Depuis plus de vingt-quatre heures, le jeune homme de 21 ans soupçonné d’avoir collecté des renseignements pouvant servir à des terroristes ou des ennemis du Royaume-Uni est en fuite.
Photo de Daniel Abed Khalife fournie par la Metropolitan Police. (Metropolitan Police via AP)
Le gouvernement britannique a beau promettre que Daniel Abed Khalife, poursuivi pour « infraction terroriste », sera arrêté et jugé, depuis plus de vingt-quatre heures, cet ex-militaire britannique est dans la nature. Son évasion à bord d’un camion de livraison, sans que personne ne s’en aperçoive, a déclenché une chasse à l’homme dans tout le pays et a suscité la stupéfaction et des questions sur le système pénitentiaire.
Le jeune homme de 21 ans est soupçonné d’avoir collecté des renseignements pouvant servir à des terroristes ou des ennemis du Royaume-Uni. Selon plusieurs médias, dont la BBC, il est soupçonné d’avoir agi au profit de l’Iran. Daniel Khalife est poursuivi pour des faits remontant à janvier et août 2021, sur une base de la Royal Air Force de Strafford, dans le centre de l’Angleterre. Il est accusé d’avoir obtenu ou tenté d’obtenir des informations « au sujet d’un individu qui était ou a été un membre » de l’armée britannique, « susceptibles de servir à une personne commettant ou préparant un acte de terrorisme ». Il est également poursuivi pour une fausse alerte à la bombe, le 2 janvier dernier. Il dément les accusations portées contre lui.
Sous un camion de livraison
Selon le déroulement des faits rendu public par les autorités, l’absence du détenu a été signalée près de vingt minutes après qu’un véhicule a quitté la prison londonienne de Wandsworth mercredi 6 septembre vers 7 h 30 heure locale (8 h 30 à Paris) après avoir effectué une livraison pour les cuisines. Des sangles ont été trouvées sous le véhicule, suggérant qu’il s’y est attaché.
Malgré une évasion qui a eu lieu en plein Londres, aucun signalement n’était enregistré jeudi soir, a précisé la police de la capitale, dont plus de 150 agents se consacrent à l’enquête, en plus de la mise en alerte de toutes les forces du pays.
Par crainte de voir le fugitif quitter le pays, la sécurité a été renforcée dans les aéroports et ports, donnant lieu à la fermeture temporaire de sorties de l’autoroute du sud-est de l’Angleterre qui mène au port transmanche de Douvres, permettant notamment de rejoindre la France.
Wandsworth, prison du XIXe siècle
Face à la foule de questions posées par cette évasion, le ministre de la justice a annoncé plusieurs enquêtes sur le niveau de sécurité de la prison Wandsworth et la décision d’y avoir écroué Daniel Khalife.
La députée travailliste Rosena Allin-Khan a dénoncé devant le Parlement les conditions de travail inadéquates et dangereuses du personnel pénitentiaire dans cet établissement, évoquant des effectifs insuffisants. L’opposition s’interroge sur la présence dans cette prison réputée vétuste datant du XIXe siècle, et non dans un établissement de haute sécurité, de ce détenu poursuivi pour des charges relatives à la sécurité nationale. Elle a souligné que la prison de Wandsworth suscitait des inquiétudes particulières en raison du manque de personnel, qui atteignait 30 % des effectifs lors du dernier contrôle il y a deux ans.
Downing Street a rejeté toute responsabilité du gouvernement concernant les problèmes d’effectifs, assurant avoir embauché 4 000 personnes pour le système pénitentiaire depuis 2017 et prévoir 5 000 postes supplémentaires, en plus d’investissements pour l’ouverture de 20 000 places pour les prisonniers.
La prison de Wandsworth a déjà été le théâtre d’une des évasions les plus connues du pays, celle de Ronnie Biggs, en 1965, qui purgeait une peine de trente ans d’emprisonnement pour l’attaque du train postal Glasgow-Londres deux années auparavant. Après s’être fait la belle avec une échelle en corde, il avait vécu trente-six ans à l’étranger, notamment en Australie et au Brésil, avant d’être arrêté en 2001 à son retour de son plein gré au Royaume-Uni. Libéré
Le Monde