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Malheureusement et très malheureusement, l'agression russe contre l'Ukraine n'est pas perçue de la même manière que nous qui vivons en Occident démocratique. La position neutre du continent africain d'égard à l'invasion russe est d'autant plus choquante que ce continent avait dû lutter pour s'affranchir de ses colons.
Désolant.
- Q. D’où vient ce sentiment anti-français répandu ? Sommes-nous face à une génération qui ose revoir sa façon de se rapporter au monde ?
Un. C’est ce que j’appelle « les gens sauvages des réseaux sociaux », des jeunes qui ne lisent pas les journaux, ne connaissent pas le New York Times ou Le Monde, et ne se rapportent qu’entre eux. C’est des centaines de milliers, c’est un effet énorme. Dès 1956, [le penseur] Aimé Césaire disait que l’Occident était condamné parce qu’il mentait et que les peuples qu’il a subjugués le savent. La Libye, la guerre en Irak, le chaos en Syrie... tout cela a affaibli l’Occident, l’a affaibli. Il a déjà perdu l’Asie et l’Amérique latine et maintenant il perd l’Afrique. Je ne sais pas si ce sera dans cinq ou 10 ans, mais le processus a commencé et est irréversible.
(...).
Q. L’Occident reproche aux pays africains de rester neutres sur le conflit en Ukraine, de ne pas condamner la Russie. Dans le même temps, il y a une présence croissante des mercenaires du groupe Wagner sur le continent. La Russie prend-elle du poids en Afrique ?
Un. Nelson Mandela a dit un jour à un journaliste occidental : « Le problème avec vous, c’est que vous voulez que vos ennemis soient nécessairement les nôtres. » Quand les Occidentaux essaient de diaboliser la Russie en Afrique, ils oublient que dans notre mémoire collective des luttes de libération, ce sont les Russes qui étaient là.
El Pais.es (extraits)