
Bagdad (Irak), lundi. Des manifestants sont rentrés de force dans un bâtiment officiel. AFP/Ahmad Al-Rubaye
Les protestataires sont des sympathisants du chef religieux chiite Moqtada Sadr, qui a annoncé sa mise en retrait de la vie politique tôt ce lundi.
Des dizaines de manifestants ont pénétré ce lundi à Bagdad dans le palais de la République, exprimant leur colère après que le leader chiite irakien Moqtada Sadr a annoncé son « retrait » de la politique.
Les sympathisants du chef religieux et politique « sont entrés dans le palais de la République », un bâtiment d’apparat situé dans l’ultra-sécurisée Zone Verte dont les entrées ont été fermées. Dans la capitale, plusieurs milliers de sadristes se sont dirigés vers cette enceinte du centre-ville, où le président reçoit habituellement des hôtes de marque.
Dans la foulée, l’armée a décrété un couvre-feu dans la ville à partir de 15h30, soit 14h30 heure de Paris. Le « couvre-feu complet dans la capitale Bagdad concerne tous les véhicules et tous les citoyens », a indiqué le Commandement des Opérations conjointes.
Incertitude politique depuis près d’un an
Dans la matinée, Moqtada Sadr a donné les raisons de sa mise en retrait. « J’avais décidé de ne pas m’immiscer dans les affaires politiques. J’annonce donc maintenant mon retrait définitif. » Il a également annoncé la fermeture des institutions liées à son nom et à sa famille, « à l’exception du Mausolée sacré (NDLR : de son père Mohammed Sadr mort en 1999), du Musée d’honneur et de l’Autorité du patrimoine Al-Sadr ».
Le leader chiite est l’un des poids lourds de la politique irakienne qui peuvent envenimer la crise ou sortir le pays de l’ornière dans laquelle il est embourbé depuis les élections législatives d’octobre 2021. L’Irak n’a toujours pas de nouveau Premier ministre, ni de nouveau gouvernement, les forces chiites, dont celle de Moqtada Sadr, n’arrivant pas à se mettre d’accord sur leur mode de désignation. Son courant était arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329). Mais, incapable de former une majorité dans l’hémicycle, Moqtada Sadr a fait démissionner ses députés en juin.
Depuis des semaines, Moqtada Sadr réclame la dissolution du Parlement et de nouvelles législatives anticipées pour tenter de dénouer la crise. Plus généralement, il exige la « réforme » de fond en comble du système politique irakien et la fin de la « corruption ». Ses partisans occupent les abords du Parlement irakien à Bagdad depuis près d’un mois et, la semaine dernière, ils ont brièvement bloqué l’accès à la plus haute instance judiciaire du pays.
Le Parisien
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