Dans une vidéo diffusée mercredi par les réseaux de l'opposant Alexeï Navalny, un responsable du groupe Wagner, une milice paramilitaire russe s'adresse à des détenus dans une colonie pénitentiaire russe. Son objectif, les recruter pour qu'ils aillent combattre en Ukraine.
C'est un document qui montre le lien fort qui existe entre le groupe paramilitaire Wagner et Moscou, toujours démenti par le gouvernement russe. Dans une vidéo sortie mercredi, relayée notamment sur les réseaux sociaux de l'opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, et que nous avons pu traduire, on voit un responsable de la milice privée s'adresser à des prisonniers russes en uniforme.
Recruter pour renforcer les effectifs russes en Ukraine
La scène se déroule dans la cour d’un centre pénitentiaire russe, à 800 km à l'est de Moscou. Evgeny Prigojine s'adresse à plusieurs dizaines de détenus en uniforme. D'un ton autoritaire, il se présente comme le représentant d'une société militaire privée : « Vous devez avoir entendu le nom du Groupe Wagner », dit-il.
La mission d’Evgueni Prigojine est claire : recruter. "De qui avons-nous besoin ? Nous n'avons besoin que de troupes d’assaut, des pelotons de troupes d'appui-feu et d'autres unités qui s’engagent au front. Il faut avoir au minimum 22 ans et au maximum 50 ans pour nous rejoindre."
Les conditions peuvent toutefois être assouplies, précise-t-il. "Si vous êtes plus jeune, vous devez obtenir la permission de vos proches. Dans tous les cas, nous vous soumettrons à des tests physiques élémentaires. Car la forme physique est essentielle".
Interdiction de déserter
La sélection demeure donc sommaire, mais certains principes sont à respecter, et notamment l'interdiction de fuir devant l'ennemi. "Lorsque vous serez formé, on vous dira comment vous comporter [si vous êtes acculé]. Vous recevrez deux grenades pour éviter d’avoir à le faire. Le deuxième interdit, c’est l'alcool et la drogue sur le terrain, pendant les six mois où vous serez dans nos rangs. Et le troisième interdit, c’est le pillage. Cela inclut les contacts sexuels avec des femmes locales, des animaux, des hommes, n'importe qui."
Pour galvaniser les troupes, le paramilitaire raconte : "Les premiers prisonniers – 40 détenus de Saint-Pétersbourg, des récidivistes en régime "sévère" – ont combattu à mes côtés le 1er juin [2022]. Ils ont pris d'assaut la centrale électrique d'Uglegorsk [dans la région de Donestk]. Ils ont pénétré dans les tranchées de l'ennemi, ils l’ont massacré. Résultat, trois morts, sept blessés."
"Cette guerre est dure, ce n'est pas le "conflit tchétchène"
Toujours dans la même séquence, le recruteur prévient : "Cette guerre est dure. Cela ne ressemble pas beaucoup au conflit tchétchène. [En Ukraine], chaque jour, on utilise environ 2,5 fois plus de munitions qu’à Stalingrad. Ceux qui avancent, les plus courageux, ont plus de chances de survie. Les autres, ceux qui se retirent, ceux qui ne savent pas quoi faire, tombent dans le piège et sont tués."
En cas de mort au combat, Evgeny Prigojine évoque le "dispositif" prévu. "Si vous mourez au front, votre corps est emmené là où vous l’avez demandé dans votre testament, chez des proches, là où vous le souhaitez. [Si vous survivez] aux six mois d’engagement, vous êtes gracié et vous rentrez chez vous. Ceux qui veulent rester avec nous peuvent le faire."
Mourir, finalement, reste donc une issue probable, indique le responsable de Wagner. "Mais vous connaissez une autre solution pour quitter cette colonie pénitentiaire ? Il n'y a que deux façon de le faire. Avec Allah ou Dieu, dans un cercueil, ou avec moi, qui vous emmène sur pied – même si vous ne reviendrez pas toujours vivant. Vous avez cinq minutes pour vous décider", conclut-il.
Une vidéo authentifiée
Le service de presse de la société Concord, dirigée par Evgeny Prigojine, confirme l'authenticité du document. "La personne [que l’on voit] dans la vidéo [lui] ressemble beaucoup." A propos de son patron, Concord se félicite : " À en juger par sa rhétorique, il s'occupe en quelque sorte de la mise en œuvre des missions de l'opération spéciale, et il semble qu'il le fasse avec succès."
A propos de son patron, Concord se félicite : "À en juger par sa rhétorique, il s'occupe en quelque sorte de la mise en œuvre des missions de l'opération spéciale, et il semble qu'il le fasse avec succès."
Ce document est révélateur des liens qui existent entre le Kremlin et le groupe Wagner. Le gouvernement russe, qui a toujours nié avoir le moindre lien avec le groupe paramilitaire à l’œuvre en Afrique et en Ukraine.
Source : France Inter - 15/09/2022
C'est un document qui montre le lien fort qui existe entre le groupe paramilitaire Wagner et Moscou, toujours démenti par le gouvernement russe. Dans une vidéo sortie mercredi, relayée notamment sur les réseaux sociaux de l'opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, et que nous avons pu traduire, on voit un responsable de la milice privée s'adresser à des prisonniers russes en uniforme.
Recruter pour renforcer les effectifs russes en Ukraine
La scène se déroule dans la cour d’un centre pénitentiaire russe, à 800 km à l'est de Moscou. Evgeny Prigojine s'adresse à plusieurs dizaines de détenus en uniforme. D'un ton autoritaire, il se présente comme le représentant d'une société militaire privée : « Vous devez avoir entendu le nom du Groupe Wagner », dit-il.
La mission d’Evgueni Prigojine est claire : recruter. "De qui avons-nous besoin ? Nous n'avons besoin que de troupes d’assaut, des pelotons de troupes d'appui-feu et d'autres unités qui s’engagent au front. Il faut avoir au minimum 22 ans et au maximum 50 ans pour nous rejoindre."
Les conditions peuvent toutefois être assouplies, précise-t-il. "Si vous êtes plus jeune, vous devez obtenir la permission de vos proches. Dans tous les cas, nous vous soumettrons à des tests physiques élémentaires. Car la forme physique est essentielle".
Interdiction de déserter
La sélection demeure donc sommaire, mais certains principes sont à respecter, et notamment l'interdiction de fuir devant l'ennemi. "Lorsque vous serez formé, on vous dira comment vous comporter [si vous êtes acculé]. Vous recevrez deux grenades pour éviter d’avoir à le faire. Le deuxième interdit, c’est l'alcool et la drogue sur le terrain, pendant les six mois où vous serez dans nos rangs. Et le troisième interdit, c’est le pillage. Cela inclut les contacts sexuels avec des femmes locales, des animaux, des hommes, n'importe qui."
Pour galvaniser les troupes, le paramilitaire raconte : "Les premiers prisonniers – 40 détenus de Saint-Pétersbourg, des récidivistes en régime "sévère" – ont combattu à mes côtés le 1er juin [2022]. Ils ont pris d'assaut la centrale électrique d'Uglegorsk [dans la région de Donestk]. Ils ont pénétré dans les tranchées de l'ennemi, ils l’ont massacré. Résultat, trois morts, sept blessés."
"Cette guerre est dure, ce n'est pas le "conflit tchétchène"
Toujours dans la même séquence, le recruteur prévient : "Cette guerre est dure. Cela ne ressemble pas beaucoup au conflit tchétchène. [En Ukraine], chaque jour, on utilise environ 2,5 fois plus de munitions qu’à Stalingrad. Ceux qui avancent, les plus courageux, ont plus de chances de survie. Les autres, ceux qui se retirent, ceux qui ne savent pas quoi faire, tombent dans le piège et sont tués."
En cas de mort au combat, Evgeny Prigojine évoque le "dispositif" prévu. "Si vous mourez au front, votre corps est emmené là où vous l’avez demandé dans votre testament, chez des proches, là où vous le souhaitez. [Si vous survivez] aux six mois d’engagement, vous êtes gracié et vous rentrez chez vous. Ceux qui veulent rester avec nous peuvent le faire."
Mourir, finalement, reste donc une issue probable, indique le responsable de Wagner. "Mais vous connaissez une autre solution pour quitter cette colonie pénitentiaire ? Il n'y a que deux façon de le faire. Avec Allah ou Dieu, dans un cercueil, ou avec moi, qui vous emmène sur pied – même si vous ne reviendrez pas toujours vivant. Vous avez cinq minutes pour vous décider", conclut-il.
Une vidéo authentifiée
Le service de presse de la société Concord, dirigée par Evgeny Prigojine, confirme l'authenticité du document. "La personne [que l’on voit] dans la vidéo [lui] ressemble beaucoup." A propos de son patron, Concord se félicite : " À en juger par sa rhétorique, il s'occupe en quelque sorte de la mise en œuvre des missions de l'opération spéciale, et il semble qu'il le fasse avec succès."
A propos de son patron, Concord se félicite : "À en juger par sa rhétorique, il s'occupe en quelque sorte de la mise en œuvre des missions de l'opération spéciale, et il semble qu'il le fasse avec succès."
Ce document est révélateur des liens qui existent entre le Kremlin et le groupe Wagner. Le gouvernement russe, qui a toujours nié avoir le moindre lien avec le groupe paramilitaire à l’œuvre en Afrique et en Ukraine.
Source : France Inter - 15/09/2022
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