Au moins 31 migrants sont décédés mercredi dans le naufrage au large de calais, un drame aussi terrible qu'inédit, qui a suscité une onde de choc à Paris et Londres après plusieurs semaines de tension.
"La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière", a affirmé jeudi le président français Emmanuel Macron en annonçant la mort d'au moins 31 migrants dans ce que le Premier ministre Jean Castex a qualifié de "tragédie".
"Nous sommes tous émus par cette tragédie qui heurte chacun dans son intimité et dans ses valeurs", a également déclaré Emmanuel Macron, en exprimant sa "compassion" et le "soutien inconditionnel de la France" aux familles des victimes.
Réunion d'urgence
Le chef d'Etat a réclamé également "une réunion d'urgence des ministres européens concernés par le défi migratoire" et assuré que "tout sera mis en oeuvre pour retrouver et condamner les responsables" de ce naufrage.
ll met en cause les "réseaux de passeurs qui, en exploitant la misère et la détresse, mettent en danger des vies humaines et finalement déciment des familles". Quatre passeurs suspectés d'être "directement en lien" avec le naufrage ont par ailleurs été arrêtés, a affirmé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans la soirée.
Démanteler les réseaux de passeurs
"La France agit, en lien avec la Grande-Bretagne, pour démanteler les réseaux de passeurs" et "depuis le début de l'année, grâce à la mobilisation de 600 policiers et gendarmes, 1.552 passeurs ont été interpellés sur le littoral Nord et 44 réseaux de passeurs démantelés", a affirmé le président français, en ajoutant que "7.800 migrants ont été sauvés".
"Malgré cette action, 47.000 tentatives de traversées ont eu lieu depuis le 1er janvier", selon lui. "Si nous n'amplifions pas dès aujourd'hui nos efforts, d'autres tragédies se reproduiront", prévient-il. Pour cela, "nous devons accélérer le démantèlement des réseaux criminels en lien avec la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne".
Réaction de Boris Johnson
"Choqué, révolté et profondément attristé", le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré vouloir "faire plus" avec la France pour décourager les traversées illégales de la Manche.
"Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d'agir à la hauteur de la situation", a-t-il déclaré sur Sky News à l'issue d'une réunion de crise, pointant les désaccords franco-britanniques.
Après des semaines de tension sur la question migratoire, Londres et Paris avaient récemment convenus de renforcer leur coopération pour tenter de tarir ces départs après une montée de tension dans le sillage de l'arrivée le 11 novembre de 1.185 migrants sur les côtes anglaises, un record.
Enquête ouverte
Le parquet de Dunkerque a annoncé à l'AFP l'ouverture d'une enquête pour "aide à l'entrée au séjour irrégulier en bande organisée" et "homicide involontaire aggravé".
Le drame s'est déroulé sur un "long boat", un bateau gonflable fragile, dont le fond souple a tendance a se replier quand il prend l'eau et est surchargé, a-t-on appris auprès des sauveteurs.
L'utilisation de ces embarcations particulièrement dangereuses et de mauvaise qualité est de plus en plus fréquentes
Les tentatives de traversées migratoires de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, avait mis en garde vendredi dernier le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux.
Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7.800 migrants avaient été sauvées, avait-il affirmé. Une tendance, avait-il remarqué, qui n'a pas baissé malgré les températures hivernales.
Selon Londres 22.000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l'année.
source rftbf
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