En Algérie, le journaliste Ihsane El-Kadi, emblématique du combat pour la liberté d’expression, condamné à cinq ans de prison dont trois ferme
Le directeur de Radio M et du site d’information Maghreb Emergent était une des dernières voix médiatiques libres du pays.
Le journaliste algérien Ihsane El-Kadi a été condamné, dimanche 2 avril, à cinq ans de prison dont trois ferme par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Le verdict est proche du réquisitoire du parquet qui avait requis, le 26 mars dernier, une peine de cinq ans de prison ferme. La justice a également suivi les exigences du parquet en prononçant la dissolution de l’agence Interface Médias, éditrice de Radio M et du site d’information Maghreb Emergent, qui figurent parmi les derniers médias libres du pays, assortie d’une amende de 10 millions de dinars (environ 68 000 euros) et de la confiscation de tous les biens l’accusé.
Les avocats d’Ihsane El-Kadi avaient décidé de boycotter le procès, dénonçant des atteintes à la présomption d’innocence et soulignant que les conditions d’un procès équitable n’étaient pas réunies. Le 24 décembre 2022, l’arrestation nocturne d’Ihsane El-Kadi par les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et les violations délibérées de la procédure annonçaient une condamnation, selon eux.
Répression post-Hirak
Journaliste emblématique du combat pour la liberté d’expression, Ihsane El-Kadi a tenu tête aux autorités en refusant de céder à la peur face à la contre-offensive répressive qui s’est abattue sur les acteurs du Hirak. Il était poursuivi pour « réception de fonds de l’étranger à des fins de propagande » et « pour [avoir] accompli des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité et au fonctionnement normal des institutions ».
Selon ses avocats, l’accusation de réception de fonds de l’étranger n’est étayée par aucune preuve dans le dossier. Mᵉ Zoubida Assoul a révélé que l’accusation ne s’appuie que sur une somme de 25 000 livres sterling (28 000 euros) envoyés en plusieurs fois par sa fille Tin Hinan El-Kadi qui réside au Royaume-Uni. Cette dernière, actionnaire d’Interface Médias, a envoyé cet argent pour permettre le paiement des salaires des journalistes et des employés d’Interface Médias dont les comptes étaient bloqués, explique la défense.
Accusé d’être un « indic » par le président
Selon les avocats d’Ihsane El-Kadi, le réel objet du courroux des autorités est ailleurs. D’une part, dans un article dans lequel le journaliste s’interrogeait sur l’attitude du haut commandement de l’armée face à un éventuel deuxième mandat du chef d’Etat Abdelmadjid Tebboune, élu fin 2019. D’autre part, dans un tweet dans lequel le patron de presse contestait le fait que 20 milliards de dollars (environ 18,5 milliards d’euros) avaient été récupérés auprès des oligarques du clan de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
Le sort du journaliste est apparu scellé dès le 24 février 2023, lorsque M. Tebboune l’a accusé au cours d’un entretien à la télévision nationale, d’être un « khabardji », un terme infamant signifiant « indic » ou informateur de puissances étrangères. Au cours de cette même émission, le président algérien a confirmé qu’il était à l’origine de la fermeture et de la mise sous scellés de Radio M et Maghreb Emergent.
Au cours de son procès, Ihsane El-Kadi a déclaré à la juge : « J’ai rêvé avoir porté plainte contre le président de la République pour diffamation et avoir gagné mon procès. » Le rêve du journaliste n’est pas près de se réaliser.
Le directeur de Radio M et du site d’information Maghreb Emergent était une des dernières voix médiatiques libres du pays.
Le journaliste algérien Ihsane El-Kadi a été condamné, dimanche 2 avril, à cinq ans de prison dont trois ferme par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Le verdict est proche du réquisitoire du parquet qui avait requis, le 26 mars dernier, une peine de cinq ans de prison ferme. La justice a également suivi les exigences du parquet en prononçant la dissolution de l’agence Interface Médias, éditrice de Radio M et du site d’information Maghreb Emergent, qui figurent parmi les derniers médias libres du pays, assortie d’une amende de 10 millions de dinars (environ 68 000 euros) et de la confiscation de tous les biens l’accusé.
Les avocats d’Ihsane El-Kadi avaient décidé de boycotter le procès, dénonçant des atteintes à la présomption d’innocence et soulignant que les conditions d’un procès équitable n’étaient pas réunies. Le 24 décembre 2022, l’arrestation nocturne d’Ihsane El-Kadi par les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et les violations délibérées de la procédure annonçaient une condamnation, selon eux.
Répression post-Hirak
Journaliste emblématique du combat pour la liberté d’expression, Ihsane El-Kadi a tenu tête aux autorités en refusant de céder à la peur face à la contre-offensive répressive qui s’est abattue sur les acteurs du Hirak. Il était poursuivi pour « réception de fonds de l’étranger à des fins de propagande » et « pour [avoir] accompli des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité et au fonctionnement normal des institutions ».
Selon ses avocats, l’accusation de réception de fonds de l’étranger n’est étayée par aucune preuve dans le dossier. Mᵉ Zoubida Assoul a révélé que l’accusation ne s’appuie que sur une somme de 25 000 livres sterling (28 000 euros) envoyés en plusieurs fois par sa fille Tin Hinan El-Kadi qui réside au Royaume-Uni. Cette dernière, actionnaire d’Interface Médias, a envoyé cet argent pour permettre le paiement des salaires des journalistes et des employés d’Interface Médias dont les comptes étaient bloqués, explique la défense.
Accusé d’être un « indic » par le président
Selon les avocats d’Ihsane El-Kadi, le réel objet du courroux des autorités est ailleurs. D’une part, dans un article dans lequel le journaliste s’interrogeait sur l’attitude du haut commandement de l’armée face à un éventuel deuxième mandat du chef d’Etat Abdelmadjid Tebboune, élu fin 2019. D’autre part, dans un tweet dans lequel le patron de presse contestait le fait que 20 milliards de dollars (environ 18,5 milliards d’euros) avaient été récupérés auprès des oligarques du clan de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
Le sort du journaliste est apparu scellé dès le 24 février 2023, lorsque M. Tebboune l’a accusé au cours d’un entretien à la télévision nationale, d’être un « khabardji », un terme infamant signifiant « indic » ou informateur de puissances étrangères. Au cours de cette même émission, le président algérien a confirmé qu’il était à l’origine de la fermeture et de la mise sous scellés de Radio M et Maghreb Emergent.
Au cours de son procès, Ihsane El-Kadi a déclaré à la juge : « J’ai rêvé avoir porté plainte contre le président de la République pour diffamation et avoir gagné mon procès. » Le rêve du journaliste n’est pas près de se réaliser.
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