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Vu d'Algérie. Après le coup d’État au Niger, un effet domino à la frontière tchado-libyenne

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  • Vu d'Algérie. Après le coup d’État au Niger, un effet domino à la frontière tchado-libyenne

    Vu d'Algérie. Après le coup d’État au Niger, un effet domino à la frontière tchado-libyenne


    L’Armée nationale libyenne, dirigée par Khalifa Haftar, a lancé ce 25 août une vaste opération militaire à sa frontière avec le Tchad, dans le but de chasser les opposants tchadiens. “El Watan” y voit les premiers effets d’une recomposition du jeu des alliances après le coup d’État au Niger, avec en point de mire le maintien des bases militaires occidentales.

    El Watan
    Publié hier à 17h45 Lecture 3 min.Le vice-ministre de la Défense russe, Iounous-bek Evkourov (à gauche), offre un pistolet à Khalifa Haftar (au centre), lors de sa visite à Benghazi. Des responsables militaires russes dirigés par Yevkurov étaient arrivés en Libye le 22 août. PHOTO AFP/HO/MEDIA OFFICE OF KHALIFA HAFTARPartager
    L’onde de choc de la crise au Niger touche la frontière tchado-libyenne. Expulsion de 2 000 opposants tchadiens du village d’Oumm Al-Aranib, au sud de Sebha, et bombardement de leurs attroupements par l’aviation de Khalifa Haftar. Poursuite des Tchadiens fuyant en Libye par l’aviation de Mahamat Idriss Déby.
    LIRE AUSSI : Carte. Au Sahel, le Niger complète la “ceinture de coups d’État”
    À première vue, les frappes aériennes synchronisées des forces de l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar, et du président du Conseil de transition tchadien, Mahamat Idriss Déby, rentrent dans une opération de routine contre les forces de l’opposition tchadienne, fortement présentes au Sud libyen depuis la chute de Mouammar Kadhafi.

    Pareilles confrontations avaient encore eu lieu en septembre 2021, traduisant l’incapacité des gouvernements successifs en Libye à protéger les frontières de leur pays.


    La zone frontalière située entre le Niger, le Tchad et la Libye, marquée par l’instabilité et les affrontements. COURRIER INTERNATIONAL D’APRES LIBYA.LIVEUMAP.COM
    Par ailleurs, et lors de sa visite la semaine dernière dans la province de Tibesti, limitrophe de la Libye, le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, a confirmé la présence d’insurgés “ennemis du peuple tchadien” venant de Libye dans la région, notamment près des villes de Bardaï [oasis au nord du Tchad] et de Wour [extrême nord du Tchad], où il y a eu, le 10 août, des confrontations avec l’armée régulière tchadienne.

    De leur côté, les forces de Khalifa Haftar ont reconnu avoir chassé près de 2 000 sympathisants de l’opposition tchadienne qui occupaient les bâtisses chinoises dans la localité d’Oumm Al-Aranib, située à 140 kilomètres au sud de Sebha, la principale ville de la province du Fezzan, dans le Sud libyen. Les unités spéciales libyennes ont même été parachutées derrière les lignes des forces de l’opposition tchadienne et les ont cernées.

    Maintenant qu’il est clair que les forces chassées de Libye sont les mêmes qui sont concernées par les propos du président tchadien, il serait intéressant de comprendre les liens de ces agissements avec ce qui se passe au Niger. Et est-ce que cela signifie la fin de la lune de miel entre le maréchal Khalifa Haftar et le Conseil de transition tchadien ?
    Le facteur russe


    Jusque-là, les milices tchadiennes ont servi, de part et d’autre, avec les factions libyennes. Toutefois, le pouvoir des Déby a plutôt sympathisé avec Haftar et l’Est libyen, plus présent sur les frontières communes, en plus des liens historiques nés de l’emprisonnement de Haftar au Tchad entre 1987 et 1990. C’est d’ailleurs à N’Djamena que Khalifa Haftar a été retourné par la CIA. Mais, ces derniers temps, du fait des événements successifs au Mali, au Burkina Faso et, récemment, au Niger, il n’est pas à exclure un changement d’alliances. C’est monnaie courante.
    LIRE AUSSI : Vu du Burkina Faso. Entre le Niger et la France, des positions irréconciliables ?
    Tous les observateurs s’interrogent sur les accords convenus suite à la visite, la semaine dernière, à Benghazi, du vice-ministre de la Défense russe, Iounous-bek Evkourov, d’autant que plusieurs centaines d’hommes des forces spéciales Wagner sont encore en Libye et servent le camp Haftar.

    Wagner se trouve également au Mali, au Burkina [non confirmé par les autorités], et le pouvoir en place à Niamey a déjà pris contact avec eux lors du déplacement, mercredi 23 août, d’une délégation du Niger au Mali et au Burkina, selon le Quai d’Orsay.
    Nouveaux déséquilibres régionaux


    Tout laisse donc à croire que les derniers événements sur les frontières entre la Libye et le Tchad ont un lien direct avec ce qui se passe au Niger voisin, et l’enjeu n’est pas étranger à la “chasse” aux Occidentaux ouverte par les pays du Sahel.

    La France et le pouvoir en place à N’Djamena redoutent-ils un effet domino ? Fort possible. Beaucoup d’éléments confirment l’hypothèse. Les Français pourraient même être derrière ces événements, selon le juge libyen Jamel Bennour.

    “La France est inquiète et ne veut pas perdre son influence au Tchad après avoir perdu la Centrafrique, le Mali, le Burkina et, éventuellement, le Niger, si la junte nigérienne garde le pouvoir”, a-t-il expliqué à El Watan, ajoutant :
    “Il ne reste que le Tchad où la France dispose d’une base à N’Djamena avec déjà un millier d’hommes ; les Français s’y attachent et vont faire tout ce qui est en leur possible pour le garder.”
    LIRE AUSSI : Crise. Les médias algériens accusent la France de préparer une intervention au Niger
    Les gros moyens militaires français à Niamey, au Niger, ne pourraient pas être facilement déplacés au Tchad, puisqu’il y a près de 1 500 hommes, trois avions de combat Mirage 2000, cinq drones Reaper et des dizaines de blindés. C’est dire que la Russie et la Chine avancent à pas sûrs dans les territoires historiquement sous la domination de la France.
    Le sort des bases militaires


    Côté américain, c’est pratiquement le même souci, surtout pour le Niger. L’inquiétude américaine est peut-être même plus vaste. En plus du millier de soldats américains stationnant près de l’aéroport de Niamey, Washington dispose d’une vaste base de drones à Agadez d’une superficie de 25 km2 et classée deuxième en Afrique après celle de Djibouti.
    LIRE AUSSI : Opinion. Quitter le Sahel, “la seule solution raisonnable” pour la France
    La base d’Agadez sert de principal centre de surveillance et de renseignement pour les Américains au Sahel. Les Américains ont dépensé 110 millions de dollars pour sa construction et déboursent 30 millions de dollars pour la préserver.

    C’est ce qui explique, par ailleurs, l’énergie dépensée côté américain pour trouver une issue diplomatique au dossier du Niger. Il est toutefois important de souligner que si les manifestants, venus par milliers devant la base militaire de Niamey le vendredi 11 août, ont brandi des drapeaux russes et nigériens, ils ont scandé des slogans antifrançais. Ils ont clairement évité d’élever la voix contre les États-Unis.

    C’est dire que l’Occident joue gros au Sahel dans la redéfinition, en cours, des équilibres au Sahel.

    Mourad Sellami
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