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A Moscou, la Russie et l’Algérie renouvellent leur « partenariat stratégique »

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  • A Moscou, la Russie et l’Algérie renouvellent leur « partenariat stratégique »

    La visite d’Etat du président Tebboune visait à rassurer le Kremlin, alors que la guerre en Ukraine pourrait contraindre Alger à diversifier ses acquisitions militaires.

    Par Frédéric Bobin
    Publié aujourd’hui à 19h00, modifié à 19h00


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    https://www.lemonde.fr/afrique/artic...7821_3212.html


    Côte à côte face aux défis du monde. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a rencontré jeudi 15 juin son homologue russe, Vladimir Poutine, lors d’une visite d’Etat à Moscou mise en scène pour projeter l’image d’une Russie toujours courtisée par les pays du Sud et celle d’une Algérie à l’offensive diplomatique. Les deux chefs d’Etat ont signé une « déclaration sur un partenariat stratégique approfondi », renouvelant ainsi un document du même type paraphé en 2001. Outre le secteur des hydrocarbures, le renforcement de la coopération portera sur le domaine militaire, selon l’agence Tass qui mentionne des manoeuvres conjointes, des transferts de technologies et des coproductions.


    La presse algérienne avait annoncé le déplacement du président Tebboune avec emphase, l’agence officielle Algérie presse service (APS) louant des « relations exceptionnelles fondées sur l’amitié ». Alors que la Russie, qui accueille au même moment le Forum économique de Saint-Petersbourg, tient à compter ses amis et dissiper toute impression d’isolement sur la scène internationale, l’ombre de la guerre en Ukraine plane sur cette visite.




    Depuis l’éclatement du conflit, en février 2022, l’Algérie n’a cessé de ménager Moscou en s’abstenant lors des différents votes de résolutions des Nations unies dénonçant « l’agression » russe. Certes, la relation stratégique n’est pas sans nuages, ainsi que l’illustrent les critiques adressées par M. Tebboune contre l’action de la compagnie de sécurité privée Wagner au Mali. Le coût de cette présence, avait-il déclaré fin décembre au Figaro, « serait plus utile » au service du « développement du Sahel ».

    Mais les réserves d’Alger vis-à-vis d’entités militaires non étatiques – M. Tebboune avait également dénoncé en janvier 2020 le rôle de « mercenaires » (sous-entendant ceux de Wagner mais sans les citer) ciblant à l’époque la capitale libyenne, Tripoli – n’ont toutefois pas perturbé outre mesure la coopération sécuritaire.


    Lune de miel


    L’Armée nationale populaire (ANP) algérienne, dont des générations de cadres ont été formées après 1962 dans les académies soviétiques, s’est procuré à Moscou 73 % de ses acquisitions d’armes à l’étranger entre 2018 et 2022, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Et à l’heure où Alger intensifie son effort de modernisation militaire – avec un budget de 2023 propulsé à 23 milliards de dollars, en augmentation de 120 % par rapport à 2022 –, ses regards vont de nouveau se tourner vers la Russie.


    Mais l’enlisement des troupes de Moscou en Ukraine et son impact sur l’industrie de défense russe bouleversent la donne. « Il est fort probable que les Russes n’ont pas la capacité de fournir les armes souhaitées par les Algériens, souligne Isabelle Werenfels, spécialiste du Maghreb à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP), basé à Berlin. Et hors de la Russie, il n’y a que les Européens, les Chinois, un peu la Turquie et peut-être l’Inde qui peuvent les leur fournir. »

    Parmi les Européens, si toute transaction avec la France – qui répond déjà à 5,2 % des besoins d’armements algériens – est politiquement délicate, l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-uni peuvent être des fournisseurs potentiels.

    Un autre terrain où l’Algérie peut voir sa relation avec l’Europe se densifier au risque de troubler Moscou est celui de l’énergie. La question a gagné en urgence alors que les Européens cherchent des alternatives au gaz russe sur fond de guerre en Ukraine. Aujourd’hui source de 11 % des importations de gaz de l’Europe, l’Algérie est vouée à étoffer à terme son statut de fournisseur du Vieux Continent, même si sa capacité à relever dans l’immédiat son niveau d’exportation est limitée.



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    https://www.lemonde.fr/afrique/artic...7821_3212.html


    Avec l’Italie, en pleine lune de miel diplomatique avec Alger, les projets se multiplient via notamment des gazoducs reliant les deux pays. L’Allemagne, pour sa part, se prépare à importer de l’hydrogène vert à partir de l’Algérie.


    Objectif Brics


    Dans ce contexte, la visite de M. Tebboune a Moscou vise à « rassurer les Russes, à leur faire savoir que l’Algérie est encore là », observe Mme Werenfels : « Cette visite ne signifie pas que l’Algérie bascule dans le camp de la Russie. Elle permet avant tout aux Algériens de contrebalancer ce qu’ils entreprennent dans d’autres domaines. Leur message est : “Nous avons toutes les options”. »

    Cette visite survient en outre à un moment clé de l’évolution de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. L’émergence d’un nouveau pôle de développement autour des ambitions économiques de l’Arabie saoudite suscite en effet des interrogations inquiètes en Algérie. « L’implication du Maghreb dans ce projet ambitieux ne semble aucunement à l’ordre du jour, écrivait le 6 juin le quotidien algérien L’Expression. […] Autant dire que [les pays maghrébins] sont tout bonnement sommés de se mettre à niveau s’ils ne veulent pas être marginalisés. »



    Aussi l’Algérie, confrontée depuis 2021 à la dégradation de sa relation avec le Maroc – qui plombe tout espoir de dynamique économique au Maghreb – et plus récemment à un refroidissement de ses rapports avec l’Arabie saoudite, doit-elle se trouver de nouvelles marges de manœuvre.



    Sa campagne visant à rejoindre le forum des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) trouve là tout son sens. La Russie soutient sa candidature. D’où l’importance de la présence, jeudi, de M. Tebboune à Moscou au côté de M. Poutine, ainsi que vendredi au forum de Saint-Persbourg pour y vendre l’image d’une Algérie présentée comme riche en nouvelles opportunités d’investissements à travers ses projets de diversification hors hydrocarbures. « L’Algérie connaît une renaissance économique sans précédent », a lyriquement lancé, mercredi, M. Tebboune à des hommes d’affaires russes.


    Frédéric Bobin

    Le monde
    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

  • #2
    Très bonne analyse de la visite du chef de l’état par le monde
    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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