Par
Ali Oussi
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25 août 2021

Ali Lmrabet réagit à la rupture des relations entre Alger et Rabat : Le grand perdant sera le Maroc
Journaliste et ancien diplomate, Ali Lmrabet a réagit dans une très intéressante contribution à la décision prise par Alger de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc. Si le scénario de 1976 ne risque pas de se reproduire au lendemain de la légitime reconnaissance par Alger du Front Polisario, l’auteur de cette contribution ne s’attend pas moins à une poursuite de l’escalade et une sorte de politique du pire. Il en veut pour preuves que le Maroc semble avoir cherché de tous ce vœux cette coupure en multipliant les provocations et les agressions, dont les plus graves et les dernières sont le soutien du Maroc au MAK, organisation terroriste et séparatiste, et la sortie de Lapid depuis Casablanca. « L’incroyable impair commis par le ministre israélien des Affaires étrangères et futur Premier ministre, Yaïr Lapid, qui a critiqué ouvertement l’Algérie depuis Rabat, où il était en visite officielle, a fait sauter la poudrière. Une bien fâcheuse sortie israélienne qui n’a plu, évidemment, à personne au Maroc, mais dont on ne sait pas si elle a été expressément provoquée par la diplomatie marocaine, dont la ligne de conduite est chapeautée par le cabinet royal, ou simplement tolérée ». La messe est dite. Rabat devra désormais assumer les conséquences de ses actes. Ali Lmrabet, qui rappelle que la conduite des affaires étrangères est du ressort exclusif du roi, souligne donc en filigrane que ce dernier est un fieffé menteur quand il a osé prétendre dans son précédent discours que les attaques subies par Alger en 1993 ne relevaient pas de ses compétences, et qu’il n’en était pas responsable. Ali Lmrabet souligne également, on sans raisons d’ailleurs, que « La rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc arrive au pire moment pour Rabat. Les vents ne sont pas favorables au régime. Le palais royal et ses services secrets sont sortis affaiblis des multiples fronts qu’ils ont ouverts ces derniers mois ». Ali Lmrabet remue le couteau dans la plaie en rappelant toutes les erreurs diplomatiques commises auparavant, sans omettre le fait que le pire reste à venir : « Les violations systématiques des droits humains et les grossières accusations visant des journalistes indépendants ont donné une bien piètre image d’un Maroc allié et soutien de l’Occident. Les deux offensives diplomatiques contre l’Allemagne et l’Espagne ont tourné court. Berlin a résisté aux pressions de Rabat sur le conflit du Sahara occidental et refuse de faire pression sur sa magistrature pour que des poursuites criminelles soient engagées contre le Germano-Marocain Mohamed Hajib, bête noire des services secrets marocains ». Rabat, qui a joué les gros bras face plus fort qu’elle, a fini par se coucher discrètement. Exactement comme elle le fera face à Alger dans un avenir plus proche qu’on ne le croit. « Il y a quelques semaines, faute d’avancée dans les exigences marocaines, l’ambassadrice Zohour Alaoui, qui avait été rappelée à Rabat pour faire pression sur l’Allemagne, est rentrée bredouille à Berlin. Presque en catimini ». ce n’est pas tout, « Le bras de fer avec Madrid après l’hospitalisation du chef du Front Polisario Brahim Ghali en Espagne et le déferlement provoqué par Rabat de citoyens marocains sur Ceuta a aussi été remporté par l’Espagne ». La série de revers et de déconvenues s’enchaine à très grande vitesse pour Rabat. Que l’on en juge : « De l’autre côté de l’Atlantique, l’administration Biden, en dépit de gestes amicaux envers le Maroc, ne va pas ouvrir un consulat à Dakhla, comme cela avait été promis par Donald Trump, ni reconnaître explicitement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Récemment, le porte-parole du département d’État, Ned Price, s’est permis de tirer les oreilles aux autorités marocaines sur les déficiences en matière de liberté de la presse dans le royaume, citant nommément les cas des journalistes Omar Radi et Souleiman Raissouni, dont les procès ont été émaillés de telles irrégularités que même des médias marocains s’en sont fait l’écho. Plus grave encore, Rabat s’attend à un arrêt imminent de la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne) qui confirmerait définitivement, selon les avocats du Front Polisario, l’illégalité de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne. Et, pour ne rien arranger à tout ça, voilà que Mohamed VI a reflété l’image d’un roi en pleine décrépitude. « la santé du roi Mohammed VI inquiète. Lors de son discours du Trône fin juillet, qui a été prononcé avec une journée de retard, le souverain est apparu amaigri et très fatigué. La santé du roi Mohammed VI inquiète. Lors de son discours du Trône fin juillet, qui a été prononcé avec une journée de retard, le souverain est apparu amaigri et très fatigué. Quand l’hymne national a retenti, tout le monde s’est aperçu que Mohammed VI appuyait deux doigts de sa main droite sur son bureau. Probablement pour ne pas perdre l’équilibre. Pour son intervention télévisée du 20 août, le roi présentait le même visage harassé, les mêmes yeux exorbités. Des mots lui échappaient et à plusieurs reprises, il a dû s’y reprendre à deux fois pour terminer une phrase. Seule note positive, si les deux doigts salvateurs de sa main droite étaient là, toujours appuyés sur le bureau, il n’a pas eu à s’en servir. Ali Lmrabet ne laisse pas d’évoquer au passage la situation socioéconomique explosive qui prévaut au royaume chérifien. Prédation, corruption et injustice sociale n’y arrangent gère les choses. Sale temps pour Mohamed VI ! Vraiment…
Ali Oussi
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