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France: « Un “bicot”, ça nage pas… ». L'inquiétant retour d'une insulte coloniale

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  • France: « Un “bicot”, ça nage pas… ». L'inquiétant retour d'une insulte coloniale

    Connaissiez-vous la provenance du terme raciste "bicot"?

    - Le 26 avril 2020, six policiers du commissariat d’Asnières se lancent à la poursuite d’un individu soupçonné d’avoir volé des matériaux dans un chantier. La poursuite amène poursuivi et poursuivants jusqu’à l’Île-Saint-Denis, dans le « 93 ». Là, l’individu, paniqué, se jette à la Seine. Il s’agit d’un homme d’origine égyptienne, Samir Elgendy. « Un bicot, ça nage pas », lâche l’un d’entre eux. Rires gras. « Ça coule », dit un autre. «T’aurais dû lui attacher un boulet au pied. » Une autre voix : « Il s’est jeté direct à la Seine, ce con. » Amené dans un fourgon, l’interpellé pousse des cris, probablement de douleur. Nouveaux rires des policiers.

    Nul ne peut contester que ces réflexions racistes et ces pratiques sont d’usage courant. Ce qui a fait de cette scène un moment emblématique a été l’enregistrement de ces propos – et des cris de l’interpellé – par des témoins des faits. « Tout est parfaitement audible, incontestable », écrit Le Parisien.
    (...).
    « Bicot », insulte reine durant un demi-siècle

    Ces mots ouvrirent une voie royale à bicot, par une pratique dite « aphérèse » (modification phonétique par la suppression de la première syllabe). Si l’on tentait de procéder à un palmarès – bien triste – des appellations racistes à l’encontre des Maghrébins, dans le passé, le mot bicot serait indéniablement dans le peloton de tête, d’abord en Algérie, puis dans les protectorats du Maghreb, enfin en métropole.

    Quand le mot apparaît-il dans la langue française ? Publiée en 2005, une étude par ailleurs fort bien informée se trompe de façon abyssale en écrivant : « “Bicot”, injure raciste éminemment méprisante imaginée pendant la guerre d’Algérie. » En fait, sa toute première utilisation orale, en Algérie même, doit être fort ancienne, peu de temps après la conquête, tant la tentation de raccourcir les mots est universelle.

    Les premières utilisations écrites que nous avons repérées figurent dans la presse française d’Algérie. Elles sont toutes racistes : « En procédant par analyse, vous avons trouvé bicot dans bourricot ; et maintenant en procédant par synthèse, avec des bicots nous ferons des bourricots »(L’Indépendant de Mostaganem, 10 août 1892)… « Il est urgent de rappeler les bicots à l’ordre et de leur prouver que, quoi qu’ils puissent dire, ils ne commandent pas » (L’Impartial, Djidjelli, 9 septembre 1894)… « Ces bicots, qui ne savent même ce qu’est le savon… » (La Gazette algérienne, 11 octobre 1899). Etc.

    Mediapart.fr

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