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Une historienne censurée pour avoir jugé les propos de Macron sur l’Algérie.

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  • Une historienne censurée pour avoir jugé les propos de Macron sur l’Algérie.

    AlgeriePatriotique: octobre 11, 2021

    Par Houari A. –

    «Après m’avoir demandé un entretien sur les propos de Macron au sujet de l’histoire algérienne, il y a quelques jours, L’Express a fait le choix éditorial de ne pas le publier», a dénoncé l’historienne française Malika Rahal, spécialisée dans l’histoire de l’Algérie, dans un message posté sur sa page Facebook, auquel elle a adjoint l’interview intégrale censurée par le magazine dirigé par Alain Weill, mais dont elle affirme que «certains propos» n’avaient, déjà, à la base, «pas été retenus» par les journalistes qui l’ont interviewée, «notamment concernant la vision de café du commerce développée par Emmanuel Macron au sujet de l’histoire ottomane».

    «De façon générale, dans les échanges que j’ai eus avec les journalistes, notamment au sujet du 17 Octobre 1961, ils sont attachés à leur interprétation des faits en termes de mémoire – jamais de justice ou de processus de réconciliation, même lorsqu’on se demande ce que peut bien signifier cette réconciliation», explique la chargée de recherche à l’Institut d’histoire du temps présent, relevant du CNRS. Dans l’interview qui a fini dans un broyeur à papier, Malika Rahal a pointé les propos «très approximatifs» d’Emmanuel Macron sur l’histoire algérienne, lesquels «étaient destinés à provoquer». «Du point de vue des relations internationales, a-t-elle relevé, il est […] intéressant de noter qu’il y a actuellement un retour de l’Algérie à une politique étrangère ferme».

    Interrogé sur la question mémorielle, l’universitaire française née à Toulouse a répondu que «pour l’Algérie, il ne s’agit […] pas seulement d’une question mémorielle, mais aussi d’une question existentielle». L’Algérie, a-t-elle indiqué, «est née dans sa forme moderne, dans la lutte contre le colonialisme et a construit son identité, après l’indépendance de 1962, à travers le prisme de l’anticolonialisme et l’anti-impérialisme». «C’est donc dans son ADN, et c’est omniprésent à la fois dans la définition de l’Etat et dans les expériences des individus», a-t-elle ajouté, en estimant que, «sur ce point, c’est une différence importante avec la France, qui, notamment en raison de son passé, n’a jamais eu une position ferme pour condamner le colonialisme».

    «L’Algérie est un cas unique parmi les décolonisations : il n’existe pas d’autre décolonisation après une colonisation de peuplement aussi longue, avec un pourcentage aussi élevé de colons européens. Les territoires qui ont été colonisés durant des périodes plus longues et avec des pourcentages plus importants de populations européennes, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou la Nouvelle Calédonie, n’ont pas connu d’indépendance-décolonisation. L’Algérie incarne donc un cas limite d’une colonisation durable aux effets profonds dont on a pu revenir, et c’est une expérience constitutive pour le pays et ses habitants», a souligné l’auteure de Comment faire l’histoire de l’Algérie indépendante?

    Selon elle, bien que ce passé colonial occupe une place «écrasante» en Algérie, «on ne peut réduire cela à un utilitarisme de la mémoire à des fins politiques». «Cela reviendrait à nier, par exemple, la permanence de l’engagement de l’Algérie contre tout type de colonisation, d’impérialisme et d’intervention, notamment en matière de relations extérieures», a-t-elle renchéri, en ajoutant que «la référence à cette position anti-impérialiste n’est pas propre au pouvoir, mais elle est largement partagée», puisque le Hirak de 2019 «a, par exemple, révélé à quel point elle est populaire à travers ses slogans».

    Si Malika Rahal affirme ne pas penser que l’approche de réconciliation mémorielle initiée par Macron, notamment à travers le rapport Stora, soit un échec, elle n’en estime pas moins qu’«il ne peut y avoir de consensus sur la question de l’histoire que si les visions de la colonisation entre la France et l’Algérie sont un tant soit peu partagées». Ce qui n’est pas du tout le cas, d’autant, explique-t-elle, qu’«on a, sans doute, dès le début, mal défini cette réconciliation que l’on cherchait […] et les récentes déclarations d’Emmanuel Macron rendent cet objectif d’autant plus nébuleux». Des déclarations, a-t-elle conclu, qui «font courir le risque» que les gestes censés tendre à l’apaisement «soient considérés comme opportunistes et mêlés de considérations de politique extérieure». «En cela, c’est assez dommageable», a regretté l’historienne censurée.
    Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,
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