- 26 Mars 2021
- par Wissam El Bouzdaini
C’est pour le moins un camouflet que le mouvement séparatiste a essuyé de la part du président mauritanien, qui n’a accordé que peu d’égards à son émissaire, Bachir Mustapha Sayed.
Le Front Polisario cherche tant bien que mal à reprendre du terrain en Mauritanie, où depuis l’investiture de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à la présidence le mouvement séparatiste s’est vu distancier par le Maroc. Dans ce sens, il a dépêché dans la voisine du Sud son responsable des affaires politiques, Bachir Mustapha Sayed, qui n’est, soit dit en passant, que le frère de son fondateur, El Ouali Mustapha Sayed, afin de rencontrer M. El Ghazouani. Ce qu’il a fait ce mercredi 24 mars 2021, puisque le président mauritanien l’a reçu au palais présidentiel de Nouakchott pour une audience, mais non sans avoir ramé: c’est depuis le 19 mars 2021 que se trouvait, ainsi, M. Mustapha Sayed dans la capitale mauritanienne, et il semble que M. El Ghazouani ne tenait pas vraiment à s’entretenir avec lui. Mais ce dernier, ne voulant sans doute pas entrer en confrontation avec l’Algérie, principal soutien du Polisario, a fini par céder. La dépêche de l’Agence mauritanienne d’information (AMI) ayant fait état de l’entrevue a, en tout cas, été laconique, et à peine s’est-elle attardée sur le contenu de la lettre qu’a adressée à M. El Ghazouani, par le biais de M. Mustapha Sayed, le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, et où il est question “de l’évolution de la question sahraouie et des relations bilatérales”.
Retrait de la reconnaissance
Ce qui tranche notamment avec le traitement accordé à la visite de février 2020 du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Nouakchott, où en plus, pour l’accueillir, M. El Ghazouani avait à ses côtés son propre ministre des Affaires étrangères, Ismail Ould Cheikh Ahmed, et le directeur de son cabinet, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine: rien de cela, ceci dit, pour M. Mustapha Sayed. Il devient, pour ainsi dire, de plus en plus clair que M. El Ghazouani ne tient pas vraiment à poursuivre la politique de son prédécesseur, Mohamed Ould Abdel Aziz, hostile durant la majeure partie de son mandat au Maroc, mais plutôt de se rapprocher du Royaume et donc de prendre définitivement ses distances avec le Polisario et l’Algérie.
À cet égard, on peut renvoyer à la teneur de l’appel qu’avaient eu, le 21 novembre 2021, M. El Ghazouani avec le roi Mohammed VI, et où les deux chefs d’État avaient notamment “exprimé leur grande satisfaction du développement rapide que connaît la coopération bilatérale, ainsi que leur grande volonté de la consolider et la hisser à un niveau à même de permettre l’approfondissement de cette coopération entre les deux pays voisins, l’élargissement de ses perspectives et la diversification de ses domaines”. Et cela huit jours après l’intervention des Forces armées royales (FAR) dans la zone tampon de Guergarat pour déloger le Polisario de la frontière maroco-mauritanienne, ce qui revenait pratiquement de la part du président mauritanien à soutenir cette opération.
M. El Ghazouani était d’ailleurs, à cette occasion, invité par le Souverain à visiter le Maroc, “son deuxième pays”. Selon certains observateurs, M. El Ghazouani pourrait même prendre sur lui de retirer la reconnaissance par Nouakchott de la soi-disant “République arabe sahraouie démocratique” (RASD), intervenue début août 1979 sous pression de l’Algérie en même temps que la Mauritanie se retirait de Tiris El Gherbiyya, actuelle région de Oued ed-Dahab.
Maroc-hebdo
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