Éditorial La razon
19-03-2022
Nous sommes confrontés à un tournant historique de la politique étrangère de l'Espagne face au conflit du Sahara qui non seulement provoquera des réactions de colère dans une partie de l'opinion publique espagnole, traditionnellement pro-sahraouie, mais qui pourrait sérieusement affecter nos relations avec l'Algérie, un pays que nous avons des accords énergétiques clés.
Et, malgré tout, force est de reconnaître qu'il s'agit là d'un changement de position réaliste qui, malgré toutes les difficultés, peut faciliter la sortie d'un conflit qui dure depuis près de cinq décennies, sans autre résultat que la souffrance des d'un côté la population sahraouie, confinée dans des camps de réfugiés dans le désert algérien, et dont les chances de renverser la situation politique et militaire de l'ancienne province espagnole sont pour le moins minces.
A n'en pas douter, le pas franchi par le Gouvernement, qui va au-delà des décisions de l'ONU, puisqu'il signifie la reconnaissance de facto de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, ouvrira un nouveau front de friction avec les partenaires de United We Can, qui soutient la tenue du référendum d'autodétermination, et il ne sera pas bien accueilli par certains secteurs de l'opposition, mais il est conforme à la position de Washington et des principales puissances européennes, dont l'Allemagne, qui, petit à petit, ont admis que la formule de large autonomie proposée par Rabat est la meilleure issue possible à la pagaille sahraouie. Que l'Espagne, en tant qu'ancienne puissance administrante, souscrive à la position marocaine, avec toutes les nuances que l'on peut désirer, peut favoriser un changement d'orientation au sein du comité de décolonisation des Nations unies.
Mais sans entrer dans des hypothèses sur l'avenir, la vérité est qu'une longue période de désaccord avec le Maroc a pris fin - qui a commencé, précisément, avec l'accueil clandestin du chef du Polisario, une erreur diplomatique majeure - qui a causé dommage grave à deux nations qui sont obligées, par l'histoire, la géographie et les intérêts communs, de se comprendre. En effet, les autorités du royaume alaouite, dont la fermeté et l'obstination à défendre sa souveraineté sur le Sahara ne font aucun doute, ont déjà annoncé la prochaine visite du ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, et une autre ultérieure du chef de l'exécutif lui-même espagnol, mettant ainsi fin aux tensions avec l'Espagne, ce qui reste une excellente nouvelle.
Enfin et surtout, il s'agit de rechercher le meilleur avenir pour le peuple sahraoui. Et d'un point de vue pragmatique, qui tient compte de la réalité des faits et non du volontarisme, l'articulation d'une large autonomie telle que celle proposée par Rabat nous semble être la meilleure alternative possible. L'autre est de continuer à condamner les générations successives de Sahraouis à vivre dans la misère des champs.
larazon
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