L'ambassadeur du Maroc revient tandis qu'Alger s'obstine à nier que l'Espagne l'ait prévenu du retournement de situation.
Publié le 21/03/2022 à 06:00
Une sortie de crise avec Rabat dix mois plus tard. "Le plan de Sánchez se déroule comme prévu", déclare le ministère des Affaires étrangères. L'ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, est rentrée samedi à Madrid après avoir été rappelée en toute hâte à Rabat pour des consultations en mai dernier, suite à la crise diplomatique liée à l'accueil en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, aggravée par l'entrée de milliers de migrants marocains à Ceuta. Le geste du Maroc est intervenu moins de 48 heures après que le Premier ministre Pedro Sánchez ait annoncé que l'Espagne changeait sa position historique sur le Sahara occidental en approuvant son plan d'autonomie comme une "base sérieuse et crédible".
Désormais, selon le département dirigé par José Manuel Albares, la diplomatie espagnole est confrontée à la deuxième partie du "plan" : apaiser la colère "attendue" de l'Algérie qui, suite au revirement de la position espagnole, a rappelé samedi son ambassadeur à Madrid, Said Musi, pour des consultations.
La décision de l'Algérie de retirer temporairement son plus haut représentant à Madrid n'a en aucun cas provoqué un tremblement de terre à Moncloa ou au ministère des affaires étrangères. Le gouvernement reconnaît qu'il ne savait pas quelle serait la "réaction exacte" du gouvernement algérien à la décision de Pedro Sánchez de reconnaître l'autorité de Rabat sur le Sahara Occidental, mais il s'attendait à une "réponse énergique" du gouvernement d'Abdelmayid Tebune. "Tout est dans le scénario", ont souligné samedi des sources diplomatiques.
Pas de surprise non plus - selon des sources du ministère espagnol des affaires étrangères - dans le démenti de la diplomatie algérienne au gouvernement espagnol dimanche, assurant que Madrid n'a prévenu Alger par aucun canal que le gouvernement Sánchez allait bénir vendredi le plan marocain d'autonomie pour le Sahara. "Il s'agit évidemment d'un mensonge enveloppé dans une ambiguïté intentionnelle pour tenter de calmer les inquiétudes légitimes soulevées par la classe politique espagnole", ont déclaré hier les sources diplomatiques algériennes consultées par le portail d'information national Tout sur L'Algérie (TSA), qui ont insisté sur le fait qu'"à aucun moment les autorités algériennes n'ont été informées de ce vil marchandage".
PAS DE RÉPONSE
Des mots durs qui resteront sans réponse de la part du gouvernement espagnol, qui maintenant, après avoir fermé la crise avec Rabat avec le retour de Benyaich, va se tourner vers l'apaisement de l'Algérie afin de réaliser le pari risqué de Sánchez, qui consiste à faire de l'Espagne la plaque tournante pour l'entrée de tout le gaz africain en Europe depuis le Maroc. Selon des hauts fonctionnaires du Palais de Santa Cruz, "tout est mesuré" avec l'Algérie, qui est toujours considérée comme un "partenaire fidèle" et qui était à tout moment au courant de cette manœuvre dont Abdelmayid Tebune n'était "pas ignorant". M. Sánchez s'est lui-même entretenu avec le président algérien le 6 mars, peu après que l'Espagne eut accédé à la demande du Maroc de l'aider à garantir sa sécurité énergétique en regazéifiant du gaz naturel liquéfié en Espagne, malgré le refus de l'Algérie de laisser un seul litre du gaz qu'elle envoie en Europe se retrouver entre les mains de son rival.
Le plan de M. Sánchez, qui remonte à l'été, consiste non seulement à calmer le jeu avec Alger, mais aussi à faire signer une "trêve" à l'Algérie et au Maroc. Une opération de rapprochement sur laquelle l'Espagne travaille depuis des semaines après qu'Alger a fermé en novembre le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui acheminait le gaz vers la péninsule ibérique via le Maroc, après que l'Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021.
diariodenavarra
El Gobierno se volcará en apaciguar a Argelia para completar la arriesgada apuesta de Sánchez
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