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La junte birmane dictature obsédée par le culte du secret

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  • La junte birmane dictature obsédée par le culte du secret

    S'il ne reste pas dans l'Histoire comme le dernier chef d'une junte agonisante, incapable d'évolution, le général Than Shwe a déjà sa place au "panthéon" des despotes birmans comme l'homme qui a présidé, à la stupéfaction générale, au déménagement manu militari de la capitale de Rangoun à Naypyidaw - un trait que n'auraient pas renié les anciens rois du pays, brutaux et fantasques.

    Du jour au surlendemain, fin 2005, tous les fonctionnaires furent embarqués à bord de camions militaires à Rangoun, où siégeait le gouvernement depuis l'ère coloniale britannique, vers le nord jusqu'à Naypyidaw, bastion en béton au coeur de la jungle. Le bouche-à-oreille prêta à cette décision diverses interprétations : l'approche d'une catastrophe, prophétisée par quelque devin, ou le risque d'une invasion américaine.

    GUÉRILLAS ETHNIQUES


    La catastrophe annoncée prit la forme du typhon Nargis qui dévasta le delta de l'Irrawaddy, grenier à riz du pays, tuant une centaine de milliers de personnes - selon des estimations officieuses - et laissant près de 2 millions de sinistrés. L'"invasion" étrangère ne pouvait donc qu'être à craindre sous la forme de secouristes étrangers.

    Né en 1933 dans la région de Mandalay (centre), Than Shwe est le pur produit d'une décolonisation ratée qui a placé un pays mal stabilisé entre les mains d'une armée mal formée. Il incarne la junte plus encore qu'il ne la dirige.

    Le culte du secret dont lui et ses pairs s'entourent impose le conditionnel. Dès ses premières années actives, il "aurait" passé quelques années en soins psychiatriques post-traumatiques après des opérations militaires contre l'insurrection des Karen à partir de 1948 - l'année de l'indépendance. Il "aurait" servi par la suite dans le département de la "guerre psychologique" contre les diverses guérillas ethniques. Il suit une carrière logique dans une armée au pouvoir à partir du coup d'Etat de Ne Win, en 1962, et se retrouve à l'état-major et au ministère de la défense au milieu des années 1980.

    Entre-temps, la Birmanie a entrepris l'un des plus impressionnants surplaces du monde : fermeture quasi complète aux hommes, aux capitaux et surtout aux idées étrangères, "voie birmane vers le socialisme" qui appauvrit un pays pourtant doté d'abondantes ressources naturelles.

    L'armée se paie ainsi d'une énergie consacrée à tenter d'éradiquer une myriade d'insurrections ethniques nées du flou institutionnel laissé par Londres à son départ, les clés du pays ayant été confiées à la seule population de la plaine centrale, les Bamar.

    "DÉMOCRATIE DE DISCIPLINE"

    Une révolte générale contre la gabegie et la vie chère, en 1988, est réprimée dans le sang et mène à un coup d'Etat interne mené par le général Saw Maung. Celui-ci organise, en 1990, des élections que remporte l'opposition pro-démocratique, d'influence occidentale. L'armée annule le scrutin et annonce des plans sans échéances précises de transfert du pouvoir à des civils, selon des termes restrictifs destinés à tenir à distance la figure de proue de l'opposition, Aung San Suu Kyi.

    Than Shwe, un des 21 membres du cabinet de la junte, remplace Saw Maung lorsque celui-ci annonce en 1992 son retrait, officiellement pour raisons de santé mais peut-être par suite de désaccords au sein de la direction militaire. Il s'efforce d'abord d'apparaître sous un jour favorable en libérant des prisonniers politiques et, surtout, en ouvrant l'économie à un secteur privé embryonnaire, en toquant à la porte de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) et en se livrant à une énergique campagne anticorruption en haut lieu. Il met en route la rédaction - par des représentants choisis par les militaires - d'une Constitution visant à instaurer une "démocratie de discipline". Il n'en limoge pas moins un "numéro deux" peut-être trop "mou", Khin Nyunt, en 2004.

    PRATIQUES DIVINATOIRES

    L'ouverture de l'économie aux capitaux étrangers "amis" ne modifie guère les habitudes prédatrices de l'armée, qui contrôle les dividendes de la forêt tropicale, des pierres précieuses et des ressources en hydrocarbures offshore tandis que le niveau de vie de la population et les services publics chutent ou périclitent.

    Than Shwe, pour sa part, sacrifie à une communication minimale avec le pays, inspirant des rumeurs : recours aux pratiques divinatoires et références mystiques multiples puisées dans les légendes, considération limitée pour le reste de la planète, y compris les dirigeants de pays voisins qui tentent de le persuader d'assouplir son régime. Il passe en outre pour être en mauvaise santé, et a effectué des séjours en hôpital à Singapour, où nombre des hiérarques et sociétés qui leur sont liées ont leurs comptes bancaires.

    34 273 morts, dernier bilan officiel

    Le bilan du cyclone Nargis a été revu à la hausse, mardi, pour atteindre 34 273 morts et 27 836 disparus, a annoncé la radio d'Etat birmane. Le précédent bilan s'établissait lundi à 31 938 morts et 29 770 personnes disparues. Ces chiffres apparaissent toutefois loin des estimations des diplomates occidentaux et des Nations unies, qui évoquent plus de 100 000 morts. (– Avec AFP)

    Par le Monde
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