN”, ces catastrophes largement médiatisées dans le monde entier », soulignait dans un livre publié en 2012 Pierre Salignon, aujourd’hui chef de centre des opérations humanitaires et de stabilisation au ministère des affaires étrangères français. On l’a de nouveau vu après le tremblement de terre dans le sud-ouest du Maroc vendredi soir, qui, selon le dernier bilan, a fait près de 2 500 morts et autant de blessés.

    Ces aides étrangères peuvent produire le meilleur, comme le pire. Ainsi, après le séisme effroyable de 2010 en Haïti – plus de 280 000 morts, 300 000 blessés et 1,3 million de sans-abris –, on avait assisté à une débauche de moyens, mais cette présence étrangère qui palliait l’absence de l’État haïtien avait conduit paradoxalement à l’aggravation de la situation : neuf mois à peine après le séisme, des cas de choléra étaient déclarés. Au total, l’épidémie avait fait 800 000 malades et au moins 10 000 morts.
    L’origine était humaine : un camp de Casques bleus népalais situé à l’amont d’un fleuve. Un scandale politique et scientifique mondial, selon Renaud Piarroux, médecin français qui avait participé à une mission épidémiologique et en a fait le récit dans Choléra. Haïti 2010-2018 : histoire d’un désastre (éditions du CNRS). « L’humanitaire, sans que cela soit forcément intentionnel, affaiblit un État déjà faible », constatait, amèrement, l’écrivain et poète haïtien Lyonel Trouillot.


    Les pays, poussés par les sociétés civiles et les organisations locales, veulent décider de leurs besoins lorsqu’ils sont frappés par une catastrophe naturelle.

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    François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires (OCCAH), professeur à l’Université du Québec à Montréal
    Ce désastre a conduit les humanitaires à une réflexion en profondeur sur leur action d’urgence en cas de désastres naturels, notamment sur la nécessité de privilégier les acteurs locaux et de ne pas imposer une vision « paternaliste » de l’intervention, souligne auprès de Mediapart François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires (OCCAH), professeur à l’Université du Québec à Montréal.

    « Depuis quelques années, on assiste à un virage. Les pays, poussés par les sociétés civiles et les organisations locales, veulent décider de leurs besoins lorsqu’ils sont frappés par une catastrophe naturelle. Le vecteur principal n’est pas la volonté du donateur, mais l’évaluation des besoins faite par les autorités locales compétentes pour qu’elles ne perdent pas le contrôle dans les opérations ou la reconstruction », explique-t-il.

    Cette réflexion des humanitaires est poussée, explique François Audet, par un courant dit de « la localisation ». « On cherche vraiment à ce que l’aide soit la plus locale possible. Dans certains secteurs, on parle même de décolonisation de l’aide », poursuit-il. Pierre Salignon, dans le texte précité, jugeait qu’« on occulte un peu systématiquement, sous le coup de l’émotion et des images tragiques, le fait que les secours les plus efficaces dans les heures suivant une catastrophe sont locaux ».

    L’Espagne première


    Ainsi, plus de 48 heures après le séisme, le Maroc a accepté l’aide de seulement quatre nations : l’Espagne, les Émirats arabes unis, le Qatar et le Royaume-uni, arguant de la nécessité de procéder, selon les mots du ministère de l’intérieur marocain, « à une évaluation minutieuse des besoins sur le terrain et en tenant compte du fait qu’une absence de coordination pourrait être contre-productive ». D’autres offres pourraient être acceptées à l’avenir « si les besoins devaient évoluer », a ajouté le ministère.

    L’aide espagnole a été acceptée dimanche, a indiqué le ministre des affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, interviewé par Catalunya Ràdio. « Il s’agira d’autant d’aides que le Maroc en a besoin, ce que nous mettons en marche d’abord ce sont les équipes de recherche et de sauvetage parce qu’il est urgent de retrouver le plus grand nombre de gens vivants pour les sauver », a-t-il expliqué. « Le temps de la reconstruction venu, l’aide espagnole sera également présente. » José Manuel Albares a expliqué lundi, selon notre partenaire infoLibre, qu’il était en « contact permanent » avec son homologue marocain Nasser Bourita, tout en soulignant que l’Espagne a été « le premier pays à envoyer des équipes sur le terrain ». Le ministère de l’intérieur a précisé que 65 membres de l’Unité militaire d’urgence espagnole devaient partir immédiatement.

    Une offre algérienne


    De nombreux autres se sont déclarés prêts à intervenir. L’Algérie, qui a rompu ses relations avec Rabat en 2021, a décidé de rouvrir son espace aérien pour permettre les vols entre les deux nations et de fait le transport des aides humanitaires et des blessés. Les autorités algériennes sont « pleinement disposées à fournir des aides humanitaires et à mobiliser tous les moyens matériels et humains en solidarité avec le peuple marocain frère en cas de demande du royaume du Maroc », a expliqué la présidence algérienne. Comme le détaille Jeune Afrique, Alger a proposé dimanche 10 septembre de déployer en urgence une équipe de la Protection civile comprenant 80 secouristes spécialisés.

    La France, les États-Unis et Israël ont même proposé leur aide. Paris est prêt à « intervenir » pour venir en aide au Maroc « à la seconde » où les autorités marocaines le demanderont, a ainsi déclaré dimanche le président Emmanuel Macron. « Nous avons mobilisé l’ensemble des équipes techniques et de sécurité pour pouvoir intervenir quand les autorités du Maroc le jugeront utile », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet du G20 à New Delhi, qualifiant le séisme de « tragédie qui nous touche tous ».

    Cette sélection n’a pas manqué de soulever des questions, au regard de l’urgence, et de susciter des polémiques au sein des nations qui ont offert leur soutien, en particulier en France, où le sujet est sensible en raison du passé colonial entre les deux pays et de la crise diplomatique entre Emmanuel Macron et le roi du Maroc due à la question du Sahara occidental, ou encore de l’affaire d’espionnage Pegasus. En mars, Emmanuel Macron avait déclaré que ses relations avec le roi Mohamed VI était amicales, ce à quoi Rabat avait répondu : « Les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée. »



    Cependant, pour François Audet, au-delà de l’histoire particulière franco-marocaine, « il ne faut pas se vexer si un pays prend son temps pour évaluer ses besoins et décider de ses opérations sur son territoire ». L’ancien ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, interrogé sur France Info, a également estimé que, si les tensions diplomatiques pouvaient expliquer l’attitude de Rabat, la décision d’accepter une aide étrangère relève d’un « argument technique » pour « garantir l’efficacité » de la planification des aides. C’est « un argument très sérieux ». « Il faut planifier, organiser dans le temps pour s’assurer que tout cela sera efficace. »

    Si la géopolitique de l’aide entre États est en train de changer, vers peut-être plus de coopération et non d’un rapport de force imposé, il n’en reste pas moins que certains États victimes d’un séisme ont tenté d’instrumentaliser l’aide, comme on l’a vu récemment en Syrie. Bachar al-Assad avait tenté de profiter de l’effet d’aubaine que représentait à ses yeux le tremblement de terre pour sortir de son statut de paria. « Les opérations de secours pilotées par le régime d’Assad ont favorisé sa clientèle et les populations qui sont de son côté. C’est sûr que là, on n’est pas dans l’impartialité qui est la base de la démarche humanitaire », dit François Audet.

    Pour Ignacio Cembrero, journaliste du site El Confidencial, spécialiste du Maroc, le roi Mohamed VI s’inscrit dans cette même tendance en instrumentalisant le drame. Il « fait de la politique avec la souffrance des Marocains », accuse-t-il. « Pourquoi n’accepte-t-il pas l’aide française qui sera sûrement plus utile que l’aide des Qataris ou des Émiratis, car les Français ont plus d’expérience, dit-il à Mediapart. Il y a une politisation de l’aide surtout vis-à-vis de la France. Il va en vacances en France mais il n’accepte pas l’aide de Macron. Les médias marocains mettent le paquet sur l’aide espagnole. »

    « Quoi qu’on en dise, explique de son côté François Audet, ce que le Maroc vient de faire est un acte de leadership international intéressant. D’autres pays manifesteront sûrement cette autonomie, cette souveraineté, lorsqu’ils seront confrontés à ce type de situation. »

    François Bougon
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    Je pense qu'il faut arreter avec ces articles...

    ils font ce qu ils veulent...et dans l absolue ce sont les marocains qui vont payer le prix et non les pays des sauveteurs...

    il ne faut pas etre plus royaliste que le roi

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    • #3
      Pourquoi le Maroc choisit les aides étrangères
      Pourquoi pas ? les lois internationales l'interdit ?

      C'est quoi cette fixation ? et des questions stupides qui ont rapport avec la souveraineté de l'état ?

      Bizarre , ce genre de réaction ne vient que de la part de la France (officielle ) et l'Algérie ( officielle ) .

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      • #4
        On s'en fou de ce que veut M6 , ses calculs et son chantage , faut aider la Libye en urgence

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        • #5
          On s'en fou de ce que veut M6 , ses calculs et son chantage , faut aider la Libye en urgence
          Excellente initiative

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          • #6
            Tu as raison, la priorité devient la Libye.

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