" Très franchement, en tant que Marocains, on a tous envie de répondre aux autorités françaises : « Mais pour qui vous prenez-vous ?"
Selon le crédo de feu l'assassin Hassan II: " Il ne faut simplement le dire mais il faut le faire", on comprend mal l'obligation des Marocains à se rendre en France?
Depuis 1991, je n'ai plus jamais foulé le sol français par nif algérien. Dito mon épouse pourtant originaire du Rif mais native à Mohammédia.
Et reste la sempiternelle interrogation: pourquoi la dictature marocaine n'active-t-elle la réciprocité d'obligation aux visas envers les ressortissants français come la France requiert les visas aux Marocains?
A vous!
- Noureddine Ayouch : « Sur le Maroc, Macron est manifestement mal conseillé » (titre initial).
La généralisation annoncée de l’enseignement de l’anglais au Maroc est-elle, en creux, un nouveau signe de prise de distance avec Paris ? Spécialiste des langues, le célèbre publicitaire ne le croit pas, mais confirme qu’un fossé s’est creusé entre Rabat et Paris.
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Justement, ne pensez-vous pas que cette généralisation de l’anglais est symptomatique d’une forme de désamour avec Paris ?
Il est évident qu’il y a un agacement, et même un mécontentement, d’un point de vue politique de la part du pouvoir marocain vis-à-vis de Paris et tout particulièrement d’Emmanuel Macron, qui se comporte avec la monarchie marocaine et le roi d’une manière pour le moins cavalière. Il y a eu l’épisode Pegasus, que le président français ne semble pas avoir digéré et à la suite duquel il s’était montré irrespectueux à l’égard de la monarchie, bien que le Maroc ait indiqué clairement qu’il n’y était pour rien.
À cela est venue s’ajouter l’affaire des restrictions de visa qui était honteuse, et des prises de position de la France contre le Maroc à l’Union européenne sur la question des droits de l’homme.
Les élites marocaines, historiquement très francophiles, semblent avoir particulièrement mal vécu la restriction sur les visas…
Tous les Marocains ont très mal vécu cette question des visas, y compris moi, qui ai fait mes études en France, où je compte beaucoup d’amis. Je me suis senti blessé, et cette blessure est partagée par des écrivains, des acteurs, des metteurs en scène et des chefs d’entreprise. Cette mesure, dont le but n’était autre que de vexer de manière puérile les Marocains, revenait à dire « je ne vous laisse pas entrer chez moi » à des personnes qui n’avaient de toute manière aucune intention de s’installer en France. C’est vraiment désastreux. Une honte.
Très franchement, en tant que Marocains, on a tous envie de répondre aux autorités françaises : « Mais pour qui vous prenez-vous ? » Et si nous n’étions pas dans l’obligation d’aller en France, soit pour rendre visite à nos familles ou à nos enfants étudiants, soit parce que nos entreprises ont des liens d’affaires avec des sociétés françaises ou, dans le cas des artistes, pour assister à des événements ou des festivals, les Marocains, et de surcroît l’élite du royaume, tourneraient définitivement le dos à la France.
Jeune Afrique (extraits).
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