Les cent cinquante pages du rapport Stora sur la guerre d’Algérie et la colonisation éveillent un débat centré sur un seul aspect : la France doit-elle faire des excuses ?
Est-ce possible e comparer le Canada à la belliqueuse France. Pas sûr!
Celle-ci se fait par le récit, par la parole orale, et par la mise en présence des acteurs bientôt disparus de cette histoire qui est notre histoire. Encore une fois, la réponse française est uniquement verticale : on attend de la figure d’autorité - chef d’État, enseignant - que la vérité soit formulée. Et si cette vérité émanait d’un processus de participation démocratique ?
C’est le pari qu’a fait le Canada:
Entre 2007 et 2015, le gouvernement du Canada a consacré 72 millions de dollars à l’établissement de la Commission Réconciliation et Vérité.
Cette convention était l’un des outils mis en place par la Convention de Règlement relative aux pensionnats indiens , qui cherchait à guérir les séquelles laissées par l’expérience des pensionnats catholiques sur les autochtones. De telles commissions ont été mises en oeuvre dans une trentaine de pays notamment en Afrique et en Amérique latine.
Au Canada, 6500 témoignages ont été récoltés sur six années et sept événements nationaux ont été organisés dans différentes régions où les citoyens étaient invités à témoigner et à écouter.
Un moment de parole et d’écoute en présence physique, qui contraste à la fois avec la verticalité des discours politiques ou des enseignements, et avec la libération d’une parole par hashtags dans la solitude d’un écran. Au Canada, cette commission n’a pas tout changé, bien sûr, mais elle a considérablement aidé, et elle a établi un tout autre rapport entre les représentants et la population. Lors de la remise officielle du rapport final, le chef de l’État Justin Trudeau était présent, parmi tous les représentants des Premières Nations, écoutées pendant plus de trois heures.
Mediapart.fr
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