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Frontières africaines héritées du colonialisme: Êtes-vous pour ou bien contre?
Savez-vous comment et pourquoi s'était opéré un large consensus entre "le groupe de Moravia" contre celui de "Casablanca"afin de conserver les frontières héritées par la colonisation du continent africain?
Dernière modification par rago, 22 juin 2023, 14h57.
Quelques remarques afin de faire avancer le sujet.
- Des partisans de la révision des frontières estiment qu’il paraît logique que l’Afrique post-coloniale entreprenne de revenir sur les erreurs des découpages coloniaux. Car les assises territoriales des États africains, nés des arrangements coloniaux, ne tenaient pas compte des spécificités propres qui devaient être essentielles à la cohésion sociale et au renforcement de l’unité en leur sein. Pour dénoncer ce partage préjudiciable à la viabilité durable des États africains, ils ont fait du démantèlement des frontières coloniales une préoccupation prioritaire. C’est dans ce sens que les dirigeants africains, favorables à la remise en cause des frontières, réunis au sein du «Groupe de Casablanca» voulaient une refonte des frontières africaines en 1963.
D’autres dirigeants par contre, souhaitaient le maintien du tracé hérité de la colonisation. Pour ce second groupe de dirigeants, appelé «Groupe de Monrovia», le statu quo territorial avait comme objectif la stabilité des frontières coloniales, permettant de sécuriser les confins des États africains nouvellement indépendants. Ceci pour consolider les nations et à terme, réussir à les transformer en États-nations. Il paraissait donc sage et prudent de maintenir le legs territorial colonial, condition sine qua non d’une paix entre les États et en leur sein et de possibilité de développement réel. Voilà grosso modo l’essentiel de l’argument des tenants du statu quo territorial
En 1964, feu Boutef avait milité- à juste raison- pour le maintien du tracé des frontières érigé par la colonisation pour cause qu'à l'époque, l'Afrique du Sud n'était pas encore décolonisée et son affranchissement à venir ferait naître d'autres pays.
Voilà l'un des éléments (Afrique du Sud) qui avait fait pencher la balance la faveur de la position "du groupe de Moravia".
- Durant les premières années des indépendances africaines, une des préoccupations majeures des pères fondateurs fut la question de la configuration à donner aux frontières léguées par la colonisation. Elle se posait en ces termes : fallait-il remettre en cause le tracé colonial et ouvrir la voie à des incertitudes et à l’instabilité ou l’accepter et permettre ainsi l’instauration d’un climat de sérénité et de paix dans les rapports inter-étatiques? C’est dans ce contexte de forte controverse au sujet des frontières des États africains, que la Conférence des Chefs d’États et de Gouvernements de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) réunie au Caire, opta en faveur du «respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque État et de son droit inaliénable à une existence indépendante».
Pour expliciter davantage cette disposition, ils adoptèrent une résolution spécifique [Résolution AHG/Res.16(I)] dite de l’intangibilité des frontières africaines, le 21 juillet 1964. En termes plus clairs, «elle déclare solennellement que tous les États membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé à l’indépendance». Elle consiste en une interdiction faite aux États membres d’exprimer toute revendication territoriale et de vouloir procéder à une modification du tracé colonial au détriment d’un État tiers. L’enjeu étant d’empêcher les conflits dus aux remises en cause de frontières en Afrique. Pour les dirigeants africains, cet impératif concerne d’une part, toute agression extérieure venant d’un autre État, et d’autre part, tout mouvement sécessionniste venant de l’intérieur de nature à mettre en cause les frontières issues des indépendances.
" elle déclare solennellement que tous les États membres s’engagent à respecterles frontières existant au moment où ils ont accédé à l’indépendance". La ratification de cette condition sine qua non engendrera la reconnaissance de l'indépendance de la Mauritanie- en 1969- par la dictature marocaine qui, comme d'égard au Sahara Occidental actuellement, spéculait sur l'ineptie que la Mauritanie fut marocaine!
- La délégation française à l’O.N.U. fera valoir que l’Organisation internationale ne peut décemment remettre en question l’usage que les populations mauritaniennes ont fait du droit de disposer d’elles-mêmes, et qu’elle ne saurait refuser d’accueillir en son sein la Mauritanie, au même titre que les autres États d’Afrique noire. Le gouvernement français estime d’ailleurs qu’un début de reconnaissance internationale a été accordé à la Mauritanie le jour où la B.I.R.D. a consenti un prêt important à la Société des mines de fer de Mauritanie.
Même s’ils s’efforcent de démontrer que l’évolution de la Mauritanie a été faussée par la présence et les pressions de l’ancienne puissance colonisatrice, les délégués marocains à l’O.N.U. auront du mal à convaincre l’Assemblée que la Mauritanie est « partie intégrante » du Maroc et que ses populations aspirent au rattachement.
Quand bien même l’Assemblée générale admettrait qu’un référendum soit organisé sur cette question avant l’accession à l’indépendance, il est à penser qu’une simple minorité se prononcerait en faveur de la souveraineté marocaine.
-Le Maghreb, la bande sahélo-soudanaise et la Corne de l’Afrique constituent les foyers de contestation de frontières les plus remarqués .
Dans le Maghreb, un an après son indépendance en 1963, l’Algérie est entrée en guerre avec le Maroc pour un litige sur le tracé de la frontière dans la région de Figuig, au Nord-est de Tindouf. Après les échecs successifs d’Habib Bourguiba, Hailé Sélassié et Nasser, ce litige fut le premier cas de médiation porté devant les instances de l’OUA1. En 1976, l’armée marocaine s’est heurtée à l’armée algérienne via de violents combats à l’Est de Tindouf, à propos cette fois du Sahara Occidental. On a alors craint que les deux grands États maghrébins s’engagent dans une guerre fratricide.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, a été abandonné au profit du Maroc, de la Mauritanie et de l’Algérie par le colonisateur au moment de son retrait, sans tenir compte de l’avis des populations sahraouies qui y vivent. En mai 1973, cette situation conduit à la constitution d’un mouvement armé anticolonialiste (le Front Polisario) pour revendiquer la création d’un État sahraoui indépendant dans les frontières de l’ancien Sahara occidental. En vertu d’un accord de paix signé avec le Front Polisario en août 1979, la Mauritanie se retire du Sud du Sahara occidental. L’armée marocaine se déploie aussitôt sur la totalité du territoire. Nonobstant l’occupation marocaine, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est admise à l’OUA en 1982, dont le Maroc se retire deux ans plus tard (et fut expulsé de l'OUA en 1986 pour non-recouvrement de ses obligations financières en tant que membre-Ndlr-).
- Cette guerre (guerre des sables) s’est déroulée dans la région algérienne de Tindouf et Hassi-Beïda, puis à Figuig au Maroc. Les facteurs qui ont contribué à l’éclatement du conflit sont entre autre l’absence d’un tracé précis de la frontière entre l’Algérie et le Maroc, l’irrédentisme marocain autour de la notion du «Grand Maroc», l’importantes des ressources minérales dans la zone contestée ainsi que le refus du gouvernement de l’Algérie indépendante, de reconsidérer la convention signée en juillet 1961 à Rabat entre Hassan II et Ferhat Abbas, le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), sur la question du litige territorial dont la résolution est différée jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. La médiation de l’OUA favorise un cessez-le-feu, laissant la frontière inchangée.
Depuis le début de ces différents épisodes, les relations algéro-marocaines restent tendues, ce qui paralyse l’Union du Maghreb arabe, proclamée en 198912. Au-delà du Maghreb, la question du Sahara occidental représente une source de discorde majeure entre les États africains. Les États proches du Maroc comme la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Sénégal ou le Mali soutiennent l’exclusion de la RASD de l’Union africaine(UA). Ils souhaitent faire basculer le Nigeria de leur côté afin de contrebalancer le poids des autres géants du continent, soutiens de la RASD tels que l’Algérie, l’Afrique du Sud ou l’Angola.
C’est donc tout naturellement que la question s’est invitée au 22e sommet de l’UA tenu en janvier 2014, au cours duquel le Président sud-africain a déclaré lors de son allocution que le rêve d’une Afrique libérée était devenu réalité, excepté au Sahara occidental, provoquant certainement l’ire du Maroc (toujours exclu de l'UA à ce moment-Ndlr) et de ses soutiens.
- Car les États africains modernes ne sont pas nés en 1960. Ils ont commencé avec la conquête européenne. Trois ou quatre générations d’Africains ont vécu sous le même régime colonial. Ils ont appris à vivre ensemble et à composer avec leurs colonisateurs respectifs. L’État national africain contemporain est aujourd’hui une réalité de plus d’un siècle au moins, réalité absolument irréversible et, en tous cas, l’OUA (Organisation de l’unité africaine, aujourd’hui Union africaine) a eu raison de décider de maintenir ces frontières coloniales. Non qu’elles soient bonnes : mais le mal était fait depuis déjà plusieurs générations.
L’Érythrée en est la démonstration a posteriori. L’Érythrée a reçu ce nom des Italiens quand ils l’eurent colonisée à partir de 1890. Il s’agissait d’une province éthiopienne du Nord, redoutée par le pouvoir éthiopien qui avait créé une nouvelle dynastie impériale dans le Shoa, province centrale, alors que le nord avait toujours affirmé relever de la descendance du roi Salomon. Donc l’empereur d’Éthiopie, en cédant l’Érythrée à l’Italie, pensa faire coup double en se débarrassant à la fois d’un concurrent gênant et en évitant, croyait-il, que les Italiens ne prétendissent aussi conquérir le reste de son empire. Il n’évita rien du tout, sauf que l’armée éthiopienne remporta en 1896 la fameuse bataille d’Adoua qui assura l’indépendance de l’Éthiopie, la seule du genre en Afrique.
Mais l’Érythrée, colonie italienne depuis 1890, fut occupée par les Anglais en 1940 lors de la Deuxième Guerre mondiale. En vingt ans, les Britanniques contribuèrent à son industrialisation portuaire. Si bien qu’en 1953, quand ils décidèrent de « rendre » l’Érythrée à l’Éthiopie, qui était restée un empire autocratique et fermé, les Érythréens, qui avaient développé de leur côté un nationalisme régional, ne l’ont jamais accepté. Ces réticences firent traîner la réalisation de cette restitution jusqu’en 1960. C’est la démonstration de l’essor d’un sentiment national – en partie préexistant dans l’ancien système impérial – développé tout au long de la période coloniale et forgé, au niveau de la société civile, en continuité depuis lors.
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